22_REP_235 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Felix Stürner et consorts au nom Parti socialiste, les Vert·e·s, Ensemble à gauche, POP et gauche en mouvement - A l’exemple du « cas Cremo », le Conseil d’Etat dispose-t-il d’une vision stratégique de préservation des postes de travail dans le canton ? (22_INT_148).
Séance du Grand Conseil du mardi 8 avril 2025, point 17 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourA l’ordre du jour, une première fois en septembre 2023, la réponse du Conseil d’Etat laisse une désagréable impression d’esquive et de non-entrée en matière. En effet, l’interpellation parle de places de travail perdues sur Vaud, et l’exécutif répond que le taux de chômage a globalement baissé. Pire, alors que des personnes se retrouvent sans emploi, il décrit la situation économique comme « globalement propice », une affirmation par ailleurs contredite plus loin, où il est soudainement question de « contexte économique compliqué ». Dès lors, il est plutôt difficile de se faire un avis très clair sur le contexte effectif qui prévaudrait. De plus, à lire les considérations, on hésite à qualifier la réaction gouvernementale de totalement cynique ou carrément désinvolte eu égard à celles et ceux dont les fins de mois sont précarisées. Dans la suite des remarques introductives, la réponse se poursuit en évoquant les actions de l’État durant la législature précédente, ce que les interpellants n’ont à aucun moment donné remis en doute, au contraire. Cependant, ce passé qui, comme le dit le texte, concerne principalement les conditions-cadres, n’explique à fortiori pas l’attentisme du gouvernement depuis le début de la législature en cours. Il s’agit d’un héritage à faire fructifier et non d’un bien à tout jamais garanti.
Dans la réponse à la deuxième question, on apprend que la Direction générale de l’emploi et du marché du travail (DGEM) est intervenue dès début octobre 2022 auprès de la direction de l’entreprise, notamment en ce qui concernait l’éventualité d’un licenciement collectif dans le cadre duquel l’État peut jouer un rôle. Aucune information à ce sujet n’a apparemment été rendue publique, alors même que suivant les dires du gouvernement, cette intervention a permis de déboucher sur un plan social au mois de décembre, limitant quelque peu les effets négatifs de la fermeture du site. On ne peut que regretter ce manque de communication, puisque la posture des autorités dans de tels cas de figure peut s’avérer déterminante, sans parler de la portée symbolique de telles démarches.
Au chapitre des mesures pour éviter de trop grandes concentrations d’emplois dans certaines parties du canton, il est à nouveau fait référence à des instruments, principalement le Fonds de soutien à l’industrie (FSI), élaboré précédemment – si je ne fais erreur, en 2016 – et dont la non-mise en application récente dans le district de la Broye-Vully est patente, si l’on s’en tient au dernier rebondissement en matière de maintien des places de travail, notamment lors de la fermeture de l’usine Eternit à Payerne, qui n’entre apparemment pas dans la rubrique des « détériorations de grande ampleur ». Peut-être qu’une collaboration plus étroite – mentionnée à la réponse numéro quatre – par moments avec les autorités communales permettrait d’éviter ces effets couperet.
En conclusion, les réponses du Conseil d’Etat s’appuient surtout sur des mesures mises en place précédemment – certaines âgées de près de 20 ans – que les signataires de l’interpellation avaient louées, mais il ne dit que peu de choses sur la manière d’appréhender l’avenir, ce que l’on pourrait appeler une politique proactive. Ce regard en arrière a de quoi inquiéter, principalement dans les régions plus périphériques où les start-up et autres jeunes pousses ont plus de peine à se développer et où le tissu industriel doit être maintenu, comme le rappelaient pertinemment nos collègues Nicolas Rapin, Sébastien Pedroli ou encore Philippe Miauton au sujet du site de Payerne.
La discussion est ouverte.
Sans répéter les propos de mon préopinant, je prends également bonne note de la réponse du Conseil d’Etat que je remercie, mais j’aimerais toutefois apporter quelques remarques. Une fois de plus, je regrette la disparition d’une usine et de places de travail dans le district de la Broye-Vully. Le taux de chômage au moment de la réponse à l’interpellation s’élevait à 3 % dans la Broye-Vully. Or, aujourd’hui, selon les chiffres de novembre 2024, il se chiffre à 4,9 %. A ce rythme, il n’y aura bientôt plus aucun emploi pour le personnel non qualifié dans la Broye-Vully. Ne pourrait-on pas réfléchir également à une autre attribution typiquement de la zone commerciale, zone industrielle de l’aéroport de Payerne pour, par exemple, attirer d’autres usines dans la Broye et non se limiter simplement à l’aviation ? Je regrette également que, sans l’intervention du Conseil d’Etat, aucun plan social n’ait été mis en place par Cremo. Je remercie pour ce point le Conseil d’Etat pour son intervention. Finalement, on peut aussi regretter l’impact de cette fermeture sur le projet de station d’épuration (STEP) régionale de Lucens. Heureusement, les communes ont pu gérer et trouver une autre solution. Ainsi, pour terminer, après Eternit à Payerne et Cremo à Lucens, j’espère que l’hémorragie va s’arrêter. Je compte vraiment sur le Conseil d’Etat pour se montrer proactif afin d’éviter que la Broye ne soit plus qu’une zone sans industrie, uniquement partagée finalement entre supporters du Lausanne Hockey Club (LHC) et de Gottéron.
En effet, depuis la réponse à plusieurs de ces interpellations, la situation en matière de chômage a évolué, je me permets de vous la décrire rapidement en quelques chiffres. Le taux de chômage a augmenté de manière significative durant l’année 2024. Nous étions à 3,3 % en moyenne en 2023, à 3,9 % en moyenne en 2024 et, au mois de mars 2025, nous sommes à 4,5 %. Ce taux est plus élevé que celui des 2 années précédentes au même moment, puisque nous étions à 3,7 en 2024 et à 3,2 au même mois de 2023. Cette situation est préoccupante et le Conseil d’Etat la suit en particulier. Des mesures ont fait leurs preuves, qu’il s’agisse des RHT ou des mesures du marché du travail.
Vous évoquez en particulier la Broye. En effet, par rapport à son taux d’habitants, elle connait un taux d’emploi plus faible, raison pour laquelle nous évoquons ces éléments en particulier avec l’association économique régionale pour nous assurer qu’il y ait des emplois partout dans le canton et, en particulier, dans les régions où le taux d’emploi est plus faible que la moyenne cantonale. Il est également clair qu’il est plus facile d’essayer de conserver une entreprise plutôt que d’en attirer une nouvelle. Enfin, nous œuvrons sur les deux plans, à la fois pour attirer des entreprises, pour aider à la création de start-up, mais aussi pour travailler sur la conservation des emplois. Raison pour laquelle chaque fois qu’une annonce de licenciement collectif m’est faite par la DGEM, nous suivons le dossier au sein du département à tous les niveaux, avec parfois des interventions où je rencontre personnellement les employeurs afin de voir ce qu’il est possible de faire. Cela fut le cas en particulier de Cremo – vos questions portant en particulier sur cette entreprise. A ce sujet, j’aimerais ajouter que le site du Mont-sur-Lausanne est toujours actif. À notre connaissance, 93 personnes y sont actuellement occupées.
Je vous rappelle le système : les entreprises nous annoncent un certain nombre de licenciements collectifs afin que la DGEM puisse assurer que la procédure est respectée. Cela ne veut forcément dire qu’à la fin, tous les licenciements sont effectivement envoyés aux personnes. Nous n’avons pas forcément un retour complet. En tout cas, nous ne donnons pas de manière publique le retour qui peut nous être fait. Cependant, je peux vous garantir que mon département suit de près chacun des dossiers. En particulier, nous essayons de voir s’il y a, parmi nos aides ou parmi nos possibilités cantonales, un moyen de conserver les emplois ou de faire évoluer l’entreprise afin qu’elle reste dans le canton.
Veuillez m’excuser de reprendre la parole après la conseillère d’Etat. En tant que député de la Broye-Vully, je regrette également la fermeture d’un certain nombre d’usines dans notre région durant ces dernières années. En revanche, comme cela a été dit par Mme Moret, il faut non seulement lutter pour conserver les emplois, mais aussi faire en sorte que de nouvelles infrastructures s’installent dans la région.
A cet égard, je me permets de souligner deux exemples qui sont d’actualité : d’une part, un projet d’une nouvelle usine, Swisspor, sur le site d’Eternit, à Payerne, qui a déclenché environ 500 oppositions. Et, d’autre part, un nouvel abattoir Micarna, à Saint-Aubin, qui doit être actif pour toute la Suisse romande, et qui rencontre plus de 1000 oppositions. Par conséquent, s’il faut que nous travaillions pour faire venir des entreprises chez nous, pour créer de l’emploi, il faut aussi que nous fassions preuve d’une certaine cohérence.
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