Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 24 janvier 2023, point 24 de l'ordre du jour

Documents

Texte adopté par CE - POS Mojon 16_POS_192 - publié

RC - RAP_676175

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Nicolas Bolay (UDC) — Rapporteur-trice

La commission s’est réunie le 13 juin 2022, à noter la prise en considération partielle du postulat en décembre 2016. Je remercie Mme Sophie Métraux pour les notes de séance.

Position du Conseil d’Etat : cette législature a consacré la valorisation de la formation professionnelle. Durant ces cinq dernières années, un programme autour de ces questions a été déployé et une politique publique mise en œuvre au travers de 11 mesures rassemblées sous trois axes :

  1. la promotion de la formation professionnelle à l’école obligatoire,
  2. la lutte contre les résiliations des contrats d’apprentissage et les taux d’échec,
  3. la création de 1000 places d’apprentissage supplémentaires.

Je laisserai le postulant nous expliquer sa position plus en détail. Il remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse et relève que, effectivement, des mesures ont été prises durant cette législature, mais que le verre peut être vu à moitié plein ou à moitié vide. Le point de discussion qui revient régulièrement est que l’apprentissage est encore malheureusement une représentation sociale inférieure aux études. Cela mettra du temps à changer, mais c’est un objectif du Conseil d’Etat et de ses services.

La commission a accepté le rapport du Conseil d’Etat par 10 voix et 1 abstention.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Gérard Mojon (PLR) —

Permettez-moi tout d’abord de déclarer mes intérêts : je suis associé d’une entreprise formatrice ; j’ai consacré – et je continue à consacrer – beaucoup de temps à la formation professionnelle. Je remercie le Conseil d’Etat pour tous les efforts consentis afin de promouvoir la formation duale. C’est important, il l’a compris et il agit. On ne répétera jamais assez que cette filière de l’apprentissage est absolument indispensable au maintien de notre savoir-faire et de notre capacité d’innovation. Elle est l’un des principaux atouts de nos PME qui, je le rappelle, constituent la base même de notre système économique. C’est aussi à ces PME et aux capacités professionnelles de leur personnel que nous devons l’extraordinaire résilience de notre économie vaudoise dont nous sommes si fiers.

J’aimerais relever ici deux éléments particuliers. Le premier a trait à la perception de l’apprentissage. Ce choix de formation est encore beaucoup trop souvent dévalorisé – à tort – dans l’esprit des gens. Le rapporteur de la commission l’a dit. Cette dévalorisation se fait dans l’esprit des jeunes eux-mêmes parfois, dans celui des parents malheureusement beaucoup trop souvent. Aujourd’hui, il faut rappeler que tout est possible à partir d’un apprentissage. Cette filière ne ferme aucune porte, bien au contraire, elle ouvre dès le départ au monde du travail. Nous devons donc travailler à valoriser l’apprentissage afin qu’il ne soit plus un second mais un premier choix. Nos voisins français ont su, par le biais de la notion du meilleur ouvrier de France, mettre en valeur ce travail d’apprentissage sur le lieu de travail. Nous savons également le faire via les SwissSkills. Malheureusement, nos voisins valorisent beaucoup mieux leurs meilleurs ouvriers de France que nous nos champions suisses des métiers. Il y a donc matière à amélioration en matière de perception et de promotion de l’apprentissage.

Le deuxième élément que j’aimerais relever a trait à l’utilisation que l’on fait de l’apprentissage en tant qu’outil d’insertion. Je ne peux que me réjouir des énormes efforts que notre canton déploie en faveur des jeunes en difficulté ou en rupture. Pouvoir les mener à des formations certifiantes constitue sans aucun doute un objectif que nous devons continuer à poursuivre avec persévérance et, en la matière, croyez-moi, il en faut ! Toutefois, nous ne devons pas limiter nos efforts à ces situations particulières. En matière de promotion de l’apprentissage, nous devons aussi agir pour les jeunes qui vont bien et qui représentent la grande majorité de notre jeunesse. Nous devons leur montrer l’attractivité et le potentiel des formations duales ; nous devons les encourager à inclure cette filière dans leur choix potentiel et rendre ceci attractif. Lors de la séance de commission, les collaborateurs du service ont beaucoup insisté sur cette utilisation de l’outil apprentissage à titre d’insertion. Pour moi, l’apprentissage doit d’abord être un choix de formation aussi valorisant que n’importe quel autre. S’il peut être un outil d’insertion, ce ne sera qu’un plus.

En conclusion, mon abstention lors du vote en commission ne vise donc pas les travaux entrepris et que je salue, elle tient simplement à rappeler l’important travail de promotion et de valorisation qu’il reste à faire en faveur de la plus importante frange de notre jeunesse, celle qui va bien.

M. Pierre Zwahlen (VER) —

Il y a un consensus, dans nos institutions politiques, autour de la formation professionnelle et c’est heureux. Les gouvernements se succèdent, mais dans leur programme de législature, dans leurs annonces et effets d’annonces, la formation professionnelle reste une priorité. C’est heureux et nous pouvons nous en réjouir. Il n’empêche que plusieurs problèmes demeurent. Certains viennent d’être évoqués, je n’y reviendrai pas. Il y a une grosse difficulté liée à l’accompagnement des apprenties et des apprentis. C’est vrai, il y a aujourd’hui 350 apprentis pour un commissaire d’apprentissage. Autrefois, il y avait 800 apprentis pour un seul commissaire. Néanmoins, cela ne permet seulement que de travailler dans l’urgence, de répondre à des situations de crise. Malheureusement, cela ne correspond pas à l’accompagnement souhaité.

Il y a aussi cette très longue latence. Aujourd’hui, en moyenne, on commence un apprentissage à 18,7 ans. Cela signifie que, pendant trois ans après l’école obligatoire, les adolescents concernés doivent soit faire des stages, soit accomplir différents parcours qui ne satisfont pas encore leur employeur pour les laisser commencer une période d’apprentissage. Cette exigence d’une maturité personnelle est aussi un frein dans notre canton à la formation professionnelle.

Et puis, il y a ce chiffre très cruel qui est apparu la semaine passée : un apprenti sur quatre connaît une rupture de contrat d’apprentissage. Ce sont des chiffres suisses, je n’ai personnellement pas le chiffre vaudois, mais peut-être que notre conseiller d’Etat pourra nous le donner tout à l’heure. Ce chiffre est aussi préoccupant. Bien sûr, après ces ruptures, les personnes concernées retrouvent en général une voie de formation différente. C’est heureux, mais il n’empêche que ce sont des années perdues. Là aussi, un très gros effort mérite encore d’être fait, nous ne sommes qu’au début de l’ouvrage et nous devons nous encourager à poursuivre dans cette voie.

M. Frédéric Borloz (CE22-27) — Conseiller-ère d’Etat

C’est vrai, nous devons nous encourager, parce ce qu’il s’agira d’un travail de longue haleine. On n’inverse pas des tendances aussi facilement. Je vous ai déjà présenté les chiffres et il s’agit effectivement d’un gros travail. Ce dernier a déjà débuté durant la dernière législature. Les mesures prises alors ont été confirmées, renforcées et complétées. Aujourd’hui, nous essayons de créer une vraie dynamique par rapport à cette formation professionnelle. Bien sûr, il ne faut pas la mettre en deuxième, en troisième ou en premier choix. C’est simplement un choix à part entière. Lorsque l’on sort de l’école obligatoire, on a deux voies pour faire des études : la voie académique et la voie professionnelle. Ces deux voies doivent être présentées à égalité ; elles sont simplement différentes et doivent être valorisées comme telles dans les fondements qu’elles représentent, avec tous les critères de prolongement des études, d’employabilité, etc. C’est également vrai, un gros effort de communication doit être entrepris vis-à-vis des jeunes, mais aussi de leurs parents.

Le nombre important de contrats qui sont rompus durant l’apprentissage nous inquiète, mais nous montre aussi qu’il est très difficile pour un jeune de choisir sa voie lorsqu’il a 15 ans. C’est sur ce point que nous essayerons d’intervenir durant les deux ou trois dernières années de l’école obligatoire pour essayer précisément de donner de l’information sur les métiers aux élèves, pour faciliter leur choix et pour faire en sorte que le choix qu’ils doivent faire à 15 ans soit le plus solide possible. Néanmoins, il ne faut pas non plus se tromper de discours : il faut aussi leur dire qu’ils pourront changer, qu’il y a des passerelles et que le champ complet des formations est à leur portée. Il faut cependant les inciter à faire ce choix assez tôt et à ne pas attendre, année après année, ou passer d’une formation à une autre sans véritablement savoir ce qu’ils veulent faire.

A côté de cela, il existe bien sûr des outils d’insertion, d’aide ou de transition, comme on les appelle. Ces outils continueront à exister, mais c’est la fréquentation même de ces outils par des jeunes qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire qu’il faut essayer d’éviter ou de diminuer, notamment en évitant d’opposer formation professionnelle et formation académique et vice versa. A notre avis, il convient plutôt de dire : moins de transition, plus de formation et ceci, dans l’intérêt même des jeunes.

Pour terminer, vous êtes nombreux à soutenir toutes ces démarches. Vous pouvez vous référer au plan d’action et aux 16 mesures prises. Vous trouverez tout cela sur le site Internet de l’Etat. Je vous encourage à en faire la promotion dans tous les cercles où vous vous trouvez. Je vous en remercie d’avance.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé à l’unanimité.

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