Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 8 mars 2022, point 11 de l'ordre du jour

Texte déposé

Toutes les mesures imposées par la pandémie de COVID-19 ont quasiment été levées à mi-février 2022, exception faite du port du masque dans les transports. Les premiers à avoir bénéficié de la levée de ces mesures sont les élèves des écoles vaudoises qui ont ainsi pu abandonner le masque imposé dès la 5P depuis la rentrée de janvier. Dès début février pour les 5-8p et dès mi-février pour plus grands. Le plaisir de retrouver les visages à découvert et les expressions des élèves ne doit pourtant pas faire oublier les souffrances traversées par les plus jeunes et qui pourraient se poursuivre encore au-delà de cette pandémie.

 

Plusieurs études l’ont montré : les jeunes ont subi la pandémie et les mesures qu’elle a engendré de plein fouet et dès les premiers mois de 2020. Toutes les organisations offrant un service à bas seuil – le 147 de Pro Juventute, le site Ciao.ch ou encore Stop Suicide - l’ont relevé : l’évocation de pensées suicidaires a très nettement augmenté dès le premier trimestre 2020 sur tous les canaux de communication de ces organisations, que ce soit les mails, les chats ou encore les appels téléphoniques. Pourtant, ces besoins spécifiques n'ont été pris en compte que tardivement. Il est apparu que les enfants et les jeunes vivaient nettement moins bien la pandémie et les restrictions qui lui étaient liées que les générations plus âgées. Et ce en particulier par rapport à leur santé mentale.

 

Au fil des mois et des études, il s’est avéré que la pandémie a nettement renforcé les inégalités sociales et les facteurs de risques existants que ce soit par rapport à des pensées suicidaires ou à de la violence au sein des familles, ainsi que le relève la Fondation Pro Juventute dans la mise à jour de novembre 2021 de son rapport sur le coronavirus. On constate – peut-on lire dans ce rapport – que « le fossé social se creuse, non seulement en termes de richesse et de revenus, mais aussi en termes de santé psychique. Les enfants et les jeunes socialement défavorisés subissent le fardeau de la pandémie de manière particulièrement forte. Et certains enfants et jeunes subiront des préjudices importants sur le long terme ».

 

En octobre 2021, le constat des difficultés rencontrées par les enfants et les jeunes – notamment concernant la santé mentale – a été posé par un groupe de travail conjoint des départements du DSAS et du DFJC. Un plan d’action comprenant 15 mesures pour un montant de 5 millions a été proposé très rapidement.  Des renforts ont été mis en place dans plusieurs secteurs pour faire face à une nette augmentation de la demande : Consultations psychiatriques et pédopsychiatriques renforcées et mise en place de soutien psychologique aux étudiant.e.s du secondaire II (gymnase et écoles professionnelles) ainsi que d’autres mesures de prises en charge et d’accompagnement.

 

Du côté de la psychologie scolaire, des heures supplémentaires ont été accordées aux psychologues scolaires afin de répondre aux besoins supplémentaires et la procédure d’accès à ces spécialistes a été simplifiée peut-on lire dans la réponse du Conseil d’Etat à l’interpellation Claire Attinger Doepper et consorts, « Urgence Jeunes ».

 

Ces mesures ne sont toutefois que temporaires, alors que les impacts de la pandémie vont se mesurer sur le long terme. Dans les écoles, les professions qui offrent des prestations directes aux élèves – les psychologues, les psychomotricien.ne.s ou encore les infirmières scolaires et les travailleurs sociaux – sont considérés comme du personnel administratif et leur nombre ne suit donc pas la démographie des élèves, contrairement au personnel enseignant. S’il ne suffisait pas à couvrir la demande déjà avant la pandémie, la situation sera encore plus compliquée à l’heure actuelle.

 

 

Au vu de cette situation, nous déposons un postulat pour demander au Conseil d’Etat de nous fournir un état des lieux de la prise en charge des élèves vaudois par les professions de soutien aux élèves (PPLS, soutien socio-éducatif, infirmiers/ères scolaires notamment) dans le Canton en situation post-pandémique en nous indiquant :

 

 

  • Quelle est l’évolution des effectifs des PPLS, du soutien socio-éducatif et des infirmiers/ères scolaires ces dernières années.
     
  • Si ces effectifs permettent une prise en charge adéquate des élèves souffrant des effets de la pandémie ;
     
  • S’il est nécessaire de simplifier encore plus l’accès aux psychologues scolaires même après la pandémie ;
     
  • Enfin, s’il ne serait pas judicieux d’envisager – comme pour les enseignant.e.s – une progression des postes de ces professions parallèle à la progression démographique des élèves.

 

Nous remercions d’avance le Conseil d’Etat pour sa réponse.

 

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Cédric EchenardSOC
Sébastien CalaSOC
Anne-Sophie BetschartSOC
Stéphane BaletSOC
Cendrine CachemailleSOC
Alberto CherubiniSOC
Claire Attinger DoepperSOC
Amélie CherbuinSOC
Sabine Glauser KrugVER
Yves PaccaudSOC
Delphine ProbstSOC
Jean-Louis RadiceV'L
Eliane DesarzensSOC
Vincent JaquesSOC
Muriel Cuendet SchmidtSOC
Pierre DessemontetSOC
Elodie LopezEP
Denis CorbozSOC
Isabelle FreymondSOC
Jean-Claude GlardonSOC
Carine CarvalhoSOC
Felix StürnerVER
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Jean TschoppSOC
Muriel ThalmannSOC
Graziella SchallerV'L

Document

22_POS_10-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Monique Ryf (SOC) —

On le sait maintenant : les jeunes et surtout les plus jeunes ont beaucoup souffert de la pandémie. Ils ont été coupés de leurs groupes habituels et restreints dans leurs mouvements. Les écoles ont été momentanément fermées et ils ont dû porter un masque. Ils ont eu peur pour leurs parents, pour leurs familles et surtout pour leurs grands-parents. Ils ont eu peur de rentrer à la maison avec le virus et de le transmettre aux personnes qu’ils aimaient. Tout cela est ce que l’on a pu apprendre tout au long de la pandémie. Les rapports de Pro Juventute montrent par exemple, sur le premier trimestre de 2021, une augmentation de 40 % par rapport à la même période de l’année précédente des consultations au 147 portant sur des pensées suicidaires, ainsi qu’une augmentation de 47 % des questions portant sur l’automutilation et la scarification. Une augmentation est également très marquée en ce qui concerne les conflits familiaux, que ce soit avec les parents ou avec les frères et sœurs. Le constat de Pro Juventute se retrouve sur la plateforme ciao.ch, avec une explosion des interactions – plus de 500 % ! – depuis 2020. Il en va de même auprès de l’organisation Stop suicide et de la ligne de téléphone pour ados de Malatavie, l’unité de crise pour adolescents des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Si la pandémie s’éloigne et que les masques tombent presque partout, la santé mentale des jeunes ne va pas se mettre au beau fixe du jour au lendemain. Et si des mesures urgentes ont été prises et mises en place, durant la crise, il s’agit maintenant de prêter attention au retour à la normale, en accompagnant celles et ceux qui en auraient encore besoin. Les premières personnes vers lesquelles les jeunes peuvent se tourner sont celles qu’ils rencontrent dans un environnement proche, qui est souvent dans le cadre de l’école. C’est la raison pour laquelle nous demandons, par ce postulat, un état des lieux des personnes qui peuvent soutenir les jeunes dans les écoles – les psychologues ou, mieux encore, les infirmières scolaires. Encore faut-il que ces personnes aient suffisamment de disponibilité.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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