22_REP_201 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil l'interpellation Marion Wahlen et consorts - Urgences médicales : à quand une vraie coordination pour répondre aux besoins ? (22_INT_132).

Séance du Grand Conseil du mardi 23 avril 2024, point 54 de l'ordre du jour

Document

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Marion Wahlen (PLR) —

Je remercie le Conseil d'Etat pour sa réponse et ses nombreux éléments détaillés en fonction du degré de gravité et d'urgence. Je prends aussi note qu'en 2022, face au nombre croissant de recours inappropriés aux services d'urgence, le département a décidé d'intensifier la communication vis-à-vis du public. Or, nonobstant les mesures prises, toute la population ne sait encore pas qu’il faut, en premier lieu, appeler son médecin traitant – d'ailleurs, de nombreuses personnes n'en ont pas, vu la pénurie actuelle – ou alors le service de garde, voire la pharmacie pour les cas légers. Lors d'une urgence, il faut tenir compte du stress de la personne et de ses proches, ce qui peut rendre difficile l'identification du degré de gravité, d'autant plus qu'il n'y a pas toujours un médecin de garde disponible. Relevons encore que si des initiés connaissent la Centrale téléphonique des médecins de garde (CTMG), ce n’est pas le cas d’une majorité de la population. Et quand il est dit dans la réponse que « les patients devraient ainsi systématiquement appeler la CTMG » encore faudrait-il qu'ils le sachent, et ce, d'autant plus que, comme on peut le lire en page 5, en réponse à la question 4 :« En situation d'urgence, le premier tri est fait par les patients eux-mêmes ». C’est une réponse théorique, mais elle n’est pas réaliste ! L'application Urgences Vaud n'est pas non plus connue de tous.

Si je salue le regroupement du N°144 Centrale des appels sanitaires urgents (CASU) et de la CTMG à Unisanté, il manque encore une communication récurrente à très large échelle vis-à-vis de la population, qui n'a souvent pas encore intégré les différentes possibilités à disposition et a toujours le réflexe d'aller directement dans les services d'urgence ou d'appeler l'ambulance. Les communiqués ne sont pas suffisants et une campagne d'information large, faite à intervalles réguliers, est nécessaire. Il faut absolument tenir compte de la réalité du terrain. Pour les professionnels, je relève la réponse à la question 3. Mon vœu est que ce soit régulièrement évalué afin que les informations soient toutes intégrées et appliquées de façon systématique. Une bonne communication et une coordination adéquate sont indispensables.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Blaise Vionnet (V'L) —

Etant acteur au sein du dispositif des urgences médicales en tant que médecin généraliste, je voudrais amener quelques considérations du terrain suite à la réponse donnée par le Conseil d'Etat à l'interpellation de notre collègue Marion Wahlen. Parmi les questions, deux relèvent du tri des patients, que ce soit par les centrales téléphoniques ou à l'arrivée des patients aux urgences. Je souhaitais à mon tour, et comme le rapport le mentionne, relever l'excellente qualité du tri effectué par nos deux centrales téléphoniques – le 144 ou la Centrale des médecins – ou par l'accueil des patients aux urgences des hôpitaux. Le travail de triage nécessite beaucoup de compétences et ma vision du terrain confirme l'excellence de notre système de tri dans la gestion des urgences sanitaires.

Je tenais également à souligner le projet pilote qui est en cours actuellement à l'hôpital d'Yverdon, dans lequel des médecins généralistes effectuent des gardes à proximité de l'arrivée dans les urgences hospitalières. Cela permet d'exercer un premier tri et de diminuer la charge des urgences à gérer par l'hôpital. Je voulais également relever le désir du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) d'intégrer davantage les pharmaciens dans le système d'urgence. Dans certains pays anglo-saxons, ils ont développé ce qu'ils appellent les Walking clinics, qui sont de petites salles de consultation attenantes aux pharmacies, où des pharmaciens ou des infirmières consultantes peuvent prodiguer les premiers soins et surtout orienter les gens de façon adéquate dans le système de santé. Je remercie encore le Conseil d'Etat pour son excellente réponse à cette interpellation.

M. Jacques-André Haury (V'L) —

Est-ce le hasard ou est-ce le Seigneur qui fait bien les choses ? Le fait est que vous avez probablement toujours sous les yeux le rapport de la Commission de gestion qui vous a été distribué ce matin, mais qui est encore soumis à embargo. Puisque vous l'avez sous les yeux, vous pouvez lire la page 58 et le haut de la page 59. Nous avons tenté d'aborder la question de l'urgence préhospitalière avec un regard critique et en faisant apparaître les éléments qui depuis un certain nombre d'années modifient l'offre faite aux patients. Ce que vient de dire mon confrère et collègue député Blaise Vionnet est encore une autre possibilité de développement. Je vous invite donc à lire la page 58.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Pour celles et ceux qui s’interrogent, comme moi, le numéro de téléphone de la CTMG est indiqué dans la réponse du Conseil d’Etat : 0848 133 133.

Mme Graziella Schaller (V'L) —

J'ai moi aussi pris connaissance avec intérêt de la réponse à cette interpellation qui demande une vraie coordination pour répondre aux besoins. Si je l’ai trouvée intéressante, je pense pourtant qu’elle ne répond malheureusement pas exactement à mes attentes. Quand j'entends « coordination », je m’attends à une coordination aussi avec les acteurs privés qui peuvent apporter leur contribution aux citoyens vaudois. Finalement, quel est le rôle du canton ? Est-ce de promouvoir ses propres offres en matière sanitaire, comme le CHUV, ou est-ce d’offrir aux Vaudois des alternatives existantes en matière d'urgence médicale ? J’ai maintenant lu l'excellent rapport de notre confrère dans le rapport de la Commission de gestion et je vois qu'il cite en particulier une offre nouvelle, depuis une année dans le canton. J'aimerais déclarer ici mes intérêts : je connais un des médecins qui a développé cette offre parce que c'est l'enfant d'une amie. Il s’agit d’une application – Docadom – malheureusement seulement sur Lausanne, pour le moment, qui permet de désengorger les urgences en offrant des visites à domicile dans la région lausannoise. Alors, c'est un début, même si cette application ne va pas résoudre elle-même tous les problèmes des urgences.

Je suis un peu étonnée qu'on ne promeuve pas plus ces offres, certes privées, mais qui sont offertes par des médecins diplômés. Evidemment, cette entreprise n’est pas à but purement humanitaire. Pour moi, coordonner les offres pour désengorger les urgences, c'est aussi mettre en avant les offres privées qui peuvent être au service de la population ; on devrait au moins leur donner de la visibilité, afin de désengorger le CHUV. Cela rejoint la discussion que nous avons eue tout à l'heure : des réponses peuvent être apportées, qui sortent de l'offre purement liée au CHUV.

Mme Rebecca Ruiz (C-DSAS) — Conseiller-ère d’Etat

Madame Schaller, j’aimerais préciser que lorsque des personnes appellent la CTMG, un tri se fait au téléphone pour savoir s'il est utile, pertinent ou opportun qu’elles se rendent dans un service d'urgence. Et lorsque, dans la discussion, il s’avère qu'un rendez-vous différé avec un médecin est justifié, que ce soit un médecin généraliste ou plutôt un spécialiste, la CTMG a la mission de prendre des rendez-vous directement avec les médecins qui, dans les quatre régions sanitaires du canton, assurent des gardes dans les spécialités données. Ils prennent des rendez-vous avec des médecins privés ! Je dois dire que je ne comprends pas votre interprétation selon laquelle nous ne faisons que la promotion du service public ! D'ailleurs, la réponse mentionne aussi un certain nombre de projets, dont celui d'ailleurs mentionné par votre collègue de parti, M. Vionnet, mis en place par les Etablissements hospitaliers du Nord vaudois (EHNV), qui est un hôpital privé. Certes, il est reconnu d'intérêt public, mais c’est quand même un hôpital privé – on ne parle pas du CHUV !

Dans le cadre de cette réponse, il est aussi fait mention de l'application Urgences Vaud. Je vous invite à la télécharger, si vous ne l'avez pas, et à voir les centres d'urgence qui y sont répertoriés. Hormis les centres d'Unisanté, au Flon, le nouveau centre qui a ouvert à la Blécherette, et les urgences du CHUV, tous les centres médicaux et les permanences répertoriées sur l'application – fortement utilisée – sont des centres purement privés ! Certes, dans le cadre de cette réponse, il n'est pas encore fait mention du service Docadom, ainsi peut-être que d'autres services – qui n'ont pas forcément la capacité de figurer sur une application de ce type, mais tous les grands centres d'urgence sont répertoriés sur cette application et il n'y a aucun biais idéologique ni de volonté de mettre de côté la médecine libérale et les instances privées, qui permettent réellement de prendre en charge des situations d'urgence. Si elles n'existaient pas, je peux vous dire que nous aurions un très sérieux problème, au niveau des urgences d'UniSanté et du CHUV, parce que ce ne serait pas possible ! Notre canton est vaste, avec des nécessités et des réponses à apporter à un bassin de population important. Et il est évidemment heureux que nous ayons des acteurs du domaine privé qui assurent les urgences médicales un peu partout sur le territoire.

M. Jacques-André Haury (V'L) —

Je tiens à confirmer et à souligner les propos de Mme la conseillère d’Etat. Bien qu’étant un ardent défenseur de la médecine libérale, je dois dire qu’elle est entièrement prise en compte dans le dispositif d’urgence organisé par l’Etat.

M. Marc-Olivier Buffat (PLR) —

Les propos de Mme la conseillère d'Etat me font réagir. Je déclare mes intérêts en tant que président de l'Association vaudoise des cliniques privées. En pratique, les choses ne sont effectivement pas aussi simples que le tableau qui nous est présenté. Par exemple, il nous a été rapporté que, quand des ambulances ou certains types de services d'urgence interviennent dans la région lausannoise, lorsque le patient exprime le souhait d’aller aux urgences de la Clinique Cecil ou de La Source, on leur dit :« Ah non, pas question, on vous amène au CHUV, c'est ainsi et pas autrement ! » Dans certains cas, il faut vraiment que le patient insiste pour pouvoir être dirigé ailleurs. Alors, cela fonctionne peut-être très bien sur le papier, mais dans la pratique, on a quand même le sentiment qu'il y a une redirection indirecte ou implicite vers le CHUV et les hôpitaux publics.

Mme Rebecca Ruiz (C-DSAS) — Conseiller-ère d’Etat

Monsieur Buffat, je n'ai jamais entendu parler d’une telle situation, et pourtant je peux vous dire que je reçois de nombreux courriers de personnes mécontentes – des prises en charge, du quoi, du comment, des fautes, etc. – dans le système de santé ! Toutefois, je n’avais jamais entendu la problématique des ambulances qui ne dirigent pas où les patients le souhaitent, si ces derniers tiennent mordicus à être pris en charge à Cecil, par exemple. Il peut y avoir peut-être un biais dans l'esprit de l'ambulancier ? Ce que je peux bien imaginer, c’est que des situations de ce type se présentent : « Non monsieur, vous souhaitez être pris en charge à la clinique Cecil, mais il est 23 h 30, et à la Clinique Cecil, ou à La Source, vous ne pourrez peut-être pas être pris ». En général, en fonction de la pathologie et de la situation de soin de la personne concernée, les urgentistes savent quel plateau technique peut être à même de prendre la personne en charge. En fonction de ce qui se passe au niveau clinique et des manifestations de ce qui se passe dans le corps et la santé de la personne prise en charge, les urgentistes savent quel plateau technique peut procéder, dans l'urgence, à une opération avec un certain nombre de degrés de spécialisation. Toutefois, si vous avez connaissance de situations où il est 16 heures et qui nécessitent un plateau technique tout simple, et non de la médecine hautement spécialisée (MHS) ni de prise en charge très particulière, je vous invite à me les adresser. Nous regarderons avec le service d'ambulances concerné ce qui a causé un biais, dans une telle situation. Je peux vous assurer qu'en général, lorsque ce type de demande nous est adressée, nous examinons la situation, nous menons l’enquête et nous faisons ensuite les retours aux différents services concernés.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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