Les fenêtres

Se poser les bonnes questions

Elément essentiel dans la composition de la façade, la fenêtre joue un rôle déterminant dans la valeur de l’espace intérieur, apportant lumière et confort.

Ce double rôle rend la fenêtre particulièrement sensible, sujette à des objectifs contradictoires et, en définitive, la place dans une situation spécialement vulnérable en termes de conservation. Avant toute intervention, il faut se demander :

La fenêtre un patrimoine en danger: collection éléments du patrimoine VD n°1 (pdf, 1.77 Mo)

Menuiserie d'oculus

L'entretien des fenêtres: une première économie d'énergie

Le meilleur moyen d'assurer une bonne performance d'isolation tout en conservant l'intérêt patrimonial reste très certainement l'entretien régulier des menuiseries afin de déceler au plus vite les signes de dégradation des bois, des ferrures, des surfaces protectrices. 

Non négligeable, un nettoyage régulier permet d'évacuer les poussières et autres éléments organiques pouvant endommager les finitions ou favoriser la stagnation de l'eau de pluie.

Par ailleurs, les dégradations des matériaux sont souvent surestimées. On conclut malheureusement trop facilement au remplacement complet d'une pièce de bois endommagée, alors que la grande qualité des menuiseries anciennes réside justement dans le fait que leur construction par assemblage sans colle permet des réparations ponctuelles raisonnables en termes de coût et très efficaces.

L'entretien des joints

Contrairement aux menuiseries actuelles, les fenêtres anciennes ne comportent pas de joint. Toutefois, la qualité de l'ajustement des bois et un bon réglage des crémones, si le système le permet, offrent une étanchéité satisfaisante.


Si l'on souhaite optimiser cette étanchéité, il est possible d'ajouter des joints souples en périphérie du dormant et à la jonction des deux ouvrants, et ainsi endiguer toute infiltration d'air.

Attention

Ce défaut d'étanchéité à l'air permet une ventilation naturelle du logement. En procédant à la pose de joints, il faudra en contrepartie absolument veiller à assurer un taux de renouvellement d'air suffisant.

Pose de joints en périphérie des ouvrants
Réalisation de nouveaux mastics

Liaisons entre verre et bois : les mastics

Le mastic  de vitrier est un mélange pâteux qui durcit à l'air. Il est utilisé pour réaliser la liaison entre le verre et la structure bois. Traditionnellement, il est composé de craie naturelle pilée et d'huile de lin.

Aujourd'hui encore, dans le cas d'entretien sur les menuiseries anciennes à verre simple, il est indispensable de recourir à cette technique bien connue des vitriers. De la qualité de ce mastic dépend une bonne étanchéité à l'air et une bonne protection contre les infiltrations d'eau.

Attention

Dans le cas d'un remplacement d'un verre simple par un verre isolant, le retour d'expérience montre une incompatibilité chimique entre le mastic naturel et l'intercalaire du vitrage isolant conduisant à une accélération des dégradations. Pour éviter ces altérations, il est alors indispensable de créer des canaux de ventilation sur les ouvrants pour permettre les échanges gazeux.

Les renvois d'eau

L'absence de liaison par collage rend les menuiseries anciennes entièrement démontables. Cette caractéristique permet d'envisager des réparations ponctuelles plus aisées sur les pièces les plus sollicitées. L'objectif de ce type d'intervention est de conserver le maximum de la matière originale.

L'enture consiste à remplacer un morceau de matière endommagé ou manquant par un apport sain. Ce type de travail demande donc un grand soin dans l'exécution, mais offre de très bons résultats.

Le renvoi d'eau est la pièce la plus sollicitée par les intempéries, il est donc normal qu'au fil du temps elle se détériore. Trop souvent, l'altération de cette pièce conduit au remplacement complet des fenêtres alors qu'une intervention ponctuelle est possible et raisonnable en termes de coût.

Test de qualité du bois

A l'aide d'un tournevis, exercer une pression sur la pièce de bois. S'il s'enfonce, le bois et pourri. S'il résiste, cela signifie que les altérations ne sont que surfaciques et que le bois est sain à cœur.

Illustration du remplacement ponctuel d'une pièce de bois endommagée

Redressement des ouvrants

Sous son poids propre, il est possible que l'ouvrant s'affaisse avec le temps et que la traverse basse frotte contre la pièce d'appui.

Ce désordre léger peut être corrigé par une remise à l'équerre des assemblages en atelier ou, si le frottement est minime, par un rabotage des pièces en contact.

Traitement de surface inexistant à cause de l'absence d'entretien régulier

Peinture et vernis

Dans la pratique, l'usure des surfaces dépend surtout de l'exposition de la façade. On constate ainsi que les façades sud-ouest sont particulièrement sollicitées.
Contrairement aux idées reçues, lorsque l'entretien est exécuté correctement, la fréquence de ces travaux peut être de 7 à 8 ans. De la qualité d'exécution dépend la pérennité du traitement de surface. Ainsi l'on constate que des menuiseries repeintes régulièrement avec des produits inadaptés peuvent être en mauvais état plus rapidement que des traitements soignés effectués il y a une décennie.

Attention

La peinture doit constituer une couche protectrice mais elle doit également permettre l'évacuation d'humidité à travers le bois.

Les petits bois

A la base, la première raison d'être des petits bois était de réaliser une partition des ouvrants afin de les rigidifier. La seconde était que la taille des verres était très limitée et nécessitait donc une structure intermédiaire. Aujourd'hui, les techniques modernes permettent de s'affranchir de cette contrainte. Pour autant, il ne faut pas négliger leur présence. En effet, dans le cas d'un bâti ancien, cette partition constitue une échelle de détail qui participe de l'harmonie et de la composition des façades. A ce titre, ils ont toujours leur raison d'être.

A l'heure actuelle, la difficulté principale réside dans la relation que ces éléments de menuiserie entretiennent avec les vitrages isolants. Lorsque la partition de la fenêtre fait partie intégrante de l'équilibre architectural de la façade ou de l'aménagement intérieur, apparaissent les limites techniques et esthétiques de la fenêtre à vitrage isolant généralement continu.

Les petits-bois et les croisillons n'ont dès lors plus qu'une fonction «décorative», fixés en applique ou entre les verres. Ceux-ci se résument souvent à une simple baguette, le plus souvent vissée ou clipsée, sans trait commun avec les petits-bois moulurés qu'ils sont censés rappeler. Placé entre les verres, l'ombre portée par le petit-bois qui souligne la subdivision de la fenêtre disparaît. Dans les deux cas, l'absence de concordance entre la technique et l'esthétique crée une ambiguïté du type faux-vieux ou pastiche, qui est contraire aux principes d'intervention sur le patrimoine.

Nous recommandons plutôt la mise en œuvre des petits bois au même nu que l'ouvrant, intégrés au cadre de menuiserie. Dans l'alignement des petits bois intérieurs et extérieurs sera placé un intercalaire teinté, afin de permettre à l'œil de lire une masse continue conformément à la situation antérieure.

Mise en œuvre inappropriée des petit bois, laissant apparaître la continuité du vitrage

La question de la condensation

L'activité humaine au sein des logements génère une quantité importante de vapeur d'eau via notre respiration, transpiration, production de vapeur en cuisine et salle de bain, etc. La quantité d'humidité que peut contenir l'air est limitée en fonction de sa température. A saturation, le surplus se condense immédiatement au contact des parois froides.

Sur les fenêtres dotées de simple vitrage, il est fréquent et normal qu'un tel phénomène apparaisse, car il fait partie du fonctionnement du système d'équilibrage global de l'humidité réalisé dans le bâti ancien qui contribue à maintenir un niveau bas d'humidité relative. La fenêtre joue dans ce cas-là un rôle fondamental de voie d'évacuation du surplus d'humidité.

Attention

Il faudra donc, dans le cas d'une étanchéification de fenêtre existante ou d'un remplacement, mettre en place un système d'évacuation passif ou mécanisé. En l'absence d'un tel système, le surplus d'humidité se fixera sur d'autres parois et pourra créer relativement rapidement des phénomènes de moisissures ou des dégâts sur les maçonneries.

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