Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 8 juin 2021, point 10 de l'ordre du jour

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Transcriptions

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M. Hadrien Buclin (EP) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse et me félicite que la solution préconisée dans l’interpellation – à savoir le fait de renoncer à raser la forêt du Flon pour y construire une nouvelle route – ait été finalement retenue par les autorités. Je ne peux toutefois m’empêcher d’exprimer un sentiment de gâchis, lorsque je pense que cette solution, qui semblait pourtant élémentaire en période d’urgence climatique, n’a été retenue par les autorités qu’après de longues années, puisque cela fait en tout cas plus de cinq ans que mon groupe, mais aussi celui des Verts ainsi que divers acteurs du quartier du Flon, critiquent ce projet routier pour son côté passéiste dans le contexte actuel. Finalement, l’obstination des autorités lausannoises et vaudoises durant de longues années à vouloir construire cette route supplémentaire au centre-ville a entraîné un retard très important pour le projet de tram Lausanne-Renens – peut-être Villars Sainte-Croix. De ce point de vue, nous aurions pu nous attendre à une touche d’autocritique dans la réponse du Conseil d’Etat. Toutefois, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Aujourd’hui, cette forêt est sauvée et le projet de tram peut aller de l’avant.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Jean Tschopp (SOC) —

J’habite Lausanne, et la forêt du Flon se situe à mi-chemin entre mon domicile et mon lieu de travail à la Fédération romande des consommateurs (FRC). La forêt du Flon est un espace préservé de nature en ville. En se rendant au Musée historique de Lausanne, on peut contempler la fameuse maquette de la ville, au Moyen-Âge, qui nous rappelle que la rivière du Flon a longtemps coulé à ciel ouvert en pleine forêt, dans un espace qui est aujourd’hui devenu le cœur de la capitale. En parcourant l’ordre du jour du Grand Conseil, nous constatons que les avis divergent sur cette forêt du Flon, entre nature à préserver et une quantité négligeable face au développement souhaitable des infrastructures et du tram Lausanne-Renens attendu depuis longtemps déjà. L’importance de ce biotope a trop souvent été minimisée. Nous devons tirer les enseignements de cet épisode ; nous souhaitons, chaque fois que cela est possible, protéger la biodiversité. Si planter des arbres est judicieux, éviter de raser des forêts est nécessaire, car les villes sont les plus directement ciblées par le réchauffement climatique. Les forêts, même de taille réduite, jouent un rôle tampon sur les températures extrêmes : nous ne pouvons l’ignorer.

Reconnaissons aussi dans ce dossier l’intervention du Conseil d’Etat qui, par la voix de sa présidente, et en partenariat avec le syndic de Lausanne, a entendu les préoccupations légitimes autour de la préservation de la forêt du Flon, a renoncé à la construction de cette route controversée, mis fin à cette procédure et permis au projet de tram d’aller de l’avant. Quant au projet de nouvelle bibliothèque de Lausanne, nous ne doutons pas que des alternatives verront le jour, mais ça, c’est une autre histoire.

Mme Séverine Evéquoz (VER) —

In fine, les Verts sont très satisfaits du dénouement de cette longue histoire. Effectivement, à la fin il y aura un tram, des Bus à haut niveau de service (BHNS) et une forêt. Un dénouement positif qui démontre que des alternatives étaient possibles. J’abonde dans le sens des propos de M. Tschopp. Je souhaite aussi remercier l’écoute active du Conseil d’Etat et de sa présidente. Cela a permis de trouver le compromis qui aurait dû, selon moi et selon beaucoup de monde de mon parti, être identifié au début du dépôt d’un tel projet ; mais évidemment les choses évoluent. Il est positif que nous puissions parfois remettre en question certaines décisions en voyant qu’elles ne sont pas optimales. Je remercie également l’auteur de cette interpellation d’avoir posé certaines questions. Aujourd’hui, nous voyons que la thématique avance, que la nature en ville sera aussi à l’ordre du jour ; cela me réjouit.

M. Jean-Luc Chollet (UDC) —

Il y a un aspect très touchant à entendre ce concert de louanges relatif à une décision qui a conduit à sauver la forêt du Flon. Evidemment, je me demande comment on peut, la main sur le cœur et dans le même souffle, défendre des positions diamétralement opposées. Comment qualifier différemment cette volonté farouche, dont vous vous faites les apôtres, de ne pas toucher à un seul de ces arbres de l’hectare boisé, appelé forêt du Flon, et la désinvolture lourde de conséquences d’abandonner à une mort lente 444 hectares d’une forêt saine, productrice et protectrice, au nom du principe sacré de la biodiversité ? Je n’y comprends rien. Privés de rajeunissement, ces surfaces forestières, de par leur vieillissement, capteront de moins en moins de CO2, rejetteront dans la même proportion de moins en moins d’oxygène dans l’atmosphère et, finalement, en pourrissant sur place, libéreront le carbone accumulé pendant un siècle d’existence.

Certes, la liaison Vigie-Gonin était un projet boiteux ; mais il n’existe pas, à l’heure actuelle, et à ma connaissance, de solutions concrètes permettant d’assurer l’espace dévolu à un tram tout en garantissant un trafic individuel motorisé fluide, et ce, quel que soit le mode de propulsion des véhicules d’aujourd’hui et de demain. Les insectes nécrophages méritent à coup sûr que nous nous préoccupions de leur survie, mais pour l’instant, celle de l’humain me paraît prioritaire.

Mme Nuria Gorrite (C-DCIRH) — Conseiller-ère d'État

Comme vous, je suis heureuse de l’issue de ce long épisode mis à l’enquête à mon arrivée au département, puisque le tram, conçu en 2005, a suivi toutes les procédures, a été mis à l’enquête en 2012. Il pourra débuter ses travaux cette année, le 28 août, très exactement, ce dont nous nous réjouissons toutes et tous. Pour cela, il aura fallu traverser un certain nombre d’écueils faits de positions assez contradictoires, entre celles et ceux qui souhaitaient d’abord construire la route et ne pas supprimer de places de stationnement, et d’aucuns qui souhaitaient évidemment d’abord mettre en œuvre le tram sans construire du tout de route, quels que soient les impacts sur la circulation et sur le fonctionnement de la petite ceinture.

L’Office fédéral des transports, qui approuve les plans de réalisation du tram, a exigé un certain nombre de preuves dans cette procédure, notamment des mesures d’accompagnement à l’insertion du tram qui implique la fermeture de deux axes au trafic automobile, la route de Genève et le Grand Pont.

Je remercie l’invitation de la part du député Buclin à la modestie, même si je puis lui renvoyer la balle. En réalité, vous le pensez bien, il ne suffisait pas d’un coup de baguette magique pour supprimer la rampe Vigie-Gonin. En effet, si cela avait été si simple, pourquoi me serais-je exposée à autant de critiques, pourquoi nous serions-nous embarqués dans une aventure aussi périlleuse, s’il s’était agi uniquement de supprimer la rampe Vigie-Gonin ? Pour construire un tram, quel ministre des transports, dans n’importe quel pays au monde, souhaite d’abord raser une forêt et construire une route ? Si cela avait été si simple, je vous assure que nous ne nous serions pas embarqués pendant de longues années dans cette procédure ; mais cette dernière nous y obligeait précisément.

Il a fallu par conséquent trouver un accord avec les opposants, ces derniers ayant le droit d’aller jusqu’au Tribunal fédéral. C’est précisément parce que nous avons trouvé un accord par le dialogue, par l’ouverture et par un respect mutuel que nous avons pu les uns et les autres trouver des solutions. Je ne me félicite donc pas seulement que nous ayons sauvé la forêt du Flon, mais tout particulièrement que nous ayons trouvé un dialogue de qualité pour réaliser, sans doute, l’une des infrastructures qui va marquer et transformer durablement le paysage de l’agglomération lausannoise et des transports publics vaudois. Je me réjouis que nous ayons trouvé une solution qui préserve une forêt, mais qui nous fait gagner une année de procédure, grâce au fait que nous ayons tendu la main aux acteurs économiques du Flon, aux partis politiques qui souhaitaient que nous renoncions à la rampe, mais aussi aux acteurs économiques de Lausanne, les commerçants lausannois, avec qui nous avons aussi pu nouer un accord et trouver une solution.

Enfin, c’était donc sur l’ensemble de l’échiquier qu’il fallait avancer par des solutions acceptables. Ce sont précisément la modestie et l’écoute, de part et d’autre, qui ont permis de reconnaître un chemin intermédiaire pour que nous puissions toutes et tous nous féliciter, le 28 août, du début des travaux de cette infrastructure, dont nous nous réjouissons aussi beaucoup de voir la fin des travaux, dans cinq ans.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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