25_POS_23 - Postulat Céline Misiego et consorts au nom Nathalie Jaccard - Pour la réintroduction de l’ours en tant que régulateur naturel du loup (Développement et demande de prise en considération immédiate).

Séance du Grand Conseil du mardi 1er avril 2025, point 15 de l'ordre du jour

Texte déposé

Depuis des années, la question du loup anime nos débats et divise nos concitoyens. Faut-il le protéger ? Le réguler ? L’abattre ? À force de chercher des solutions, nous avons oublié une loi fondamentale de la nature : la chaîne alimentaire.
 

Car oui, si le loup pose problème, la solution est toute trouvée : réintroduisons l’ours ! Le loup mange le mouton, c’est un problème. Mais l’ours mange le loup, c’est une solution ! En réintroduisant l’ours, nous offrons à la nature la possibilité de s’auto-réguler, réduisant ainsi les coûts faramineux de la tentative de régulation du loup et promouvant un équilibre naturel.

 

L'ours amènera également d'autres atouts à notre Canton.


Un atout pour le tourisme
Actuellement, le loup fait peur. Mais qui ne rêverait pas d’un selfie avec un ours en liberté ? Les personnes amatrices de sensations fortes viendront des quatre coins du pays pour tenter l’expérience ultime de la randonnée : survivre à l’ours brun. Une manne touristique inexploitée !

Une réponse aux réticences des chasseurs et chasseuses
Certaines personnes regrettent de ne pas pouvoir réguler eux-mêmes le loup. Qu’à cela ne tienne, l’ours prendra le relais ! Plus gros, plus impressionnant, et surtout plus vorace, il rendra la traque du loup obsolète. Cerise sur le gâteau, l’ours ne demande aucune subvention pour accomplir sa mission.

Un boost pour la gastronomie locale
Après avoir effrayé les promeneurs et promeneuses et régulé les loups, l’ours pourra à son tour être régulé (en cas d’excès de zèle). Or, qui refuserait une bonne fondue à l’ours des Alpes ? Un nouveau label gastronomique en perspective, mettant en avant le terroir et l’esprit d’innovation de notre région.

 

Si le loup a su retrouver sa place dans nos forêts, pourquoi pas l’ours ? C’est une solution écologique, économique et divertissante.

Ainsi, pour un retour aux vraies valeurs de la nature et une gestion totalement naturelle de la faune, et en espérant que ce postulat ne soit pas enterré plus vite qu’un pique-nique dans un parc à ours,

 

ce postulat demande au Conseil d'Etat d'étudier l'opportunité de la réintroduction immédiate et massive de l’ours comme agent officiel de la régulation du loup.

 

Conclusion

Prise en considération immédiate

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Marc VuilleumierEP
Pierre FonjallazVER
Pierre ZwahlenVER
Joëlle MinacciEP
Elodie LopezEP
Yannick MauryVER
Felix StürnerVER
Valérie ZoncaVER
Nathalie VezVER
Théophile SchenkerVER
Sabine Glauser KrugVER
Nathalie JaccardVER
Cloé PointetV'L
Géraldine DubuisVER
Yolanda Müller ChablozVER
Didier LohriVER
Sylvie PodioVER
Claude Nicole GrinVER
Oleg GafnerVER
Rebecca JolyVER
Jean Valentin de SaussureVER
Kilian DugganVER
Vincent KellerEP

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Céline Misiego (EP) —

Depuis des années, la question du loup anime nos débats et nous divise. Faut-il le protéger, le réguler, l’abattre ? A force de chercher des solutions, nous avons bien une loi fondamentale de la nature : la chaîne alimentaire. Lorsque le loup mange le mouton, c’est un problème, mais lorsque l’ours mange le loup, c’est une solution. En réintroduisant l’ours, nous offrons à la nature la possibilité de s’autoréguler, réduisant ainsi les coûts faramineux de la tentative de régulation du loup et promouvant un équilibre naturel. Mais l’ours amènera également d’autres atouts à notre canton. Les personnes amatrices de sensations fortes viendront des quatre coins du pays pour tenter l’expérience ultime de la randonnée, survivre à l’ours – une manne touristique inexploitée. Certaines personnes regrettent de ne pas pouvoir réguler eux-mêmes le loup. Qu’à cela ne tienne, l’ours prendra le relais : plus gros, plus impressionnant et surtout plus vorace, il sera bien plus efficient. Et cerise sur le gâteau, l’ours ne demande aucune subvention pour accomplir sa mission, contrairement aux chasseurs et chasseuses. 

Après avoir effrayé les promeneurs et promeneuses et régulé le loup, l’ours pourra à son tour être régulé en cas d’excès de zèle. Or, qui refuserait une bonne fondue à l’ours des Alpes ? Un nouveau label gastronomique en perspective, mettant en avant le terroir et l’esprit d’innovation de notre région. Si le loup a su retrouver sa place dans nos forêts, pourquoi pas l’ours ? C’est une solution écologique, économique et divertissante. Enfin, contrairement à certains, nous aurons la décence de ne pas les enfermer dans une fosse.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Jacques-André Haury (V'L) —

A titre personnel, je soutiendrai cette excellente proposition – comme, par principe, je soutiens toujours les propositions qui viennent d’Ensemble à Gauche. (Rires.) Mais je vois quand même deux problèmes à cette proposition. Le premier, c’est que l’ours n’est pas un prédateur naturel du loup. Tout au plus, ces deux animaux se disputent au besoin la carcasse d’un animal victime de l’un des deux. Néanmoins, il s’agit peut-être d’un faux problème : il y a probablement moyen d’éduquer les ours à manger des loups. La question devrait être étudiée par la HEP, qui a inscrit dans son plan stratégique la promotion des pédagogies efficaces. 

De toute manière, cette motion devrait être traitée par un groupe interdépartemental transversal, réunissant bien sûr une délégation du département de M. Venizelos, de celui de M. Borloz, ainsi que de celui de Mme Dittli pour ses relations avec les milieux de l’agriculture et enfin de celui de Mme Moret pour ses dimensions économiques. De façon générale – mais c’est un avis personnel – je pense que compte tenu de la complexité des problèmes actuels, on ne devrait plus jamais traiter un objet sans d’abord constituer une très forte délégation transversale et interdépartementale, renforcée par une poignée d’experts externes.

Le second problème, c’est celui de la provenance des ours. A ma connaissance, la seule réserve suisse de plantigrades se trouve à Berne, dans sa célèbre fosse. Il sera donc sans doute aisé de faire venir une partie des ours de Berne dans nos forêts du Jura. Mais j’ai une crainte : sachant à quel point nos paysans et éleveurs vaudois redoutent la domination bernoise sous laquelle leurs ancêtres ont souffert, je crains que, assez rapidement, ces fiers Vaudois n’en viennent à prendre le parti du loup pour le défendre contre l’ours envahisseur bernois. Néanmoins, ces réserves trouveront très certainement une solution après plusieurs mois de travail acharné du groupe interdépartemental renforcé dont j’ai parlé.

M. Marc Morandi (PLR) —

Chère collègue, je vous remercie pour votre postulat. Bien que les lions du Lausanne Hockey Club (LHC) aient passé les quarts de finale « de Preux », votre demande de réintroduction immédiate de l’ours – effigie bernoise, s’il en est – dans les prairies vaudoises ressemble plus à une provocation hors période des transferts et pourrait fortement fâcher les dragons qui, cracheurs de feu, pourraient provoquer d’autres dégâts. Cela étant, à la suite de plusieurs discussions que nous avons eues et au classement de certains objets – notamment pour les chats et les oiseaux – et pour un soutien à une cause plus qu’animale, j’appuierai personnellement ce postulat pour un renvoi immédiat au Conseil d’Etat. 

Mme Carole Dubois (PLR) —

Enfin un sujet existentiel – au propre et au figuré ! Je déclare mes intérêts, je suis municipale de la commune du Chenit et députée de la Vallée de Joux, qui est – comme vous le savez toutes et tous – la région la plus colonisée par ces féroces canidés. J’ai deux ou trois remarques à formuler. Concernant l’agriculture, étant donné que les signataires de ce postulat ne nous ont pas tous consultés avant leur demande de prise en considération immédiate, je n’ai pas eu le temps de consulter les éleveurs pour savoir si les vaches craignent plus les ours que les loups. Je n’ai donc pas de réponse à vous donner à ce propos. 

J’aimerais également vous parler du tourisme 4 saisons. Vous savez sans doute que nos concitoyens nous réclament depuis longtemps de diversifier l’économie de la Vallée. Pour avoir un minime espoir que le tourisme vert supplante l’attractivité économique de l’horlogerie, il y a pas mal de boulot à faire. Or, comment voulez-vous que nous développions le tourisme 4 saisons avec l’introduction des ursidés ? Déjà que les Alpes vaudoises s’attribuent presque tout le budget du tourisme 4 saisons, ce sera encore plus compliqué pour la Vallée de Joux. (Rires.) Je vous le demande : que vont faire les touristes urbains, tous ces VTTistes, tous ces promeneurs de mignons toutous ? Ils ne pourront plus nous prodiguer de conseils sur la manière de protéger nos forêts. D’ailleurs, ils n’oseront plus venir. Et les skieurs ? Je le dis, parce que le président du Ski Club de la Vallée de Joux est à la tribune, les skieurs n’oseront plus arpenter les forêts de peur d’aller déranger une grosse bébête en hibernation – vous avouerez que c’est quand même assez dangereux. 

Dernière chose, les champignonneurs. Maintenant que les champignonneurs peuvent enfin aller faire leur cueillette tous les jours, pensez-vous vraiment qu’à l’automne, ils vont aller ramasser des bolets et risquer de se faire attaquer ? Je ne parle même pas des morilles qui se ramassent lorsque les ours sortent d’hibernation. 

Je terminerai en disant que c’est tout de même mal fait pour ces jolis loups, ces petits louveteaux adorables. Je vous pose une dernière question : la prochaine fois, allez-vous vouloir introduire des panthères ? Vous remarquerez que je me suis habillée aujourd’hui en conséquence. Finalement, est-ce que votre ultime objectif est d’éradiquer la population de la Vallée de Joux ? Chères et chers collègues, je vous demande – je vous supplie – de refuser la prise en considération de ce postulat. S’il vous plaît, ayez pitié des pauvres Combiers que nous sommes!

M. David Vogel (V'L) —

Je soutiens cette excellente proposition. J’ai peut-être une proposition à faire à M. Borloz – qui a le temps actuellement – vu qu’il s’occupe des finances et de l’école : il pourrait aussi s’occuper de l’ours à l’école. En l’occurrence, chacun sait que l’ours fait peur. Il faut éduquer la jeunesse – ou, comme diraient certains, rééduquer la jeunesse. J’ai une proposition à faire à M. Borloz : dans les cours de français, on pourrait peut-être faire lire aux enfants les aventures de Paddington – ce serait toujours mieux que la « Dark Romance » proposée par Mme Jaccard. 

Pour les films de fin d’année – vous savez, lorsque les profs ne savent plus quoi faire – on pourrait préparer la jeunesse à l’arrivée de l’ours en lui faisant visionner « Frère des ours » en 3 et 4P, puis « Paddington 2 » en 5 et 6P. Pour les plus grands, il y aurait « The Revenant » avec Di Caprio. La scène dans laquelle il terrasse un grizzli devrait plaire aux masculinistes. Je pense qu’il serait utile – pour les jeunes garçons en particulier – que les jeunes regardent ce genre de film éducatif. 

Pour les cours de musique, on pourrait éventuellement chanter le générique de « Bouba, le petit ourson » – une série de ma jeunesse que j’ai adorée : « Bouba, Bouba, mon petit ourson, tu roules et tu glisses sur la blanche blanche neige. Booba, Booba, fais bien attention de ne pas t’éloigner du chemin de ta maison. » Il s’agit d’une chanson encourageante, bienveillante, qui prévient par ailleurs des dangers de s’éloigner trop longtemps dans la forêt. J’encourage tout le monde à travailler sur ce sujet. Si M. Borloz pouvait me rendre réponse rapidement, cela me rassurerait. Je vous encourage bien sûr à accepter cet excellent projet du groupe Ensemble à Gauche.

M. Maurice Neyroud (PLR) —

Je déclare mes intérêts, je suis vigneron-encaveur – malheureusement récusé dans le cadre du PAC Lavaux. Ce projet me paraît intéressant et il permettrait, lors du deuxième débat, de reprendre la question des capites qui pourraient très bien servir d’abris pour ces magnifiques animaux. Je propose au Conseil de tenir compte de ces propos. (Rires.)

M. Vassilis Venizelos (C-DJES) — Conseiller-ère d’Etat

Le loup génère souvent des champs de tension importants. Il appelle aussi à la créativité. C’est d’ailleurs, selon les statistiques qui m’ont été transmises par le Bureau, votre thématique préférée compte tenu du nombre d’objets parlementaires déposés sur ce sujet. Pour rebondir sur les propos de M. Haury, on pourrait d’ailleurs se demander si, plutôt que de créer une task force, il ne faudrait pas plutôt créer une commission spécialisée sur la régulation du loup ou carrément nommer un Parlement en charge du loup, ou organiser des séances spécifiques sur le loup, voire encore de créer un quatrième pouvoir qui pourrait faire différentes propositions pour gérer le loup. 

J’apprécie beaucoup que l’on se préoccupe de cette thématique et je remercie madame la députée pour son postulat. J’apprécie aussi que l’on vienne avec des propositions qui nous permettront de gérer ce dossier épineux, mais je vais vous inviter à refuser ce postulat qui est une « schnaps idée ». En effet, il risque de relancer une course à l’armement dans le Jura. (Rires.) Il ne s’agirait plus de réguler une espèce, mais d’organiser notre territoire façon Hunger Games – si vous connaissez ce film. Madame la députée, quelle sera la prochaine étape ? Quand les ours seront trop nombreux, faudra-t-il faire revenir les gladiateurs romains, voire pire, les gladiateurs bernois ? Est-ce ce que vous voulez ? Après les gladiateurs, ce seront peut-être les T-Rex qui seront mobilisés sur notre territoire, histoire de transformer nos alpages en Jurassic Park. Si c’est votre intention, il faudra peut-être confier ce dossier à ma collègue Gorrite, qui pourra le traiter sous l’angle culturel, voire à Mme Moret, qui pourra le traiter sous l’angle économique… A moins que votre intention ne soit encore plus sournoise et que votre volonté soit de mettre en liberté le pire des prédateurs : l’homme contemporain. Bien entendu, tant que j’aurai la charge de la protection de la nature, il sera hors de question de lâcher l’homme contemporain dans la nature, sachant ce qu’il est capable de faire à son milieu. Je vous invite donc à classer ce postulat. (Applaudissements.)

Mme Céline Misiego (EP) —

Chers collègues, monsieur le conseiller d’Etat, j’aimerais sincèrement vous remercier pour votre sens de l’humour. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bon 1er avril et à retirer officiellement ce postulat. (Applaudissements.)

M. Didier Lohri (VER) —

J’émets le vœu que les députés qui se sentent attaqués par nos origines bernoises se réunissent dans un front de libération de l’ours, de manière que nous puissions débattre à nouveau du loup et des petites misères actuelles relatives au joug bernois.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close.

Le postulat est retiré.

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