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Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 22 juin 2021, point 26 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les temps sont toujours plus durs pour les pêcheurs, le poisson se raréfie, les prises diminuent. Dans le Lac de Neuchâtel, on assiste à une baisse brutale des corégones. Le phénomène s’étend également au Lac Léman pour la perche et l’omble. En fait, le problème est même européen. Les causes sont multiples : réchauffement des eaux, manque d’oxygène, micropollutions, dragages qui détruisent les frayères et prolifération des cormorans.

 

Les cormorans représentant une grand menace pour la pêche professionnelle et la biodiversité piscicole. Les premiers cormorans sont apparus sur les bords du Léman il y a bientôt 40 ans et cela fait déjà 20 ans que les pêcheurs s’en inquiètent sans que de réelles mesures efficaces soient prises. Les estimations de consommation de ce prédateur sont estimées aujourd’hui à 1300 tonnes par an, soit presque huit fois plus que les pêcheurs professionnels. « Selon les pêcheurs, le cormoran serait responsable de la situation à 75%, contre 20% pour la qualité de l’eau et 5% le changement climatique.» Des chiffres toutefois à nuancer avec les micropollutions et la destruction des frayères.

 

« Réapparu en Suisse en 2001, le premier couple de cormorans a fait des adeptes puisqu'on dénombre aujourd'hui 600 couples. Si l'on n'intervient pas, «il y en aura 3000 demain», a avertissait Robert Cramer (Verts/GE) en 2010.» Ce chiffre a été allègrement dépassé puisqu’on atteint aujourd’hui les 5000.

 

« Que le cormoran soit un excellent pêcheur, nul n'en doute. Les Chinois sont passés maîtres dans l'art d'exploiter cette gloutonnerie à leur profit. Dans la région de Quilin, en Chine du Sud, ils lâchent dans le fleuve des oiseaux tenus en laisse. Le palmipède plonge, jusqu'à cinq mètres de profondeur parfois, et regagne la surface avec sa proie dans le bec, qu'un collier l'empêche d'ingurgiter. Mais les pêcheurs européens ne pratiquent pas cet art, et le cormoran est donc devenu pour eux un redoutable concurrent. »3  On peut d’ailleurs émettre l’hypothèse que, dans notre pays, il serait contesté par la Protection des Animaux.

 

Autre funeste conséquence, les cormorans se nourrissent également de petits poissons. Cela signifie que même en cas de diminution de leur population, il faudra plusieurs années avant de revoir plus de poissons adultes dans le lac. Il y a donc urgence à agir !

 

Pour l’année 2020, les tonnages de prises ont augmenté, mais c’est quand même la 2ème année la plus faible pour le Lac de Neuchâtel. L’autorisation de la chasse aux cormorans accordée sur les lacs de Neuchâtel et Morat n’est pas vraiment suivie d’effets. Mais est-ce une surprise ? Les conditions fixées sont très contraignantes pour des raisons de sécurité évidentes. Selon Frédéric Hoffmann, garde-pêche et faune cantonal5, « 60 à 70 cormorans ont été abattus l’hiver dernier. S’y ajoutent une vingtaine abattus par les Neuchâtelois, ce qui reste une peccadille par rapport aux 1060 couples recensés dans la Grande-Cariçaie en 2019. »

 

Des pistes ont été évoquées par les pêcheurs pour améliorer la situation : pouvoir tirer au milieu du lac, même sans avoir de filets immergés dans le secteur ou pouvoir effaroucher les cormorans en tout temps avec des balles à blanc. Mais est-ce bien le rôle des pêcheurs ? L’Association de « Protection des Oiseaux » ne voit pas ça d’un bon œil, dès lors que cela dérange d’autres espèces. Ne faudrait-il pas plutôt d’indemniser les pêcheurs, comme on indemnise les agriculteurs pour les dégâts commis par les sangliers.

Plutôt que de dépenser de l’argent ainsi, ne devrait-on pas plutôt confier à l’Etat la responsabilité de régulariser la population de cormorans qui pourraient ainsi être abattus dans des conditions idéales pour la nature. Ne pourrait-on pas stériliser les œufs de cormorans comme cela se fait notamment en France ?

 

La prolifération des cormorans est préoccupante, pas seulement en Suisse mais dans toute l’Europe. Les dégâts commis sur la faune piscicole et considérable et la biodiversité est elle-même menacée. Sans même parler des dégâts commis aux filets des pêcheurs.

 

Le cormoran n’est toutefois pas le seul problème qui met en péril la biodiversité lacustre et donc l’économie de la pêche. La moule quagga, espèce invasive originaire du fleuve Dniepr, dans l'Est de l'Europe, prolifère dans les eaux du Léman de manière inquiétante.  Selon la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman, elle représente une menace pour la biodiversité des lacs et pourrait entraver la production d'eau potable, la pêche, l'exploitation thermique et les loisirs nautiques.6

 

Autre problème, et pas des moindres, les micropolluants et microplastiques dont la teneur est en progression constante. D’une part, la quantité de résidus médicamenteux7 est préoccupante et d'autre part, selon l’association genevoise Oceaneye, le Lac Léman abriterait quelque 14 millions de microplastiques selon une étude publiée en 2020.8

 

Enfin, l’alevinage en ombles truites et féras est insignifiant pour soutenir l’économie de la pêche qui présente le précieux avantage de pouvoir nous nourrir en ressources locales.

 

Dans ce contexte, le présent postulat demande au Conseil d’Etat de déposer un rapport faisant état des mesures qu’il entend prendre pour résoudre le problème de la diminution de poisson dans les lacs de Neuchâtel, du Léman et de Joux, en particulier pour:

 

pour :
 

-      réduire la destruction des frayères

-      diminuer la population de cormorans

-      lutter contre la prolifération de la moule quagga6

-      prendre des mesures contre les micropullants/microplastiques,

-      renforcer les mesures en matière d’alevinage

-      de manière générale soutenir l’économie de la pêche.

-      venir en aide au pêcheurs en attendant que les mesures précitées  dépollution obtiennent les effets escomptés.

 

Jérôme Christen, Vevey, le 14 juin 2021.

 

1. 24 Heures du 12 juin 2019

 

2. ATS 11 mars 2010

 

3. Le Monde du 24 février 1996

 

4 et 5. 24 Heures du 27 mars 2021

 

6. Communiqué de presse de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman du 19 mai 2020

 

7 Tribune de Genève du 17 septembre 2019

 

8. Le Temps du 15 juillet 2019

 

 

Conclusion

Prise en considération immédiate

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Didier LohriVER
Nicolas BolayUDC
José DurusselUDC
Pierre-Alain FavrodUDC
Céline BauxUDC
Nicolas SuterPLR
Josephine Byrne GarelliPLR
Cloé PointetV'L
Cédric WeissertUDC
Pierre FonjallazVER
Vincent KellerEP
Céline MisiegoEP
Blaise VionnetV'L
Circé Barbezat-FuchsV'L
Jean-François ChapuisatV'L
Jean-Louis RadiceV'L
Claude-Alain GebhardV'L
Yves PaccaudSOC
Sacha SoldiniUDC
Pierre-André PernoudUDC
Philippe VuilleminPLR
Pierre-André RomanensPLR
Patrick SimoninPLR
Werner RiesenUDC
Cédric EchenardSOC
Isabelle FreymondSOC
Cendrine CachemailleSOC
Philippe CornamusazPLR
Jean-Marc Nicolet
Taraneh AminianEP
Florence GrossPLR
Alexandre BerthoudPLR
Jean-Christophe BirchlerV'L
Stéphane MassonPLR
Jean-Marc GentonPLR
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