24_REP_49 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Hadrien Buclin et consorts - La possible fermeture de classes de maturité professionnelle inquiète (24_INT_22).
Séance du Grand Conseil du mardi 16 septembre 2025, point 12 de l'ordre du jour
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Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse. Pour rappel, cette interpellation a été déposée pour relayer l’inquiétude d’enseignants en classe de maturité professionnelle, quant à la fermeture annoncée de classes. La réponse à mon interpellation confirme ces fermetures, même si le nombre de classes fermées demeure limité à ce jour. Ainsi, cela permet de maintenir une offre dans tous les établissements du canton et d’éviter que les élèves parcourent des distances importantes pour rejoindre une classe. Je note également avec satisfaction que le Conseil d’Etat entend maintenir la filière dans toutes les régions du canton.
Un point d’attention ponctuel pour le Conseil d’Etat : celui du taux d’échec élevé dans les cours d’admission à la maturité post-CFC pour les élèves qui n’avaient pas assez de points à la fin de la 11e année. Ces examens d’admission mettent beaucoup de poids sur le français et les langues, désavantageant les nombreux jeunes issus de familles allophones. Je suggère au conseiller d’Etat et à ses services d’accorder un peu plus de poids aux branches scientifiques dans la pondération de l’examen, ce pour favoriser l’accessibilité à cette maturité post-CFC sans péjorer le niveau. De plus, il faut relever que ces cours d’admission qui ont lieu le soir et le samedi ne sont pas faciles à suivre pour des jeunes ; il faut donc réfléchir à des mesures qui puissent faciliter l’accès à cette maturité professionnelle.
Au-delà de cet aspect ponctuel, il s’agit aussi de s’interroger sur les causes plus profondes de la nette diminution du nombre d’élèves inscrits en classe de maturité professionnelle. La réponse à l’interpellation démontre une chute de 740 élèves en 2018 à 540 en 2024. Cette diminution significative est regrettable ; en effet, ces maturités professionnelles post-CFC constituent une très bonne voie pour compléter un apprentissage en vue d’être mieux armé dans le monde du travail. Ayant discuté avec des enseignantes et enseignants en classe de maturité professionnelle, je remarque une certaine difficulté financière chez les élèves, ce qui peut provoquer des décrochages. En effet, il est assez compliqué de passer du statut d’apprenti avec une rémunération – certes limitée – au statut d’élève en maturité professionnelle sans rémunération aucune.
Finalement, pour approfondir cette problématique et chercher à éviter une hémorragie des effectifs dans ladite voie, je voudrais proposer la détermination suivante :
« Le Grand Conseil souhaite que le Conseil d’Etat éclaire, par exemple au moyen d’un questionnaire distribué aux élèves (voire anciens élèves), les causes de la réduction des effectifs en maturité professionnelle et étudie l’opportunité de prendre des mesures permettant de prévenir cette diminution. »
La discussion sur la détermination est ouverte.
Ce sujet nous préoccupe énormément. Je remercie M. le député d’avoir attesté que nous ne cherchons pas à fermer des classes, mais à adapter l’organisation en fonction de l’effectif. Pour le Conseil d’Etat, il est essentiel que tous celles et ceux qui souhaitent pouvoir suivre une maturité professionnelle le puissent. Par ailleurs, la prolongation du délai d’acceptation des inscriptions pour permettre à un maximum de jeunes d’intégrer cette formation prouve que nous ne cherchons pas à leur restreindre l’accès. De plus, des possibilités de suivre une maturité professionnelle en emploi leur sont offertes, afin d’essayer de contrecarrer la question liée à la perte de revenus durant l’année.
En général, les jeunes qui se lancent dans une maturité professionnelle ont souvent comme débouché une haute école spécialisée (HES), entamant de la sorte un long processus d’études. Dès lors, ils doivent aussi s’organiser et se préparer pour ces années d’études après avoir fait leur apprentissage.
Cette année, le bilan montre une légère augmentation du nombre d’étudiants par rapport à l’année passée – c’est une bonne nouvelle – que nous sommes en train d’évaluer pour favoriser la voie de la formation professionnelle. De plus, je souligne que le nombre global d’examens de maturité passés dans le canton se situe dans la moyenne suisse, même si beaucoup plus de maturités académiques sont délivrées que de maturités professionnelles. Une réflexion de fond est en cours pour essayer d’analyser les moyens à mettre en œuvre pour favoriser l’attrait vers ces maturités, à partir de la scolarité obligatoire déjà. En effet, ces démarches visent précisément à essayer de mieux orienter les jeunes et à leur fournir les outils pour qu’ils établissent un premier choix en vue de se préparer à entrer en formation professionnelle, pour ensuite aller plus loin en maturité professionnelle. A l’image de la voie académique, cela nécessite une réflexion sur une meilleure préparation.
Enfin, au mois de novembre, nous tiendrons une conférence de presse sur la formation professionnelle, lors de laquelle nous allons annoncer les mesures que nous souhaitons prendre pour la favoriser. De plus, les derniers chiffres des tendances sur ce type de maturité seront également présentés dans le détail pour que chacun accède à tous les éléments nécessaires pour apprécier la situation et, si possible, augmenter le nombre de jeunes qui suivent cette filière.
Je remercie M. le conseiller d’Etat pour ses éclaircissements. Je voudrais interpeller notre collègue Buclin sur sa détermination. Dans sa phrase « Le Grand Conseil souhaite que le Conseil d’Etat éclaire […] », je ne sais pas s’il faudra munir M. le conseiller d’Etat Borloz d’une lampe de poche ou d’un sémaphore pour éclairer la voie des élèves et des étudiants… ! Mais, passons sur la sémantique. Toutefois, je ne comprends pas très bien le but, l’objectif et la démarche d’un questionnaire distribué aux élèves. Je souhaiterais quelques éclaircissements. Quand M. Buclin parle des « causes de la réduction des effectifs en maturité professionnelle », je crois que le conseiller d’Etat a été très clair dans sa réponse. De plus, lorsqu’il souhaite « étudier l’opportunité », c’est assez vague.
Il serait intéressant que le Conseil d’Etat – M. Borloz nous l’a déjà annoncé – étudie les mesures permettant de prévenir la diminution de la fréquentation des maturités professionnelles. Vous avez sans doute déjà vu dans l’étude du projet de Loi vaudoise sur l’énergie que la question de la formation, de l’accessibilité ou de l’accès à certains métiers liés à la transition énergétique est au cœur des débats. Je pourrais, à titre très personnel, potentiellement, soutenir cet aspect. En effet, il paraît tout à fait admissible que notre Grand Conseil dise ce qu’il souhaite, et que le Conseil d’Etat – même si nous sommes convaincus qu’il s’y emploiera – étudie la possibilité de prendre des mesures pour parer aux diminutions des effectifs dans ces classes, qui est un vrai pari d’avenir. Pour le reste, je ne suis pas convaincu par les trois premières phases de cette détermination. Par conséquent, dans sa forme initiale, je vous inviterais à la refuser.
Je réponds très volontiers à M. Buffat que j’éclaire avec plaisir sur mes intentions, pour reprendre le terme de la détermination. La réponse à l’interpellation informe d’une baisse significative des effectifs. Ainsi, en comprendre les raisons me paraît être une priorité. En discutant avec des enseignants, la question qui émerge est celle de la précarité financière qui, chez certains, entraînerait des décrochages ; il s’agit de la documenter. Pour ce faire, j’estime que la voie d’un questionnaire distribué aux élèves qui ont été en contact avec des personnes – voire d’anciens élèves – qui ont interrompu leur formation me semble être à la fois quelque chose d’assez facile à mettre sur pied et qui pourrait nous fournir une base pour prendre des mesures visant à endiguer cette regrettable évolution. D’ailleurs, monsieur Buffat, j’imagine que vous partagez cette ligne, au vu des enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le canton et de l’opportunité de favoriser une formation complémentaire après un apprentissage. Enfin, mes formulations me semblent laisser une souplesse suffisante.
Tout d’abord, je déclare mes intérêts : je suis responsable de la formation des électroniciens à l’Ecole des métiers (ETML), ce qui signifie que nous formons des apprentis qui réalisent, notamment, la maturité de façon intégrée. Je relève qu’il s’agit d’une filière qui est extrêmement exigeante, puisque ce sont des jeunes qui, en plus de la partie pratique, doivent suivre des cours supplémentaires dans les domaines littéraires, scientifiques et autres. De plus, pour la plupart d’entre eux, la charge de travail finit par devenir assez difficile ; par la suite, ils s’orientent plutôt vers une maturité post-CFC, leur permettant ainsi de suivre quatre ans d’apprentissage sereinement, pour ensuite reprendre en voie post-CFC. Il existe aussi la catégorie des jeunes qui viennent par la suite, simplement parce qu’ils n’ont pas les conditions requises pour rentrer en maturité professionnelle et qui, finalement, passent un examen pour ensuite intégrer la voie maturité professionnelle.
En outre, pendant quatre ans, ces jeunes ne suivent plus certaines matières très scolaires – l’allemand notamment – qui souvent leur posent des difficultés. Je trouve que cette détermination est intéressante, car elle permettrait de donner la parole aux jeunes et de savoir si les difficultés principales concernent ce côté extrêmement scolaire en classe, alors que, pendant quatre ans, ils ont surtout insisté sur les côtés professionnels et techniques du métier – s’il s’agit de métiers techniques. Il faudrait également les questionner si le fait de revenir sur des matières laissées de côté pendant 4 ans ajoute des difficultés supplémentaires. Pour pallier cela, certains établissements proposent des cours de préparation à cette maturité pour faciliter l’intégration de ces jeunes par la suite.
Enfin, j’aimerais savoir s’il existe une corrélation entre l’augmentation du nombre de maturités académiques et la diminution du nombre de maturités professionnelles. Je me permets d’évoquer ce sujet, puisqu’un bon nombre de jeunes, après avoir obtenu une maturité académique ou un diplôme de culture générale, s’oriente vers la HES en continuant ensuite vers une passerelle. De la sorte, cette filière a tendance à vider la filière de la maturité professionnelle.
Je serai très bref, puisque je crois avoir été assez explicite dans ma première intervention. Je tiens à indiquer qu’il existe des cours pour renouveler ses connaissances – de langue et d’allemand, notamment – qui préparent à l’entrée en maturité professionnelle, suivant la formation qu’ils ont faite entre temps. Par ailleurs, comme les maturités professionnelles émanent de directives fédérales, une importance particulière est tout de même accordée à une culture générale. En somme, il semble donc important de ne pas appauvrir ces maturités.
Historiquement, la baisse d’attractivité de ces maturités est en effet à mettre en adéquation avec l’augmentation des maturités académiques, même si la situation s’est aujourd’hui stabilisée. Néanmoins, nous devons donner un nouvel élan à la formation professionnelle pour tous celles et ceux qui en ont les compétences et l’envie. Souvent, ils abandonnent sous prétexte qu’ils ne connaissent pas bien la filière, qui n’est peut-être pas assez bien explicitée. La semaine passée, j’étais à Berne dans le cadre du comité des cantons compétents en la matière, où la problématique a justement été soulevée. En outre, il existe un plan fédéral avec des chiffres tout à fait intéressants démontrant les tendances suisses, dont nous ne disposions pas lorsque nous avons rédigé la réponse à l’interpellation. De la sorte, nous entrerons plus en détail sur ce sujet à l’occasion de la « rentrée » de la formation professionnelle, qui intervient toujours durant la semaine du Salon des Métiers, où les futures pistes pour mettre en avant cette formation seront évoquées.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
La détermination Hadrien Buclin est refusée par 61 voix contre 41 et 4 abstentions.
Ce point de l’ordre du jour est traité.