21_RAP_42 - Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le Postulat Maurice Neyroud et consorts - Modification de la LADB pour que les vins vaudois soient mieux représentés dans la restauration. (21_POS_41).

Séance du Grand Conseil du mardi 18 mars 2025, point 34 de l'ordre du jour

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M. Jacques-André Haury (V'L) — Rapporteur-trice

La commission s'est réunie il y a un peu plus d'une année pour traiter de la réponse du Conseil d'Etat au postulat de notre collègue Neyroud. Ce dernier, s'inquiétant de la difficulté d'écoulement des vins vaudois, avait proposé que les restaurants soient contraints, dans le canton de Vaud, de servir 40 % de vins vaudois. L'inquiétude de M. Neyroud ne porte pas sur sa situation personnelle, mais sur le fait – dont nous ne sommes peut-être pas assez conscients – que si les vignerons, notamment en Lavaux, n’ont plus la capacité d'avoir une production qui leur permette de tourner, nous risquons de ne plus avoir de vignerons pour entretenir ce fameux patrimoine mondial que sont les vignes de Lavaux. Ainsi, il s’avère que la question de l'économie viticole est loin d'être simplement limitée aux revenus des vignerons. 

Toutefois, la proposition de M. le député Neyroud n'est pas compatible avec la législation fédérale puisqu’il s'agirait d'une restriction à la liberté de commerce. M. Neyroud n'a pas contesté le fait que sa proposition ne pouvait pas être appliquée. En revanche, il a salué, comme les autres membres de la commission, les divers efforts entrepris par le Conseil d'Etat depuis le dépôt de ce postulat, en 2020, pour la promotion des vins vaudois, notamment par la création de Lavaux Vinorama et d'une Maison des Vins de la Côte. 

Pour le reste, vous avez sans doute lu mon rapport : la commission unanime recommande au Grand Conseil d'accepter le rapport du Conseil d'Etat. 

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte. 

M. Maurice Neyroud (PLR) —

Je remercie la commission pour son travail et pour son rapport. Je précise effectivement que ma motion n'avait pas du tout pour but de favoriser les vins de Lavaux. La viticulture mondiale, suisse, mais en particulier vaudoise, connaît aujourd'hui des difficultés considérables ; c'est par conséquent à ce titre que j'ai déposé cette motion. Je l'ai déposée – pour être précis – il y aura 5 ans, dans une semaine. J'avais alors bien conscience que je m'attaquais à une liberté du commerce qui, il me faut bien l'avouer, m'est pourtant assez chère. Or, à l’époque je parvenais déjà à un constat qui est encore valable aujourd’hui : si certains restaurateurs font la part belle aux vins régionaux, beaucoup d'autres n'ont au contraire quasiment pas de vins suisses à la carte… bien que l’on comprenne hélas pourquoi. À l'heure où les circuits courts et les produits locaux sont prônés, ce constat est désarmant, voire carrément désolant, ce qui m'avait poussé à déposer cette motion qui fut transformée ensuite en postulat. 

Aujourd'hui, il faut bien le constater, depuis 2020 et le dépôt de cette motion, beaucoup de choses ont changé. De l'eau a coulé sous les ponts et du chasselas dans les gosiers ! Le Conseil d'Etat n'est pas resté inactif et a fait de gros efforts de soutien à la viticulture. J'en veux pour preuve le plan de relance et les efforts conjoints entre l'Office des vins vaudois, la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV), en collaboration avec Changins, GastroVaud, qui ont joué un rôle important et mis en place des cours de sensibilisation pour les restaurateurs. Je suis finalement le premier convaincu que la responsabilité appartient finalement aux consommateurs. C'est effectivement lui qui décide de choisir ce qu'il va mettre sur sa table en recevant ses invités. 

Par conséquent, il apparaît nécessaire et important de l'informer au mieux pour qu'il comprenne qu'il a toutes les cartes en main et que c'est à lui qu'incombe la responsabilité du choix final. Bien que convaincu que des améliorations sont toujours possibles, je ne peux qu'accepter la réponse du Conseil d'Etat. 

M. Pierre Fonjallaz (VER) —

Je déclare mes intérêts en tant que vigneron-encaveur et commissionnaire. Légalement, la proposition de M. Neyroud n'est pas possible, car elle relève de la politique économique fédérale, comme cela a été indiqué. J’en profite d'ailleurs pour remercier M. Neyroud de sa tentative pour soutenir une profession qui fait profondément partie de la culture de notre région, et ce, bien avant la création du canton. Cette profession – certes ancienne – a la particularité de s'insérer parfaitement bien dans la transition que nous devons opérer, même si elle doit sans doute aussi évoluer sur certains points. Il n'empêche que la production et la commercialisation se font sur place aux conditions vaudoises. La profession a d'ailleurs beaucoup évolué vers des pratiques plus durables et qualitatives. Malgré cette évolution positive, elle souffre d'une difficulté économique qui n'est clairement pas liée uniquement à la baisse de consommation, mais surtout à une concurrence déloyale des vins étrangers qui offrent de meilleures marges aux commerces, à la distribution. J'en suis moi-même étonné, mais je ne vois actuellement pas d'autre solution efficace qu'un retour à une forme de protectionnisme de notre patrimoine qui souffre de manière évidente de la mondialisation et de son libre marché. Je vous propose donc d'accepter ce rapport. 

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d'Etat est approuvé à l’unanimité.

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