24_REP_76 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Pierre Zwahlen et consorts au nom des Vert-e-s - Préserver les équilibres naturels du Léman qui surchauffe (24_INT_42).
Séance du Grand Conseil du mardi 1er avril 2025, point 20 de l'ordre du jour
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLes poissons d’avril comme du reste de l’année se portent mal dans le Léman. Je remercie le Conseil d’État pour sa conscience des enjeux face au plus grand lac d’Europe occidentale, pour ses analyses préoccupantes, à dire vrai, et pour ses intentions. Le gouvernement partage les constats de l’interpellation et ne voile pas les réalités.
La température moyenne de l’eau à la surface du Léman pourrait augmenter de 3 à 4 degrés supplémentaires d’ici la fin du siècle en raison des changements climatiques. Cela nuit aux échanges entre les eaux de surface et les eaux profondes. Cela modifie la répartition de l’oxygène et des nutriments et affecte l’entier du réseau alimentaire, selon le Conseil d’État. Les pêcheurs tirent la sonnette d’alarme. Ainsi, les perches − poissons phares du lac − se font rares, tandis que les féras, truites et ombles disparaissent progressivement des profondeurs depuis plus de dix ans. Le transfert de substances polluantes vers la surface, la prolifération d’algues et la diminution d’oxygène réduiront la qualité de l’eau et nuisent déjà aux espèces aquatiques. La biodiversité décline et des espèces exotiques se répandent de manière invasive. Il s’agit de protéger et de revitaliser les écosystèmes riverains, les sites de frai et les rivières.
En cours d’élaboration, trois plans sectoriels pour la qualité et l’utilisation des eaux, ainsi que pour l’irrigation devront répondre aux dégradations observées et futures. Des bassins versants révèlent des eaux de qualité moyenne à médiocre en raison d’activités humaines. Il s’agit du Boiron de Nyon, l’Asse, de l’Eau Noire, de la Morges et de la Venoge dont nous parlerons au point suivant. Il s’agit bien, comme le veut le gouvernement, de lutter contre les pollutions chroniques, de réduire les rejets de substances dans le lac et de diminuer les résidus médicamenteux et d’autres micropolluants. Le Canton doit continuer de soutenir la mise en place d’un traitement des eaux renforcé avec les communes et les entités intercommunales. Des solutions sont proposées pour retenir ou traiter les eaux de chaussée sur pas moins de 2130 km de route. Plusieurs projets permettront de restaurer des deltas et de diversifier les écosystèmes qui leur sont liés, à l’exemple du delta du Rhône, de l’embouchure de la Venoge et de l’Aubonne. Il est aussi rassurant que le Canton travaille à une stratégie de conservation des milieux et des espèces et de lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Les Assises vaudoises de la pêche ont permis de faire le point en juin dernier sur les inventaires en cours, notamment. Toutefois, les microplastiques s’accumulent dans les sédiments comme dans les poissons, selon des études de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman. Contre certaines espèces envahissantes, la Direction générale de l’environnement soutient financièrement plusieurs projets pilotes, notamment ceux de l’Association pour la Sauvegarde du Léman.
Il est regrettable toutefois que le canton baisse les bras, en apparence du moins, face aux moules quagga en pleine prolifération – 300’000 tonnes de ces moules aujourd’hui. À elle seule, Lausanne aurait dépensé 11 millions de francs contre ces moules qui colonisent les canaux d’évacuation et perturbent des installations indispensables. Si l’on peut comprendre l’une ou l’autre des réserves de l’État, la start-up qui a le mérite de s’attaquer à la quagga super-invasive désire initier une filière d’économies circulaires à partir des déchets organiques. Alien Limited s’est vue honorée de quatre prix déjà, en particulier pour valoriser des matériaux biosourcés en énergie renouvelable. Ce projet pilote pourrait être encouragé afin de tester un dispositif multipliable en cas de succès. Les services industriels lausannois ont d’ailleurs ouvert une collaboration avec la jeune pousse. Nous espérons que le canton ne restera pas passif.
Finalement, nous partageons la conclusion du Conseil d’État qui veut une approche intégrée et coordonnée pour restaurer la qualité des eaux lémaniques et la biodiversité. Je cite le gouvernement : « Il est crucial de continuer à renforcer ces mesures et de pouvoir s’adapter face aux évolutions climatiques et environnementales. » Je remercie le gouvernement de vouloir « une vigilance constante et une adaptation continue des stratégies de gestion des eaux. » Je suis satisfait de la réponse du Conseil d’État.
Retour à l'ordre du jourLa discussion n’est pas utilisée.
Ce point de l’ordre du jour est traité.