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Séance du Grand Conseil mercredi 9 décembre 2020, point 10 de l'ordre du jour

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RC-20_POS_180

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M. Daniel Ruch (PLR) — Rapporteur-trice

La commission ad hoc s’est réunie le mardi 7 juillet 2020 de 14h00 à 15h00, dans la Salle du Bicentenaire. L’objectif du postulat est d’étudier la possibilité de développer l’agriculture de conservation dans le canton — seuls 5% des terres sont traitées de cette manière actuellement. Le potentiel de cette méthode est intéressant pour capter davantage de carbone. La technique travaille peu la terre, ce qui favorise la couverture du terrain et augmente le taux de matières carbonées dans le sol. Le Plan climat, présenté le 24 juin 2020, repose sur la nécessité de participer à la lutte contre le changement climatique. Dans ce cadre, la préservation des sols constitue un enjeu capital. Les interrogations du postulant sont partagées par le département qui travaille déjà sur le sujet. La restauration des sols dégradés vise à atteindre une certaine valeur organique. Il existe des projets tels que « Sol Vaud » et « Progrès Sol » et des écoles d’agriculture apprennent à protéger le sol. La rotation des cultures et le développement des couvertures végétales sont des pratiques courantes. L’agriculture de conservation suscite un intérêt croissant au sein du monde agricole. Sur le plan climatique, la mise en œuvre de ces pratiques favorise le stockage du carbone organique dans les sols et contribue à l’effort de réduction des gaz à effet de serre.

Dans le canton de Vaud, deux mesures stratégiques du Plan climat concernant les sols résultent de collaborations entre le Département de l’environnement et de la sécurité et celui de l’économie, de l’innovation et du sport. Elles visent à :

  1. préserver les sols naturels, agricoles, urbains et forestiers pour leur conférer résistance et résilience face au changement climatique ;
  2. séquestrer le carbone organique dans les sols pour favoriser une agriculture résistante et résiliente.

Portée par le Département de l’économie, de l’innovation et du sport et le Département de l’environnement et de la sécurité, la mesure repose sur une étude diagnostique des sols vaudois et sur l’établissement de recommandations pratiques qui favorisent cette séquestration. Si la commission accepte le postulat, il sera traité dans les décrets de mise en œuvre du Plan climat qui seront présentés au Grand Conseil.

M. le directeur de la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV) évoque le projet « Sol Vaud », cofinancé par la Confédération, qui s’est déroulé entre 2014 et 2019. Il a concerné mille exploitations agricoles du canton représentant 30 % des surfaces cultivées, avec une série de mesures — techniques de préservation du sol, techniques de semis, pneus basse pression, etc. Il ajoute que la production intégrée (IP) est bénéfique aux terres cultivées, car elle préserve la matière organique carbone, grâce à la présence du bétail. Il note finalement que le monde agricole est déjà bien conscient du rôle primordial de la matière organique pour la qualité des sols.

Mme la conseillère d’Etat indique que le rapport du Conseil d’Etat sur le postulat présentera les résultats de l’étude de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA) et détaillera les mesures du Plan climat, ainsi que leur mise en pratique. Le document exposera aussi les réflexions menées par le gouvernement en collaboration avec les milieux agricoles. Mme la conseillère d’Etat note aussi l’intérêt public qu’il y aurait à montrer que le canton travaille sur ces questions. Deux commissaires professionnels de l’agriculture relèvent que le désavantage de l’agriculture de conservation et du semi-direct est l’utilisation du glyphosate nécessaire pour obtenir un certain rendement. Le postulant confirme que l’utilisation de ce produit est l’une des questions qui restent ouvertes, avec celles de la rentabilité et de la rotation des cultures notamment. La commission recommande au Grand Conseil de prendre en considération le postulat et de le renvoyer au Conseil d’Etat par 4 voix contre 1 et 2 abstentions.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Vice-président-e

La discussion est ouverte.

M. Alexandre Rydlo (SOC) —

Je vous invite à accepter mon postulat. L’agriculture de conservation, parce qu’elle permet de capter le CO2 de manière plus efficace que l’agriculture traditionnelle, est un type d’agriculture dont on doit encourager la pratique, une pratique qui n’est malheureusement pas encore très développée en Suisse, alors qu’elle l’est dans d’autres pays que l’on attendrait pas forcément dans ce domaine, par exemple les USA ou certains pays d’Amérique du Sud. En Suisse, on estime à environ 5%, les surfaces qui sont cultivées de cette manière. Or, en réduisant le travail de la terre pour favoriser le développement de certaines espèces végétales sur les sols, en couvrant végétalement mieux les sols et en améliorant la rotation des cultures, on augmente le taux de matières carbonées dans les champs. De ce fait, on participe naturellement à la réabsorption du CO2 par les sols. Un des éléments essentiels, pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, est d’arriver à réduire le taux de CO2 dans l’atmosphère. Plusieurs moyens existent. L’agriculture de conservation est certainement un des moyens les plus naturels et simples. Par ailleurs, ce postulat s’inscrit très bien dans la stratégie du canton par rapport au Plan climat et à la lecture et l’entente de tous les messages que j’ai reçus de la part de paysannes et de paysans du canton après avoir déposé ce postulat, ce dernier semble le bienvenu.

M. Olivier Epars —

Quinze ans après, les Verts sont heureux de voir arriver un postulat sur ce thème. En effet, à l’époque, notre collègue Bernard Martin avait déposé, à deux reprises, des interventions allant dans ce sens. Malheureusement, celles-ci n’avaient pas été prises en considération par le Grand Conseil. Quinze ans ont passé et, depuis, nous n’avons pas fait beaucoup de choses. Je suis donc bien content de traiter ce postulat et j’espère qu’une large majorité du Grand Conseil l’acceptera pour la préservation de nos sols. Ce postulat n’est pas seulement utile pour piéger le carbone ; il est aussi important pour favoriser des sols vivants. A l’époque, on parlait de compost et désormais on parle de couverture au sol. Je ne me rappelle plus qui a parlé de l’utilisation du glyphosate, mais pas plus tard que samedi passé, j’étais dans le canton du Jura avec ma fille agronome qui me montrait de beaux champs couverts par de l’engrais vert ayant poussé depuis le mois de septembre. Elle m’a indiqué, à cette occasion, que le semi-direct aurait lieu au printemps. Le glyphosate n’est donc pas nécessaire pour nettoyer les champs avant de semer. Je vous invite donc à envoyer ce postulat au Conseil d’Etat, ce qui lui permettra de faire le point de la situation par rapport au Plan climat.

M. Nicolas Bolay (UDC) —

J’annonce mes intérêts : je suis agriculteur pratiquant dès que possible le semi-direct. Le groupe UDC refusera ce postulat. En effet, le Service de l’agriculture a déjà tout mis en place depuis plus de vingt ans. Dans le rapport, on a parlé de tous ces projets tels que « Sol Vaud », etc. Les agriculteurs vaudois travaillent le sol. Ils ont en besoin pour vivre et ils ne sont pas là pour le détruire. C’est notre outil de travail. Il y a déjà des études qui sont mises en place et ce postulat n’apportera rien de plus que du travail inutile à l’administration cantonale.

M. Philippe Jobin (UDC) —

Monsieur Epars, il est clair que vous connaissez le métier mieux que quiconque, étant donné que vous avez une fille agronome que je salue et qui, je l’espère, a beaucoup de plaisir dans son métier. Pour piéger le carbone, il est utile de connaître les points suivants. Vous avez été souvent un pourfendeur du maïs. Or, grâce à sa photosynthèse, le maïs absorbe plus de CO2 et rejette plus d’oxygène que la plupart des autres plantes. Un hectare de maïs produit entre 16 à 32 tonnes d’oxygène. Le maïs produit deux fois plus d’oxygène à l’hectare que la forêt. Comme je ne cesse de le répéter, on a des séparatifs pour les eaux claires et les eaux usées dans l’agriculture, mais aussi de la lumière, etc. Nous avons donc des professionnels qui nous accompagnent et avec lesquels nous travaillons — des ingénieurs agronomes, des docteurs même, que ce soit en malherbologie ou pour les terres — afin de continuer à faire le métier que nous savons faire et, en particulier aussi, à piéger le carbone dans le sol pour pouvoir remettre de l’oxygène dans notre société.

Je suis toutefois un peu surpris par vos prises de position, car j’ai le sentiment que les professionnels que nous sommes sont pris pour des enfants tout juste bons à être gardés et qui s’éparpillent sans surveillance. Or, cela est totalement faux. Nous utilisons aussi des semi-directs et on fait des semis de céréales ou de colza après des engrais verts. Nous connaissons tout cela et il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nous le pratiquons. Vous auriez meilleur temps de vous pencher un peu plus sur ce qui se passe dans votre canton et surtout au niveau des agriculteurs en général. A l’heure actuelle, nous restons à la pointe — je ne veux pas être trop prétentieux — de l’agriculture mondiale, en fonction aussi des nouveautés que nous avons mises en place ces derniers temps. Je vous invite à refuser ce postulat.

M. Eric Sonnay (PLR) —

Eric Sonnay, agriculteur aux Tavernes et qui utilise 95% de son exploitation— élevage, bovins — pour produire du lait. Notre purin et notre fumier sont enfuis dans le sol. Nous labourons donc. Je ne connais aucun agriculteur qui ne protège pas son sol. En tant qu’agriculteur, le sol est mon outil de travail. Aucun représentant de mon métier n’abîme le sol. Monsieur Rydlo, lorsqu’on vient avec un postulat et qu’on demande à des agriculteurs, professionnels de leur métier, de travailler, de ne pas labourer, de faire des semi-directs, et bien, lorsqu’on a du bétail, du fumier ou encore du purin, on doit l’enfuir. Si on veut amener de l’humus dans un sol pour faire vivre notre vert, soit toutes les petites bestioles qui vivent dans le sol, il faut laisser les professionnels travailler la terre. Je vous invite à refuser ce postulat.

M. Claude-Alain Gebhard (V'L) —

Je déclare mes intérêts : je suis agriculteur pratiquant ainsi qu’agronome expérimenté. J’approuve les propos de mes collègues agriculteurs : nos sols agricoles sont précieux, c’est notre plus grand bien et nous cherchons tous à les protéger. Pourtant, il est nécessaire de constater que, depuis la dernière guerre et l’avènement de la mécanique lourde, nos sols se sont appauvris en matière organique, preuve en est l’érosion qu’ils subissent en ces temps d’automne avec les pluies. Vous pouvez tous le constater : plusieurs parcelles sont engorgées, certaines sont victimes d’érosions qui déplacent le sol jusque vers le bassin versant. Comme l’a relevé notre collègue Olivier Epars, l’ex-député Bernard Martin avait déposé devant ce Grand Conseil un postulat allant dans ce sens en février 2007 déjà, postulat hélas resté sans suite à l’époque. Cela ne veut pas dire que nous, agriculteurs, n’avons rien fait. En effet, ces dix dernières années, de grands progrès ont été faits pour ce qui est des travaux réduits du sol, des couverts végétaux et du semi-direct.

Rebelote : début 2020 avec ce postulat de notre cher confrère Rydlo. Entre temps, la question a été soulevée également au niveau fédéral avec le postulat « Séquestration du carbone par le sol » du conseiller national Jacques Bourgeois. Le constat réjouissant que cette question est désormais adressée aussi bien par la gauche que par la droite démontre que le réchauffement climatique est devenu une préoccupation majeure de notre société et dépasse largement les clivages politiques pour converger vers la transition énergétique et écologique ainsi que vers la durabilité. Nous n’échapperons assurément pas aux conséquences graves d’un important changement climatique que nous pouvons tous désormais constater et visualiser très concrètement en observant le dépérissement rapide des sapins blancs, des épicéas et des hêtres en plaine et jusqu’en moyenne montagne, en particulier sur la chaîne du Jura. Ce constat alarmant vaut mieux que mille théories. Il devrait nous inciter à prendre immédiatement les mesures adéquates pour mitiger ce phénomène qui menace gravement les générations futures.

Dans cette optique, il serait grand temps que notre politique agricole vaudoise mette les gaz et fasse pression sur notre politique agricole nationale, avec son paquet de mesures de Politique agricole 2023-2026 (PA22+) pour introduire une contribution financière, par exemple sous forme de paiement direct, pour inciter les agriculteurs — non seulement vaudois, mais aussi de tout le pays — à contribuer efficacement au stockage du CO2, en favorisant l’augmentation de la teneur en humus de nos sols agricoles. Ceci est possible. Ce projet de société permettrait aussi à nos paysans suisses de retrouver un peu d’espoir et de fierté, en contribuant de manière notoire et efficace à un effort global au profit de tous nos concitoyens. Dans cette perspective, le groupe vert’libéral soutient pleinement le postulat Rydlo et vous demande d’en faire de même.

M. Andreas Wüthrich (V'L) —

Il y a beaucoup de manières de travailler nos sols. Concernant la rentabilité, on peut aussi choisir entre plusieurs orientations. Voulons-nous être des parents riches et faire de nos enfants des pauvres ? Selon moi, cela fait longtemps que la décision est prise, et ce en privilégiant les cultures biodynamiques. Sur ce point, j’aimerais vous rendre attentif aux essais DOK de l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique (FIBL) qui ont démontré que l’agriculture biodynamique a permis d’enrichir les sols de matières organiques, alors que toutes les autres méthodes les font diminuer. Cela vaut donc la peine d’envoyer ce postulat au Conseil d’Etat et de demander à ses services d’élargir l’horizon de recherches et de propositions sur d’autres manières de travailler. Il ne s’agit pas simplement de remplacer la charrue par du glyphosate. Pour moi, une telle substitution est exclue.

M. Jean-Luc Chollet (UDC) —

Sans aller jusqu’à citer ce proverbe qui indique « beau mentir qui vient de loin », il m’a semblé entendre citer l’Amérique du Sud comme un exemple d’harmonie entre l’homme, la nature et la terre. Certes, la pampa d’Argentine, avec une production extensive de viande sur des terres qui ne sont pas beaucoup sollicitées et qui n’ont pas vu le socle de la charrue, peut entrer dans cette description. Toutefois, l’Amérique du Sud, c’est aussi la forêt amazonienne qui brûle ainsi que Coca-Cola et Volkswagen du Brésil qui délogent des villages entiers pour faire des champs de centaines d’hectares de soya, tirés au cordeau et réglés au laser, ainsi qu’arrosés généreusement de Roundup, dont nous payons l’opprobre. Si j’en reviens à balayer devant ma porte, je constate que les Verts ont encore une marge de progression et qu’ils pourraient réhabiliter les 444 hectares de la forêt du Jorat qui, si elle était cultivée, soignée comme il se doit, pourrait constituer un piège à carbone à notre porte et qui nous procurerait du bois énergie pour la construction. Nous avons donc passablement à balayer devant notre porte — une porte en bois bien évidemment — et j’en resterai là avec la transmission hasardeuse de ce postulat.

M. Maurice Mischler —

Je déclare mes intérêts : je ne suis que petit-fils ainsi que neveu de paysan. A priori, la paysannerie intéresse tout le monde et pas uniquement les professionnels. Lorsque j’entends MM. Jobin et Sonnay nous dire qu’il faut laisser faire les professionnels ainsi que les gens qui savent, je trouve cette réaction bizarre. Pour ma part, je suis enseignant et on nous donne souvent des conseils en la matière. Si une profession veut évoluer, elle doit écouter ce que disent les gens. De plus, si vous lisez ce que demande le postulat — on a l’impression que c’est simplement un « non » de principe — il est indiqué qu’il s’agit d’évaluer le potentiel de séquestration du dioxyde de carbone, établir un état des lieux et initier, voire développer, un modèle d’agriculture. C’est juste un postulat. L’agriculture, comme un certain nombre de domaines humains, produit du gaz carbonique. Tout le monde — les paysans, les routiers, les producteurs de CO2 — doit s’y mettre. Chers amis paysans, le jour où vous aurez compris que les écologistes sont plutôt vos alliés que vos ennemis (brouhaha)... Votre manière de réagir prouve que vous n’êtes pas encore tout à fait mûrs pour cette réflexion. (Rires). En attendant, vous pourriez avoir l’honnêteté intellectuelle d’accepter un postulat — ce n’est même pas une motion — qui demande une réflexion. S’empêcher de réfléchir à quelque chose est synonyme de se mettre des œillères. Je vous invite à accepter ce postulat.

M. Jean-Rémy Chevalley (PLR) —

Le postulat soulève une question intéressante. Il est vrai que nous avons beaucoup de sols qui se dégradent dans notre pays. Toutefois, on ne cible pas le bon emplacement. En effet, la politique agricole actuelle va exactement dans le sens du postulat. Que veut-on apporter de plus ? Il y a un endroit où l’on pourrait agir : il s’agit de toutes les petites propriétés privées où l’on tond le gazon tous les dix jours. On exporte cette matière organique à la déchetterie, pour ramener des tonnes d’engrais pour faire reverdir tout le jardin. Ne parlons même pas des terrains de golf, de toutes ces grandes propriétés, etc. C’est l’agriculture qui est de nouveau ciblée. C’est également le cas avec les produits phytosanitaires. L’agriculture va actuellement dans le bon sens.

Un chiffre nous indique qu’il n’y a que 5% des sols qui sont préservés. Je ne sais pas où l’on a trouvé ce chiffre, il faudra me donner des indications pour le trouver, car il y a beaucoup plus de terres agricoles qui sont préservées. L’agriculteur n’est pas fou : il sait très bien qu’il travaille sur le long terme et qu’il doit préserver ses sols, s’il veut encore des rendements dans dix ou vingt ans ou lorsque ses enfants reprendront l’exploitation. Je ne comprends pas que l’on revienne sans cesse sur l’agriculture en l’accusant de mal travailler et en lui donnant des conseils. Nous ferions mieux de regarder un peu à côté.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Lorsque M. Martin siégeait au Parlement, j’avais soutenu son texte et cela avait été encore plus difficile à l’époque. J’avais été intrigué par ses propos, mais je restais sceptique. Une des difficultés de notre époque est de ne pas toujours arriver à garder l’esprit ouvert. Avoir l’esprit ouvert ne signifie pas forcément qu’il faut être d’accord sur tout, mais plutôt que l’on est intéressé par une démarche et que l’on se donne la possibilité de l’encourager si elle se montre efficace, et savoir l’abandonner si elle ne l’est pas. Comme vous le savez, j’aime les vieux livres et les vieux papiers. Or, lorsqu’on consulte de nombreux articles sur l’agriculture vaudoise — ce n’est pas pour rien que la Feuille des avis officiels (FAO) s’appelait entre autres Feuille de l’agriculture lorsqu’elle a commencé à être publiée, soit vers 1813, sauf erreur — on peut remarquer la réelle volonté de se montrer curieux et de faire autrement qu’avant, ce qui ne voulait pas dire que les anciennes méthodes étaient forcément fausses. Si ces Vaudois d’il y a deux cents ans étaient capables de se remettre en question, nous devrions également en être capables.

Je pratique un métier où il y a autant de docteurs qu’il y a de Suisses. C’est la même chose pour l’agriculture : il y a autant d’agriculteurs qu’il y a de Suisses. Ce n’est pas une raison pour se fâcher ; restons à l’écoute et sachons, le cas échéant, se départir de ce texte si cela est nécessaire ou le soutenir s’il le faut. Le combat de M. Martin m’ayant toujours été sympathique, je le soutiendrai quinze ans plus tard.

Mme Séverine Evéquoz (VER) —

Ayant repris la finalité du postulat de M. Rydlo, j’ai pu m’apercevoir qu’il proposait quelque chose de très simple. En effet, il propose d’évaluer le potentiel de séquestration du CO2 dans les sols agricoles du canton, d’établir un état des lieux des pratiques actuelles en matière d’agriculture de conservation, de développer un modèle en la matière axé notamment sur la séquestration du CO2 et d’étudier la possibilité de mettre en place des projets pilotes. J’y vois personnellement des éléments positifs, car nous parlons de nous préparer et d’aller de l’avant vers de nouvelles solutions. J’ai été très sensible à la problématique dont on va certainement encore parler cet après-midi, mais pour laquelle le Conseil d’Etat a déjà réagi, il s’agit de la culture de la betterave. Je ne veux pas tout mélanger, mais j’aimerais montrer que l’anticipation est aujourd’hui nécessaire pour que l’agriculture, bien qu’elle soit déjà sous pression et qu’elle connaisse des difficultés, évolue, une marge de progression étant encore possible. Il serait intéressant de pouvoir aller de l’avant sur ces projets pilotes.

Par ailleurs, lorsqu’on parle des sols, il ne s’agit pas uniquement de questions de séquestration. Il faut également penser aux problèmes de compactage du sol, d’érosion et de pertes de matières organiques. Il y a plusieurs problèmes globaux auxquels l’agriculture doit faire face. Pourquoi ne pas aller en direction de projets pilotes permettant de faire avancer le schmilblick ? Une telle perspective serait, selon moi, intéressante. Les représentants de l’agriculture dans ce Parlement devraient plutôt faire bon accueil à une telle proposition, car cela signifie que le souci est partagé et cela vous donne aussi un rôle d’exemplarité et de leader dans ces domaines. Si vous le faites déjà, j’en suis ravie. Toutefois, il reste vraisemblablement des marges de progression et c’est dans ce sens que j’encourage le Parlement à renvoyer ce postulat au Conseil d’Etat et à partir en direction de projets pilotes, car il ne me semble pas que ce soit grand-chose.

M. Eric Sonnay (PLR) —

Ayant été interpellé, je souhaite répondre à M. Mischler. Nous représentons à peine 3% de la population suisse. Nous devons nourrir notre peuple. Actuellement, c’est le cas à 50%. Lorsque j’entends mes deux collègues agriculteurs verts et vert’libéraux indiquer qu’il faut protéger les sols… mais qui le fait mieux que vous, messieurs ? Personnellement, je souhaiterais produire pour nourrir mon pays avec des produits sains. Si nous continuons à produire comme vous, soit avoir du bétail, faire du fumier et du purin — j’espère que vous labourez encore un peu — comment nourrirons-nous notre population ? Lorsque j’entends parler les députés qui se situent à la droite de l’hémicycle dire qu’il faut produire sain, j’ai juste envie de leur répondre que c’est déjà le cas.

Si on continue à écouter certains agriculteurs qui vivent aujourd’hui grâce aux paiements directs, mais qui ne produisent pas assez pour nourrir notre population, il faudra importer des produits qui ne seront peut-être pas sains. On prend l’exemple du sucre et de la betterave. Quand on songe à nos abeilles qui ont faim l’hiver, il faut se rappeler qu’on les nourrit avec du sucre. Quand il n’y aura plus de sucre suisse, on en prendra de l’étranger. Or, le sucre étranger est traité avec des produits qu’on ne veut plus en Suisse. Où est donc le problème ? Je vous remercie de refuser ce postulat.

M. Maurice Gay (PLR) —

J’entends ce discours sur l’agriculture et, pardonnez-moi chers collègues, mais j’ai l’impression d’entendre un débat des archives de la RTS. L’agriculture a évolué depuis longtemps. J’annonce mes intérêts : je suis viticulteur-agriculteur à Nyon et j’ai eu le plaisir de remettre mon exploitation à mon fils qui a 24 ans. Quand je discute avec ses amis ou ses collègues, je peux constater à quel point la nouvelle génération est consciente de la problématique des sols et de leur préservation, ainsi que de la biodiversité. Le débat que nous avons aujourd’hui est un débat d’arrière-garde. L’agriculture a réagi, a fait ce qu’il fallait pour être à même aujourd’hui de préserver nos sols et la biodiversité. Il est dommage de pénaliser l’agriculture avec des mesures prises il y a déjà plusieurs années. Les terres ont une certaine résilience et il faut laisser le temps au temps.

Avec l’agriculture actuelle, il n’est pas nécessaire d’ajouter encore de nouvelles normes, la jeune génération étant dans une autre optique. Il s’agit de personnes qui sont attentives et qui font le maximum pour la biodiversité et la préservation des sols naturels. Je vous invite à refuser ce postulat.

M. Jean-Luc Bezençon (PLR) —

Les propos de M. Mischler relatifs au fait d’écouter les agriculteurs me font bondir. « Ecoutez d’autres personnes », « ne soyez pas fermés à d’éventuelles études ou remarques qu’on peut vous faire ». On ne peut que les écouter et les entendre, car on en a tous les jours. On ne peut pas passer à côté.

Monsieur Mischler, j’ai la chance de connaître votre petit village et je pense que vous n’avez pas assez discuté avec Paul Essert que vous avez bien connu et qui est un homme de bon sens. Il s’agit d’un de mes collègues Expert grêle. Dans le cadre de cette fonction, avec M. Cornamusaz qui pourrait en témoigner, nous avons toujours été intéressés par les nouvelles techniques en matière agricole permettant de diminuer le carbone et de trouver d’autres solutions pour cultiver. Autant Philippe Cornamusaz et moi-même avons beaucoup été en France. Nous avons été confrontés à des agriculteurs français qui ont exactement les mêmes problèmes. Du côté de Dijon, nous avions un collègue, un spécialiste du travail sans labour, qui nous expliquait que nous étions complètement fous en Suisse de labourer autant. Nous avons donc étudié la manière de travailler de cet agriculteur. Il donnait d’ailleurs des cours dans des écoles d’agriculture pour présenter cette nouvelle technique. Lorsque nous avons voulu approfondir, il nous a indiqué qu’il lui fallait 7 litres de diesel par hectare pour pouvoir cultiver ses sols, alors qu’en Suisse nous en sommes à 18-20 litres par hectare. Nous lui avons demandé comment il faisait. Il a répondu qu’il ne faisait pas de labour. Nous l’avons donc questionné sur le traitement des mauvaises herbes. Il nous a indiqué qu’il utilisait entre 10 à 12 litres de Roundup. Il faut donc être conscient que le travail du sol nécessite des frais et du diesel, mais on se passe au moins du Roundup. Tout le monde sera d’accord pour admettre que cette substance doit être abandonnée. Dans l’exploitation de mon fils, cela fait cinq ans qu’il n’utilise plus de glyphosate. Notre collègue de Dijon utilise donc entre 10 à 12 litres de glyphosate par hectare — il s’agit du double de la dose que l’on utilise normalement — uniquement pour ne pas être obligé de labourer, soit de travailler le sol.

Il y a une pesée d’intérêts à faire. Comme l’a indiqué Eric Sonnay, lorsque nous sommes éleveurs de bétail, on a de la matière organique à enfuir dans le sol. C’est de cette manière que l’on préserve le mieux nos sols. Il faut lui donner de la matière organique et ne pas l’asperger uniquement d’engrais minéraux. Votre texte propose de réduire le travail du sol ; or, selon moi, il ne s’agit pas de la bonne solution. Cela fait 20 à 30 ans que nous couvrons nos sols en permanence. En effet, directement après la moisson, on se dépêche d’herser et de semer une couverture, afin de pomper les restes d’azote. Quant à la proposition d’améliorer la rotation des cultures, elle est difficilement praticable. Si vous étiez agriculteur, je vous inviterais à essayer de cultiver de l’orge après du blé ou encore deux ans de pommes de terre d’affilée. La récolte vous fera rapidement comprendre que ce n’est pas la bonne solution. Nous connaissons depuis bien longtemps les rotations de cultures. Je vous invite à ne pas renvoyer ce postulat au Conseil d’Etat.

M. Nicolas Bolay (UDC) —

Pour répondre à M. Gebhard, nous ne voulons pas que des paiements directs. Nous souhaiterions aussi pouvoir nourrir la population, c’est notre métier de base. Par les écoles d’agriculture, par notre formation continue, nous avons appris à travailler le sol, avec du bétail et la nature. Pour rappel, lorsque nous faisons une erreur avec la nature et le sol, on le paie cash. Si vous tassez un sol, il vous faudra cinq ans pour le détasser. Nous respectons donc nos terrains.

M. Philippe Cornamusaz (PLR) —

Je déclare mes intérêts : je suis toujours agriculteur de la Broye, je fais toujours de la betterave et j’utilise toujours 50 litres de glyphosate par année. Je suis sceptique face aux propos de mes collègues agriculteurs, car nous ne sommes plus dans le cadre des débats sur le budget. Il s’agit d’un problème lié à la fixation du carbone et nous avons affaire à un postulat. Celui-ci nous demande un rapport. Nous, les professionnels, nous savons que nous faisons notre maximum envers l’environnement ainsi que le maximum demandé par ce postulat. Pour ma part, je le soutiendrai et je vous demande de le renvoyer au Conseil d’Etat. (Brouhaha)

Mme Sabine Glauser Krug (VER) —

M. Cornamusaz m’a ôté les mots de la bouche. Quelque chose m’échappait dans ce débat : puisque les professionnels sont si efficaces au niveau de la séquestration du carbone, pourquoi s’opposent-ils à un rapport qui devrait, selon toute vraisemblance, valoriser leurs efforts face aux naïfs que nous sommes ? Je vous invite à soutenir cet objet et à le voir comme une opportunité.

M. Andreas Wüthrich (V'L) —

J’ai parlé avant « d’élargissement de l’horizon » pour le Service de l’agriculture. Je souhaite encore faire allusion à un autre aspect de cette problématique. Il s’agit de l’hémorragie que nous vivons depuis des décennies dans l’agriculture, soit trois fermes qui disparaissent par jour en Suisse. Les domaines et les parcelles, les tracteurs et les machines s’agrandissent sans limites. Comment pouvons-nous prendre soin des sols, si on passe deux mètres par-dessus avec des engins pesant des dizaines de tonnes ? Il s’agit d’une autre intervention que je souhaite développer prochainement devant ce Grand Conseil pour proposer des mesures au canton afin de parer à cette problématique. Il faut arrêter cette hémorragie.

M. Alexandre Rydlo (SOC) —

Je ne m’attendais pas à susciter un débat aussi important qui nous a fait passer sur le Roundup, le glyphosate, la politique alimentaire de notre pays et sur le rôle de l’agriculture suisse dans la couverture des besoins alimentaires de notre population. Je suis toutefois content que l’on s’éloigne un peu des sujets de discussion liés au COVID pour revenir sur des sujets pré-COVID. Pour rappel, il s’agit d’un postulat qui ne vise pas à jouer les gardiens de maternelle avec les paysans. J’ai beaucoup de respect pour cette profession et pour ces personnes qui sont absolument indispensables à la vie de notre pays, que ce soit ici en Suisse ou partout dans le monde, car sans nourriture, on ne peut pas vivre. Je connais, dans ma famille, des agriculteurs qui sont aussi confrontés à ce type de problématique, que cela passe par l’exploitation de bétail, la production de céréales et la problématique de pouvoir survivre avec le prix que l’on reçoit pour les produits de nos exploitations agricoles.

Il s’agit toutefois d’un postulat qui vise à élargir les réflexions. Actuellement, cette agriculture de conservation est testée par un certain nombre de paysans, y compris dans le canton — je n’ai pas dit que le canton de Vaud ne faisait pas de l’agriculture de conservation et que les agriculteurs vaudois ne traitaient pas correctement leurs terres. Il y a toutefois encore à faire, le potentiel est sous-estimé, raison pour laquelle je demande dans ce postulat d’étudier ce potentiel. Ces différentes questions rejoignent certaines réflexions du Conseil d’Etat ou respectivement de ses services en relation avec l’agriculture. Il y a donc un potentiel à étudier dans le canton. Notre canton n’est pas le seul à être confronté à cette problématique, c’est aussi le cas des cantons et pays voisins. Le 5% mentionné est une estimation provenant de la profession de manière générale ainsi que des services concernés. Il y a donc un potentiel et notre discussion prouve que le mieux est de partager.

Cet été, lorsque j’étais au service militaire — pour les rares formations qui ont pu faire des services pendant le COVID — j’ai eu l’occasion d’en discuter avec des collègues agriculteurs. Nous sommes conscients que, pour ces derniers, il n’est pas évident de faire un service militaire, surtout lorsqu’il s’agit de travailler et de ramasser des denrées alimentaires. A cette occasion, la jeune génération m’a indiqué qu’il y aurait des discussions et des débats notamment entre les agriculteurs de l’ancienne génération et la nouvelle et que cela provoquerait des remous au Grand Conseil, ce qui n’a pas manqué d’être le cas cet après-midi. Je vous invite donc à transmettre ce postulat au Conseil d’Etat afin que lui et ses services nous fournissent un rapport estimant au mieux les potentielles améliorations en la matière.

M. Daniel Ruch (PLR) — Rapporteur-trice

Je tiens à préciser que j’ai rendu compte de la position de la commission et que je suis le seul à avoir donné un avis contraire. Les demandes du postulant sont déjà prises en compte dans la politique du Conseil d’Etat, avec les deux mesures du Plan climat en particulier. De plus, des projets sont en cours ou sont déjà réalisés. Le monde agricole est conscient qu’il faut ménager les sols. Face à la perte de matière organique dans les terres cultivées, les pratiques agricoles ont déjà changé, par exemple avec les rotations de cultures. Nous nous déclarons favorables au postulat pour autant que le rapport du Conseil d’Etat amène des éléments supplémentaires.

Mme Béatrice Métraux — Conseiller-ère d'État

Je souhaite vous rappeler solennellement que, pour le Conseil d’Etat, la défense de l’agriculteur est très importante. Vous le saviez déjà et nous venons de prendre des décisions récemment, par exemple concernant la betterave. A toutes celles et ceux qui pensent que les agriculteurs sont mal défendus, mal aimés et mal protégés, je souhaite les rassurer en leur indiquant que cela n’est pas le cas au Conseil d’Etat. Dans le cadre du Plan climat, nous visons deux éléments très importants : la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique. Dans ce sens, les enjeux de restauration et de préservation des sols s’inscrivent totalement dans ces objectifs. Nous avons mis en place deux mesures stratégiques :

  • la préservation de tous les sols forestiers, urbains, agricoles et naturels. Il s’agit donc d’une préservation générale pour conférer aux sols de la résistance et de la résilience face aux changements climatiques.
  • la séquestration du carbone organique dans les sols pour favoriser une agriculture également résistante, résiliente et basée sur des sols fertiles à long terme.

Cette dernière mesure est portée conjointement par la DGAV ainsi que par la Division de la Direction générale de l’environnement. Cette collaboration repose sur une étude diagnostique des sols vaudois ainsi que sur l’établissement de recommandations pratiques pour favoriser la séquestration de carbone dans les sols agricoles. On l’a dit, cette étude est menée depuis 2019 par le professeur Boivin de l’HEPIA. Avec les premiers résultats intermédiaires, on estime que 80% des sols cultivés sont en déficit de matières organiques et que le potentiel de séquestration se situe entre 2 et 5 millions de tonnes d’équivalent CO2 à l’horizon 2050. Il est intéressant de souligner que les résultats de cette étude seront notamment déterminants pour développer une stratégie cantonale de séquestration et d’envisager concrètement sa mise en œuvre. Il s’agira toutefois d’une mise en œuvre qui impliquera les associations professionnelles et il n’y aura bien évidemment rien de coercitif. C’est une démarche volontaire. Nous étudierons la définition de « conditions-cadres », « déploiement des mesures incitatives », « établissement d’un partenariat » notamment pour la formation des projets pilotes. Toute cette démarche a lieu en partenariat avec les associations professionnelles.

En outre, toutes les études montrent qu’après la mobilité et les bâtiments, l’agriculture est une source d’émission de gaz à effet de serre dont il convient de prendre en considération l’importance et de trouver des solutions. Je relève également que les mesures du Plan climat que je viens de vous indiquer s’inscrivent pleinement dans la récente stratégie Sol suisse qui a été adoptée par le Conseil fédéral, le 8 mai 2020. Cette dernière contient un volet visant à réduire ou à compenser la perte de matières organiques résultant de l’exploitation agricole. Plusieurs démarches ont été entreprises et, avant de prendre des mesures, il est nécessaire de savoir ce que nous faisons, d’où l’intérêt de l’étude. Le postulat permettra de publier les résultats de l’étude ainsi que d’avancer et de proposer à celles et ceux qui le veulent — je le souligne — des mesures pour la séquestration de carbone. C’est un postulat et nous avons déjà entamé un certain nombre de démarches. Si vous souhaitez obtenir publiquement le résultat de ces démarches ainsi que du travail que nous faisons avec les associations professionnelles et avec les paysans partenaires, je vous invite à suivre les conclusions de votre commission et à renvoyer ce postulat au Conseil d’Etat.

M. José Durussel (UDC) —

Je vous prie de m’excuser d’intervenir après Mme la conseillère d’Etat, mais certains de ses propos m’obligent à reprendre la parole. Si je vous ai bien comprise, je peux en conclure qu’à la fin du rapport, on pourra à nouveau mettre en action un plan financier pour injecter de l’argent servant à promouvoir une certaine idéologie. Il ne s’agit que de cela — on ne traite pas de la betterave aujourd’hui, mais c’est exactement la même chose. On tend vers une immense extensification de notre agriculture et on ne dirait pas que cette année a été difficile, avec des fermetures et des personnes qui se sont ruées vers des commerces pour acheter de la nourriture. Je l’ai déjà dit il y a une année ou deux dans ce plénum : je n’ai pas l’impression qu’il y a des gens qui meurent de faim tous les jours sur cette terre.

M. Philippe Jobin (UDC) —

Madame la conseillère d’Etat, je vous remercie pour vos propos qui se veulent rassurants. En 2019, Sol Vaud, qui entrait dans sa dernière année de test, avait notamment étudié le maintien de la fertilité des sols. Le test s’est déroulé sur plusieurs années et 840 exploitations vaudoises actives pour le maintien de la fertilité de leurs sols ont été recensées. Il y a également des chiffres clés : 26% des agriculteurs vaudois participent au projet Sol Vaud ; en lien, quatorze séances en hiver, etc. Pendant une période de 5 à 8 ans, nous avions établi toute une panoplie de possibilités pour aider les agriculteurs à maintenir la fertilité de leurs sols. C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais indiqué que l’on savait tout, monsieur Mischler. Je n’ai jamais prétendu tout savoir et c’est également le cas des agriculteurs. Toutefois, beaucoup de choses ont été faites et les propositions du postulat ne me semblent pas totalement claires. Ma question est dès lors la suivante : en avez-vous discuté au sein de la commission afin que nous puissions avoir une suite logique qui va plus loin que ce qui se pratique à l’heure actuelle ?

Mme Béatrice Métraux — Conseiller-ère d'État

Monsieur Jobin, il s’agit de tout l’intérêt du postulat. Nous tiendrons compte à la fois des résultats produits par l’HEPIA et le professeur Boivin et à la fois des études dont vous venez de parler. C’est tout l’intérêt de ce postulat.

Pour répondre à M. Durussel, il ne s’agit pas d’argent mis dans un dogme ou des croyances, mais c’est une mesure du Plan climat visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à traiter le réchauffement climatique. Monsieur Durussel, vous êtes agriculteur et vous savez très bien que le réchauffement climatique a une influence sur vos productions et que ce dernier est en train de faire évoluer l’agriculture. Le Conseil d’Etat cherche à accompagner l’agriculture face à ce réchauffement climatique. Il n’y a pas de dogme ni d’argent jeté par les fenêtres. C’est un accompagnement nécessaire, comme nous accompagnons de manière nécessaire toute la politique de transport ou la politique économique. Qu’on le veuille ou non, le réchauffement climatique est présent et on le voit aussi dans le cadre du tourisme. Le devoir d’un gouvernement est d’accompagner les secteurs qui sont en difficulté.

M. François Cardinaux (PLR) —

Il s’agit bien de la dernière intervention puisque j’envisageais de déposer une motion d’ordre. En effet, notre ordre du jour étant bien chargé, une heure de débat me semble suffisante.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Vice-président-e

La discussion est close.

Le Grand Conseil prend le postulat en considération par 67 voix contre 65.

M. François Cardinaux (PLR) —

Je demande un vote nominal.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Vice-président-e

Cette demande est appuyée par au moins 20 députés.

Si vous acceptez la transmission de ce postulat au Conseil d’Etat, je vous invite à voter oui. Si au contraire, vous la refusez, vous devez voter non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, le Grand Conseil refuse la prise en considération du postulat par 69 voix contre 69, la vice-présidente ayant voté en sa défaveur.

*introduire vote nominal

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