Cinéforom: dix ans de mutualisation romande au service de l’audiovisuel

- Catégorie : Actualité et Culture

À l’occasion des dix ans de Cinéforom, la Fondation romande pour le cinéma, les institutions et la branche de l’audiovisuel suisse se sont réunis à Lausanne, en présence des représentantes et représentants des gouvernements des six cantons fondateurs et de la Ville de Lausanne. Revenant sur dix ans de succès en festival, en salles ou à la télévision,

l’événement a été l’occasion de rappeler que la mutualisation des ressources des collectivités publiques romandes et de la Loterie Romande pour la production audiovisuelle a largement porté ses fruits tant pour la branche qui en bénéficie que pour les régions de toute la Suisse romande qui en récoltent le rayonnement et les retombées économiques. La présence de l’OFC et de la SSR-SRG a souligné le rôle indispensable que joue le fonds régional romand comme 3ème pilier du financement de la production. Au lendemain de la victoire de la révision de la Loi sur le cinéma dans les urnes, les différents intervenants et intervenantes de la soirée ont fait un état des lieux des défis pour l’avenir.

Les ministres des six gouvernements cantonaux romands [de g. à d.] Thierry Apothéloz (GE), Sylvie Bonvin-Sansonnens (FR), Cesla Amarelle (VD), Florence Natter (NE) et Mathias Reynard (VS). Photo: J.-B. Sieber

Dix ans de succès des films et séries romands
On se souvient du succès impressionnant de MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras en 2017, ou plus récemment de PRESQUE d’Alexandre Jollien et Bernard Campan qui a ravi le public tant romand que français et qui dépassait même «Spider-Man: No Way Home » au box-office lors de sa première semaine de sortie en France. Près de trente films romands ont obtenu ces dix dernières années une sélection et/ou un prix dans l’un des douze plus prestigieux festivals de cinéma au monde. Pour n’en citer que quelques-uns, MA VIE DE COURGETTE avait entre autres remporté le César du meilleur film d’animation, après avoir
été retenu parmi les nominés à l’Oscar du meilleur film d’animation. En 2018, c’était FORTUNA de Germinal Roaux qui faisait la une en remportant l’Ours de Cristal à Berlin. Quelques années auparavant en 2013, le jeune cinéaste prodige Basil da Cunha créait la surprise à Cannes en remportant la Caméra d’Or avec son premier long-métrage ATE VER A LUZ.

Tous ces films ont en commun d’avoir été soutenus, entre autres, par Cinéforom, comme l’a rappelé son président Jacques-André Maire lors de la célébration organisée pour le dixième anniversaire de la Fondation, avec une année de retard, Covid oblige. La Fondation romande pour le cinéma, créée en 2011, regroupe les financements de l’ensemble des cantons romands, des Villes de Lausanne et Neuchâtel, et de la Loterie Romande pour la production audiovisuelle. La fête, ouverte par le Syndic de Lausanne Grégoire Junod, a réuni au MCBA les représentants des six gouvernements cantonaux romands, leurs cheffes et chefs de service des affaires culturelles respectifs, ainsi que l’ensemble des institutions et associations professionnelles de l’audiovisuel suisse et de nombreuses personnalités de la branche. Nombre d’anciennes et anciens élus et d’anciens chefs de service qui avaient contribué à la création de la fondation ont également fait le déplacement. Plusieurs membres de la direction de la SSR-SRG et de la RTS étaient présents, rappelant les liens forts qui unissent le cinéma et la télévision, concrétisé notamment ces dernières années avec le boom des séries, tels que les succès QUARTIER DES BANQUES de Fulvio Bernasconi ou plus récemment SACHA de Léa Fazer.

Une alliance intercantonale qui profite à la branche et à l’ensemble des régions
En tout, ce sont 760 projets qui ont été soutenus en dix ans, ce qui représente près de 100 millions investis. Cesla Amarelle, Conseillère d’État vaudoise en charge de la culture a pris la parole pour renouveler l’engagement des cantons pour la Fondation et rappeler les retombées économiques de l’audiovisuel pour l’ensemble des régions. Cela avait été confirmé pour rappel par une étude réalisée par Ernst & Young en 2019, qui démontrait qu’un franc investi par Cinéforom provoquait un effet de levier de 3,10 francs dépensés en région. L’audiovisuel est un champ artistique et culturel mais également un secteur économique, a souligné la magistrate vaudoise. Un constat partagé par le secrétaire général de la Fondation, Stéphane Morey, en poste depuis tout juste une année, qui a appelé à la création d’incitatifs économiques en complément au soutien culturel, à l’image de ce qui se fait dans d’autres régions européennes.

Cinéforom est le résultat d’une mutualisation inédite des ressources au niveau romand entre les collectivités publiques et la Loterie Romande, qui auparavant connaissaient chacune leur propre guichet d’aide au cinéma. Les professionnelles et professionnels se sont mobilisés et ont convaincu les autorités de mettre en commun leurs ressources afin de faciliter et dynamiser la production romande. Dix ans plus tard, le constat de réussite de ce pari inédit est unanime.

Le fonds régional, 3ème pilier de l’audiovisuel suisse
En regroupant l’ensemble d’une région, Cinéforom joue le rôle le 3ème pilier de financement des projets romands, après l’OFC et la RTS. Une complémentarité que l’on retrouve à l’échelle européenne qui compte près de 50 fonds régionaux similaires. La vice-présidente de la Fondation, Joëlle Bertossa, productrice chez Close Up à Genève, a insisté sur l’efficacité des mécanismes de soutien de Cinéforom, et l’agilité de leur adaptation constante, rendue possible grâce à une gouvernance partagée entre représentants de la branche et des collectivités publiques au sein du Conseil de Fondation. Cette formule gagnante conjuguée
avec l’engagement de la SSR-SRG dans les séries ces dernières années auront largement contribué à renforcer le tissu de sociétés de production romande.
La nouvelle directrice de l’Office Fédéral de la Culture Carine Bachmann était également présente et s’exprimait pour la première fois face à la branche audiovisuelle depuis sa nomination. Elle a notamment salué le caractère exemplaire de la concertation romande en faveur du cinéma, inédite en Suisse.
Le directeur de la SSR-SRG a également pris la parole. Directeur de la RTS au moment de la création de Cinéforom, Gilles Marchand a été témoin du changement fondamental que la Fondation avait inauguré pour la production romande. Avec son mécanisme de soutien complémentaire aux contrats du Pacte de l’Audiovisuel, Cinéforom est un partenaire indispensable de toutes les coproductions avec la RTS, que ce soit dans le domaine du documentaire de télévision, des films pour le cinéma ou des séries.

Au lendemain de la « Lex Netflix », les défis ne manquent pas
L’anniversaire de la Fondation n’était pas le seul motif de fête. Un peu plus de trois semaines après la victoire de la révision de la Loi sur le Cinéma dans les urnes, la branche de l’audiovisuel suisse avait de quoi célébrer. L’engagement des plateformes de streaming dans la production suisse est désormais inscrit dans la loi, et sera une formidable source d’opportunités pour les productrices et producteurs ainsi que les réalisatrices et réalisateurs. Pour autant, l’impact du
numérique reste un enjeu important pour l’audiovisuel, que ce soit la transformation des habitudes de consommation et la crise des salles de cinéma, ou le formidable potentiel des expériences numériques. Le soutien à la relève notamment dans la transition entre la formation et l’entrée sur le marché professionnel est également un enjeu important pour l’avenir, évoqué lors de la soirée par Elie Grappe, réalisateur d’OLGA, son premier long-métrage sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2021, et lauréat du Meilleur film de fiction aux Prix du Cinéma Suisse 2022. Face aux nombreux défis qui attendent l’audiovisuel suisse et romand dans les années à venir, les institutions et la branche ont affiché leur unité et leur optimisme lors de cet célébration anniversaire.

Communiqué de presse Cinéforom (pdf, 4.54 Mo)

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