Communications

Séance du Grand Conseil du mardi 28 novembre 2023, point 1 de l'ordre du jour

Transcriptions

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Réponses du Conseil d’Etat aux simples questions, résolutions, déterminations et pétitions

Durant la semaine écoulée, le Conseil d’Etat a transmis au Grand Conseil les réponses suivantes :

  1. Réponse du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la Résolution Florence Bettschart-Narbel et consorts au nom du PLR, de l’UDC et des Vert’libéraux – Pas de propagande politique dans les écoles et gymnases (23_RES_2)
  2. Réponse du Conseil d’Etat au Grand Conseil à la Simple question Jean Tschopp et consorts – Soulager les parents séparés ou divorcés d’enfants majeurs à charge par la déduction de la pension alimentaire (23_QUE_49)
  3. Réponse du Conseil d’Etat au Grand Conseil à la simple question Elodie Lopez et consorts au nom du groupe EP – Soutien cantonal aux communes en matière de consommation de substances illicites (23_QUE_47)
  4. Réponse du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la Résolution Nicolas Suter et consorts au nom PLR, UDC – Limiter l’impact humain, social et économique de la reprise du Crédit Suisse par l’UBS (23_RES_7)
  5. Réponse du Conseil d’Etat au Grand Conseil à la simple question Alberto Mocchi – Sottens, de l’antenne... au radar ? (23_QUE_41)
  6. Réponse du Conseil d’Etat au Grand Conseil à la simple question Fabrice Moscheni et consorts – Combien d’EPT sont-ils vraiment créés dans le cadre du budget 2024 ? (23_QUE_51)

Intervention personnelle de Mme Joëlle Minacci sur le secteur social parapublic

Conformément à l’article 84, alinéa 3, de la Loi sur le Grand Conseil, une députée demande l’introduction dans l’ordre du jour d’une intervention personnelle. Cette demande étant soutenue par au moins 20 membres, la présidente lui donne la parole ultérieurement.

Mme Joëlle Minacci (EP) —

Tout d’abord, je déclare mes intérêts : je suis une ancienne éducatrice dans un foyer pour mineurs du parapublic, reconvertie en collaboratrice scientifique à la Haute école de travail social de Lausanne. La pénurie de personnel dans le secteur éducatif parapublic, et plus particulièrement dans les foyers en protection de l’enfance, est récurrente depuis plusieurs années et va en s’aggravant : 70 % des foyers ont des équipes incomplètes, 10 % des postes sont vacants. Un point de rupture est désormais atteint avec la fermeture temporaire du foyer Inter Val, d’une classe spécialisée de la Fondation Verdeil et de la Fondation Pestalozzi. Une vingtaine de places dans plusieurs foyers sont aussi fermées temporairement. Dans un contexte de pénurie de places d’accueil, il s’agit d’une situation de crise aiguë qui compromet le devoir de protection de l’Etat.

La pénurie de personnel s’explique par plusieurs facteurs, dont l’écart salarial énorme entre le secteur éducatif parapublic et le secteur public, et entre les salaires du canton de Vaud et des cantons limitrophes. Un écart qui se monte parfois à 1000 francs par mois à poste égal, comme le révèle l’enquête de l’Institut HR Bench. Cet écart vide le secteur de personnel qualifié, là où les conditions initiales du travail en foyer sont contraignantes. Ces institutions concentrent par ailleurs les situations les plus difficiles suivies par la Direction générale de l'enfance et de la jeunesse (DGEJ) et le Service des curatelles et tutelles professionnelles (SCTP).

Ces dernières années, le secteur a connu une augmentation des exigences de qualité des prestations, de la complexité et du nombre des situations suivies. Les places dans les prestations sont saturées et, cette année, les délais de placement ont conduit les services placeurs à pratiquer une centaine d’hospitalisations sociales pour garantir la protection d’enfants en danger dans leur développement. Les professionnels travaillent dans l’urgence et le bricolage avec des équipes incomplètes, alors que les enfants devraient bénéficier d’équipes solides pour les accueillir dans les situations traumatiques qu’ils vivent, alors que les professionnels devraient bénéficier de conditions de travail qui ne les mènent pas à l’épuisement, au burn-out et au départ. Dans l’émission « Mise en point » de dimanche, le directeur d’Inter Val parle de honte au moment de signer certains contrats. Alors qu’il venait d’engager une collaboratrice fraichement diplômée, une jeune a fait une tentative de suicide dans sa chambre. Dans ce reportage, il demande : « Comment peut-on payer si peu un collaborateur qui doit vivre des expériences comme cela ? »

Le Conseil d’Etat s’est emparé de la question, prévoyant un budget de 15 millions pour revaloriser les salaires. Ce vendredi 24 novembre se sont tenues les assises du secteur social parapublic, en amont desquelles un énorme travail a été fourni pour définir une répartition de ces 15 millions. Le partenariat social sur cette question est exemplaire. Nous disposons désormais de chiffres sur les besoins supplémentaires pour une revalorisation salariale et des propositions d’amélioration des conditions de travail et de formation. Par cette déclaration personnelle, je souhaite porter ces éléments auprès de l’ensemble du Grand Conseil. Je demande au Conseil d’Etat et au Grand Conseil de continuer leurs efforts pour donner au secteur social parapublic les conditions matérielles pour mener à bien son mandat. Je les invite à s’accorder sur une feuille de route de mesures, en se basant sur le travail réalisé lors de ces assises. Tous les enfants du canton ont droit à la protection et les professionnels à des conditions de travail dignes.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Démission M. Sylvain Freymond, député

Je souhaite vous donner connaissance des quatre lettres de démission que j’ai reçues de nos collègues députés Sylvain Freymond, Jessica Jaccoud, Daniel Ruch et Jean Tschopp pour cette fin novembre, en vue de leur accession au Conseil national début décembre. Dans l’ordre croissant d’ancienneté, je commence par vous donner lecture de la lettre de M. Freymond, après quoi je prendrai quelques instants pour rendre hommage à notre collègue de Montricher pour son engagement parlementaire.

« Monsieur le président du Grand Conseil vaudois, mesdames et messieurs les députés, chers collègues,

Par ces quelques lignes, à la suite de mon élection au Conseil national, je vous présente ma démission du Grand Conseil. Les six années durant lesquelles j’ai eu l’honneur de faire partie de cette institution ont été très enrichissantes pour moi. Ce travail de député a presque toujours été passionnant. Il m’a également permis de connaître de belles personnes et d’accroître mes connaissances. Certaines décisions prises dans ce Parlement entraînent des conséquences humaines et financières importantes pour la population de ce canton. Je pense qu’il est primordial de garder cela à l’esprit lors de vos prochains débats, notamment concernant la future Loi sur l’énergie. Je souhaite remercier le groupe UDC ainsi que la direction du parti cantonal pour sa disponibilité, la qualité de nos échanges et la bonne collaboration au quotidien. Mes chaleureux et sincères remerciements à toutes les personnes qui œuvrent en coulisses pour que tout fonctionne dans ce Grand Conseil et qui nous permettent de travailler dans de bonnes conditions. Je me réjouis de poursuivre nos échanges dans le cadre de mes futures fonctions politiques ou lors des moments plus amicaux et récréatifs chers à mon cœur. Je vous souhaite, Monsieur le Président du Grand Conseil, Mesdames et Messieurs les députés, chers et chers collègues, plein succès dans la poursuite de vos mandats et vous adresse mes amicales salutations. Vive le canton de Vaud et vive la Suisse. »

Monsieur le député, cher monsieur Freymond, cher Sylvain, permettez-moi de vous remercier pour votre engagement depuis 2017, date de votre entrée au Grand Conseil à l’occasion des élections cantonales. Au sein de notre plénum, vous êtes assis proche de la tribune, mais vous ne vous faites pas trop remarquer, un peu comme l’élève modèle situé à l’avant de la classe, si vous me permettez cette comparaison cavalière. Et pourtant, à la lecture de votre parcours politique et de votre engagement, vous êtes plutôt du style hyperactif comme le relève le journalise Cédric Jotterand en retraçant votre parcours. On y apprend que, lors de votre élection dans l’arrondissement de Morges, la liste UDC avait obtenu trois sièges, et vous aviez décroché le troisième pour 283 suffrages derrière Pierre-André Pernoud et Philippe Jobin. Vous avez ensuite été réélu sans difficulté en 2022, cette fois en deuxième position. Vous aurez donc siégé parmi nous pendant six ans.

Pendant cette période, vous avez déposé 15 interventions parlementaires : 6 interpellations, 5 questions orales, 2 postulats, une résolution et une simple question. Vous avez également siégé dans plusieurs commissions : la Commission thématique des affaires juridiques, la Commission thématique de l’environnement et de l’énergie, et 28 commissions ad hoc.

A Berne, vous pourrez témoigner du quotidien du monde agricole, vous qui faites encore tous les travaux à la ferme, ce qui vous a même mené à devoir une fois quitter précipitamment le Grand Conseil pour aller rattraper vos vaches hyperactives elles-aussi. Cette hyperactivité semble avoir quelques effets secondaires plus problématiques : le Secrétariat général est soulagé de faire des économies sur les renouvellements de cartes de députés perdues, dont vous êtes le recordman absolu. Présent à Berne hier où j’ai rencontré Philippe Schwab, le secrétaire général de l’Assemblée fédérale et habitant de Lausanne, je n’ai pas manqué de l’avertir de préparer un stock de cartes à votre arrivée au Parlement.

Pour terminer, je suis certain que vous continuerez à dépenser sans compter votre énergie à Berne. Gardez cependant un œil sur ChatGPT car, selon l’intelligence artificielle, un certain Sylvain Freymond est l’auteur de trois livres intitulés « Vivre la louange », « Aimer Dieu », et « Revenir au cœur de l’adoration » Bon vent pour la suite de votre parcours. (Applaudissements.)

Démission – Mme Jessica Jaccoud, députée

Je passe à la lettre de Mme Jessica Jaccoud, après quoi je rendrai hommage à son tour à notre collègue de Berolle.

« Monsieur le Président du Grand Conseil, cher Laurent, chères et chers collègues députés,

C’est avec un mélange d’émotion et de gratitude que je vous adresse ma lettre de démission du Grand Conseil vaudois, après presque dix années au service de notre canton. Mon départ de cette assemblée découle de mon élection au Conseil national, nouvelle étape dans mon engagement politique. Cependant, avant de tourner cette page, je tiens à exprimer certains mots de sincère reconnaissance et d’adieu.

Mon mandat au Grand Conseil vaudois a été une expérience extraordinaire et je souhaite relever le caractère vivant du Premier Pouvoir qui fonde ainsi le dynamisme de notre système politique. Il est, à mon sens, essentiel de conserver un Parlement qui parlemente, qui débat et qui œuvre pour le bien commun des Vaudoises et des Vaudois. Au cours des années, j’ai eu le privilège de travailler avec des collègues dévoués, des esprits passionnés et des individus soucieux de faire avancer notre canton. Je tiens à remercier l’ensemble de mes collègues pour la richesse des échanges et des débats que nous avons partagés. Ces discussions étaient le moteur des progrès et des réussites cantonales. J’ai éprouvé un immense plaisir à traverser près d’une décennie de l’histoire de notre canton en votre compagnie et c’est une période que je chérirai toujours.

Alors que je prends congé de cette honorable assemblée, je voudrais modestement vous inviter, chères et chers collègues, à continuer d’œuvrer pour le maintien du lien et de la cohésion sociale dans votre canton. Il est primordial que nous évitions de creuser davantage les inégalités entre les concitoyennes et les concitoyens. Les privilèges, qu’ils soient institutionnels, politiques ou de classe, devront être systématiquement combattus. L’ascenseur et le filet social, ainsi que notre capacité à prendre soin des plus démunis d’entre nous, ont fait la fierté de notre canton. Et je souhaite ardemment que mes successeurs puissent maintenir ces objectifs.

En conclusion, je quitte le Grand Conseil vaudois avec un profond respect pour notre démocratie, une grande gratitude envers mes collègues et en exprimant mes vœux sincères pour l’avenir de notre canton. Je suis convaincue que notre engagement continuera de renforcer la démocratie et le bien-être de nos concitoyennes et concitoyens. Je vous remercie pour cette formidable expérience et pour tout ce que nous avons accompli ensemble, avec tout mon respect et ma gratitude. »

Madame la députée, chère madame Jaccoud, chère Jessica, permettez-moi de vous remercier pour votre engagement depuis 2014, date de votre entrée au Grand Conseil au cours de la législature 2012-2017, après avoir terminé cinquième lors des élections sur la liste socialiste de l’arrondissement de Nyon. En 2017, vous terminez quatrième et êtes directement réélue ; enfin, en 2022, vous terminez troisième et êtes à nouveau directement réélue.

Vous aurez donc siégé parmi nous pendant neuf ans. Pendant quatre de ces neuf années, de 2018 à 2022, vous avez présidé le Parti socialiste vaudois, ce qui a fait de vous un visage familier des écrans vaudois et des prises de position de votre parti.

Au-delà de cette facette plus publique, vous avez également œuvré en faisant force de proposition et de questionnement. Les statistiques le confirment : 40 dépôts, soit 15 interpellations, 9 postulats, 9 questions orales, 6 motions et une résolution. Pour ce qui est des commissions, vous avez siégé au sein de la Commission thématique des affaires juridiques, de la Commission de présentation, de la Commission thématique de la santé publique et de la Commission interparlementaire de contrôle de l’exécution des concordats latins sur la détention pénale, ainsi que dans 57 commissions ad hoc.

Vos prises de parole sont souvent un peu comme le jus de gingembre, derrière un petit goût piquant, il y a du bon pour la santé politique de notre canton (avec un c minuscule). Un peu comme vos sorties à vélo qui, je dois dire, me rendent un peu jaloux de par vos exploits sportifs et votre monture de professionnelle ; moi qui suis avec mon vieux Cilo de 1986… Je vous vois déjà me dire : « tu n’as qu’à en acheter un ! » Madame la députée, chère Jessica, je suis sûre que vous pourrez gravir d’autres sommets politiques une fois à Berne ; en tous les cas c’est ce que je vous souhaite ! (Applaudissements)

Démission – M. Daniel Ruch, député

Je passe à présent à la lettre de M. Daniel Ruch, après quoi je rendrai hommage à son tour à notre collègue de Corcelles-le-Jorat.

« Monsieur le Président, madame la Présidente du Conseil d’État, mesdames et messieurs les Conseillers d’État, mesdames et messieurs les députés, chers collègues, chers amis,

C’est avec un mélange d’émotions que je m’adresse à vous aujourd’hui pour officialiser ma démission de ma fonction de député au sein du Grand Conseil vaudois après 11 années passées dans cet hémicycle. Cette décision découle de ma réélection en tant que conseiller national à Berne, un honneur qui me comble de fierté. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers chacun de mes collègues au Grand Conseil, tous partis confondus, auprès des collaborateurs de l’administration cantonale, notamment le secrétariat général du Grand Conseil ainsi que les huissières et huissiers pour leur disponibilité et leur sympathie. Ces années passées parmi vous ont été une expérience enrichissante et gratifiante. J’ai apprécié échanger et travailler à vos côtés pour le bien-être et la prospérité de notre magnifique canton de Vaud.

Permettez-moi de souligner particulièrement mon engagement fort en tant que membre fondateur du Groupe Bois, une cause qui me tient à cœur et que j’ai eu le privilège de partager avec Pierre Volet. Ensemble, nous avons œuvré pour promouvoir les intérêts de ce secteur vital pour nos régions. Ce groupe rassemble aujourd’hui bon nombre de députés. Je ne peux qu’être fier de ce qui a été accompli et enthousiaste sur ce qui le sera. De plus, je souhaite rappeler ma conviction profonde en faveur de la consommation locale. Ma première intervention fut « Le meilleur soutien qu’on puisse offrir aux vins vaudois, c’est d’en consommer ». Cela a guidé mes actions et mes prises de position. J’ai l’espoir qu’avant d’allouer des crédits à nos producteurs, vous, chers collègues, irez apporter votre soutien directement à la production locale.

Je profite également de cette lettre pour adresser mes vœux de réussite à mes collègues qui poursuivront leurs engagements au sein du Grand Conseil vaudois. Je souhaite tout le succès possible à mon successeur Bernard Nicod en tant que député de la Broye. Puissent ses actions contribuer au bien-être de nos concitoyens. Je vous prie d’agréer, M. le Président, l’expression de mes salutations distinguées. »

Monsieur le député, cher monsieur Ruch, cher Daniel, permettez-moi de vous remercier pour votre engagement depuis 2012, date de votre entrée au Grand Conseil lors des élections cantonales sur la liste PLR de l’arrondissement de la Broye-Vully. Vous aviez terminé troisième, derrière Christelle Luisier Brodard et Philippe Cornamusaz. En 2017, vous êtes facilement réélu en deuxième position ; enfin, en 2022, vous finissez brillant premier, avec plus de 50 % des voix, vous payant le luxe de devancer la future présidente du Conseil d’Etat.

Vous aurez donc siégé parmi nous pendant onze ans. Pendant ces onze années, vous vous êtes distingué par une exceptionnelle sobriété dans les dépôts et une activité abondante dans les commissions : 9 interventions parlementaires, soit 2 postulats, 2 questions orales, 2 résolutions, une interpellation, une motion et une simple question ; ainsi qu’un engagement au sein de la Commission de gestion, de la Commission thématique des pétitions, des Commissions interparlementaires de contrôle du gymnase intercantonal de la Broye et de l’hôpital intercantonal de la Broye, ainsi que de pas moins de 91 commissions ad hoc.

Si le bon sens vaudois devait être incarné, vous pourriez en être le porteur. Grand défenseur du bois et du vin vaudois, vous êtes un pilier de votre région. Votre bonne humeur, vos mots bienveillants font de vous une personne très appréciée par l’ensemble de vos collègues. A Berne, vous allez devoir sortir de votre zone de confort, loin de vos forêts et de l’esprit de notre canton mais vous pourrez toujours retrouver ce dernier dans le fameux langage vaudois de Jean Villard-Gilles « Quoique prudent, le Vaudois force sur les mots, comme sur le blanc. Il en est qui bombent le torse, comme épouvantable ou puissant. Un puissant gaillard ! Une chance épouvantable ! C’est affreux ce qu’on a ri ! et puis, j’y pense, le bouquet : C’est faramineux ! »

Cher monsieur Ruch, cher Daniel, je vous remercie chaleureusement au nom de tous nos collègues et vous souhaite le meilleur pour la suite ; nous nous réjouissons particulièrement que vos récents soucis de santé ne vous empêchent nullement de poursuivre votre travail à Berne. » (Applaudissements.)

Démission – M. Jean Tschopp, député

Je passe à la lettre de M. Jean Tschopp, après quoi je rendrai hommage à notre collègue de Lausanne.

« Monsieur le Président du Grand Conseil, Mesdames et Messieurs les Conseillers d’Etat, chers collègues, il m’a fallu quelques jours pour rédiger ce courrier.

C’est une page qui se tourne après 11 ans au Grand Conseil. Et dans nos vies trépidantes, c’est l’occasion de se retourner comme un coureur de fond à l’approche de la ligne d’arrivée. Ma démission du Grand Conseil est la conséquence de mon élection au Conseil National et je remercie toutes celles et ceux qui m’ont accordé leur confiance. Je veux pouvoir consacrer le temps et l’énergie nécessaire à exercer mon mandat aux Chambres fédérales le mieux possible. Au cours de ces derniers mois, à la faveur de la campagne, j’ai beaucoup cheminé dans ce vaste canton. Il y a les régions alpines, les vignes et les domaines qui me rappellent mes racines valaisannes. Il y a les crêtes du Jura qui se prêtent bien au moment pour se ressourcer. Il y a le Plateau, avec ses villages, villes et agglomérations qui se développent à une vitesse impressionnante. Et puis, il y a surtout ses habitants. Les partis, les associations, le travail de la Fédération romande des consommateurs, ONG, partenaires sociaux, communes sont essentiels au fonctionnement d’une démocratie. La parole des habitants de ce canton est tout aussi essentielle. Ces personnes n’ont pas forcément la disponibilité de se porter candidat à une élection, ni de s’engager dans des associations, mais leur parole, leur ressenti, leur vécu n’est jamais anodin. Nous avons à les écouter, à échanger avec elles. Sur les marchés, lors de rencontres, il y a toujours quelque chose à apprendre. Notre responsabilité d’élu est d’aller au contact des gens et pas uniquement sur les réseaux sociaux, de sortir de notre bulle, des algorithmes de l’entre-soi et de notre zone de confort. Ce canton forme en tout ce qui ne se réduit pas à l’addition des 300 communes qui le composent. « Le tout est plus que la somme de ses parties ». Je pense souvent à cette citation, parce qu’elle sied bien à l’intérêt général que nous devons rechercher en toute chose. Il y a dans ce canton une énergie contagieuse, celle de personnes qui s’investissent sans réserve dans leurs activités professionnelles, qui s’engagent pour leur famille, pour leurs proches parfois mal en point. Que ferions-nous sans les proches aidants ? Il y a dans ce canton une énergie pour entreprendre, repenser notre façon de consommer et s’engager sur la voie de la transition énergétique, pour se réinventer. Cette énergie s’étend aux retraités, souvent très actifs. L’ouverture de ce canton est aussi la diversité d’origines qui composent nos familles, notre environnement professionnel et les salles de classe dans ce canton. 52% de la population de notre canton est issue de l’immigration. C’est un défi que nous devons relever sans crainte et c’est aussi une force. Cette énergie et cette diversité, je les emmène avec moi à Berne.

J’ai aimé débattre avec vous. Le débat, c’est l’oxygène de notre démocratie. Quand ma mère s’est remise en couple, j’avais 13 ans. Son compagnon sympathisant PLR ne pensait pas comme nous. Nous en avons eu des discussions le soir à table. Ces discussions m’ont appris à confronter mon point de vue. Elles m’ont familiarisé avec d’autres manières de penser. En entrant au Grand Conseil, j’ai souvent eu le sentiment d’entendre en écho la voix de l’ami de ma mère. Se familiariser avec d’autres visions du monde, les respecter, perdre, se remettre en question, prendre en compte le point de vue de l’adversaire, l’intégrer à son raisonnement et s’améliorer : ces valeurs sont centrales. Nous devons les affirmer contre les trolls anonymes derrière leur clavier et souvent beaucoup mieux organisés qu’il n’y paraît, contre les perturbateurs qui recherchent toujours l’incident, la division, l’attaque personnelle et l’outrance. En démocratie, les médias, dont certains voudraient nous faire croire que nous n’en avons plus besoin, ont toutes leurs places pour informer, raconter ce qui se joue ici, confronter les points de vue, apposer leur regard critique et nourrir les débats d’idées. J’ai apprécié la politique dans ce Parlement où les débats peuvent être vifs et animés, mais où l’on ne se jette pas des verres d’eau à la figure et où des liens se nouent parfois au-delà des affiliations partisanes. Merci d’abord à Sophie, mon épouse. On n’est jamais seul quand on s’engage. Merci pour le sens critique aiguisé et précieux qu’elle porte sur mon activité et sur les valeurs communes que nous partageons. J’ai été élu au Grand Conseil à l’âge de 30 ans. Très vite, ensuite, nous avons eu deux enfants coup sur coup. J’ai eu la chance d’exercer des activités professionnelles à temps partiel pour concilier mon métier, mon mandat au Grand Conseil et notre vie familiale. Je veux dire aux jeunes, aux parents d’enfants en bas âge qui hésitent à s’engager en politique, que moyennant des structures de garderie et d’accueil parascolaire à la hauteur, de l’organisation, de la discussion et un partage des tâches, il est possible de faire le pas. Merci à notre président du Grand Conseil, Laurent Miéville, pour sa disponibilité, son attention aux autres et le souci qu’il porte au bon fonctionnement de nos institutions. Bravo à toute l’équipe du Secrétariat général pour son professionnalisme et sa bienveillance, aux huissiers et au personnel de la buvette pour leur sens de l’accueil, ainsi qu’aux gendarmes qui assurent notre sécurité et dédient leur temps aux services publics. Merci à mon groupe pour ces trois ans et demi que j’aurai passés à le présider. Il y a dans ce groupe toutes les compétences, la vigilance et le savoir-faire pour que les choses se passent bien. Cette fonction passionnante m’aura permis d’entrer en contact étroit avec les conseillers d’Etat de l’alliance rose-verte. Je retiens l’engagement total et les compétences relationnelles exceptionnelles de Nuria Gorrite, à qui je souhaite un bon rétablissement, l’abnégation et la force de travail de Cesla Amarelle et la capacité de Rebecca Ruiz à rechercher en toute chose l’intérêt général sans céder aux pressions. Je pense aussi à nos alliés écologistes et à Vassilis Venizelos que j’ai côtoyé comme président du groupe doté d’un sens tactique aigu, mis au service de valeurs fortes et promis à un bel avenir comme conseiller d’Etat. Présider un groupe de 32 fortes personnalités est une fonction prenante qui demande des échanges et une attention permanente, comme j’ai pu le faire avec le président de mon parti Romain Pilloud ou auparavant avec Jessica Jaccoud et une sparring-partner fonction qu’a incarné Adriane Bossy, notre collaboratrice scientifique dont j’ai pu bénéficier des précieuses compétences. Je n’oublie pas mes homologues présidents de groupe Rebecca Joly, présidente de groupe des Verts et Vertes qui a toujours eu en tête le souci de ce qui peut renforcer mutuellement notre alliance rose-verte, Vincent Keller et Elodie Lopez à la tête du groupe Ensemble à Gauche et POP déterminés à combattre les inégalités, Graziella Schaller qui a toujours évité les dogmes, présidente de groupe des Verts Libéraux jusqu’à tout récemment et remplacée depuis octobre par Jerome de Benedictis, Nicolas Suter qui par-delà nos divergences est orienté solution, et enfin Yvan Pahud, un homme avec lequel on peut dialoguer. Seul, on ne peut rien. La politique c’est la recherche d’alliances pour faire progresser les causes pour lesquelles la population nous a accordé sa confiance. De là où je serai, je garderai un œil attentif sur vos débats avec toute la reconnaissance envers la population qui m’aura donné le privilège d’évoluer au Grand Conseil durant ces onze années. Vive le pays de Vaud ! »

Monsieur le député, cher monsieur Tschopp, cher Jean,

Permettez-moi de vous remercier de votre engagement depuis 2012, date de votre entrée au Grand Conseil lors des élections cantonales sur la liste socialiste du sous-arrondissement de Lausanne-Ville. Dixième alors que la liste avait obtenu neuf sièges, vous entriez au Parlement à la faveur du désistement de Mme Anne-Catherine Lyon, réélue conseillère d’Etat. En 2017, vous êtes réélu en huitième position ; enfin, en 2022, vous terminez à une brillante deuxième place derrière la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz. Vous aurez donc siégé parmi nous pendant onze ans. Depuis 2020, vous avez présidé le groupe socialiste.

Vous avez été engagé dans plusieurs commissions dites instituées, à savoir la Commission thématique des institutions et des droits politiques que vous avez par ailleurs présidée, la Commission thématique des affaires sociales, la Commission thématique des affaires juridiques et la Commission thématique de l’environnement et de l’énergie, de même que dans 44 commissions ad’hoc.

Mais c’est surtout dans les interventions parlementaires que vous vous êtes distingué : pas moins de 86 dépôts, à savoir 39 interpellations, 15 questions orales, 12 postulats, 11 motions, 5 simples questions et 4 résolutions. Tel le Verstappen du droit d’initiative parlementaire, vous accumulez des statistiques faramineuses qui vous placent dans le peloton de tête de vos collègues, avant de vous lancer dans la course de la prochaine législature du Conseil national.

Vous préférez néanmoins le bruit des baskets sur le bitume à celui des moteurs fossiles rugissants. La politique étant un sport d’endurance, vous disposez donc de tout le bagage requis pour poursuivre votre course à Berne. Nul doute que vous saurez apporter votre calme et vos engagements auprès de la Berne fédérale qui profitera de vos compétences et de votre souci de protéger les plus faibles.

Cher monsieur Tschopp, cher Jean, je vous remercie chaleureusement au nom de tous nos collègues.

Déclaration au nom du Conseil d’Etat sur le Proche-Orient

Conformément à l’article 138 de la Loi sur le Grand Conseil, la présidente du Conseil d'Etat demande l’introduction dans l’ordre du jour d’une déclaration du Conseil d'Etat. Le président lui donne la parole ultérieurement.

Mme Christelle Luisier Brodard (C-DITS) — Président-e du Conseil d’Etat

Les événements dramatiques qui se déroulent au Proche-Orient depuis le 7 octobre suscitent de vives émotions au sein de la population vaudoise ainsi que dans le monde politique. Dans ce contexte de grandes tensions et face à une résurgence des actes antisémites observés dans le canton, le Conseil d’Etat déclare solennellement qu’il ne saurait tolérer tout acte, geste ou propos visant une confession ou une appartenance religieuse et culturelle présente au sein de la population vaudoise. Le gouvernement fait part de sa compassion et de sa solidarité auprès de toutes les personnes qui souffrent dans le cadre de ce conflit. Il exprime sa détermination et appelle à lutter contre toute forme de haine envers toutes les communautés sur le territoire cantonal. Le Conseil d’Etat souligne que la norme pénale contre la discrimination et l’incitation à la haine protège la dignité et la valeur de l’être humain. Les actes d’antisémitisme ou de racisme qui consistent à nier explicitement ou implicitement le droit à l’égalité, voire à l’existence de certains individus en raison notamment de leur religion, de leur origine ethnique ou culturelle ou de la couleur de leur peau, sont intolérables et condamnables en Suisse. Merci de votre attention.

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