Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 2 mars 2021, point 22 de l'ordre du jour

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Texte adopté par CE

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Stéphane Montangero (SOC) —

Le hasard a voulu que, quelques jours après la réponse du Conseil d’Etat, un séisme se produise sur sol vaudois ; le séisme d’une magnitude de 4 a été enregistré à Montreux. Bien que léger, il a été largement ressenti par la population des environs et a été suivi par plusieurs répliques mineures, pendant plusieurs jours. Cela me conforte dans l’idée qu’une réflexion préventive serait sans doute utile au-delà du Chablais. A ce jour, le plus gros séisme enregistré en Suisse ne s’est pas produit en Valais, mais à Bâle, qui est une autre zone sensible ; c’était en 1356. Dans les Alpes vaudoises, le séisme d’Aigle, le 11 mars 1584, fut le plus important. Rappelons qu’il a causé un glissement de terrain sous la Tour d’Aï qui, trois jours plus tard, a déclenché une avalanche de débris qui a détruit les villages de Corbeyrier et d’Yvorne, tuant plus de 300 personnes, à l’époque.

Or, à la lecture de la réponse du Conseil d’Etat, on est bien loin de « Stupeur et Tremblements », ainsi que des craintes de la communauté scientifique relayées par l’article du quotidien 24 heures des 13 et 14 février dernier. En effet, l’Université de Lausanne organise, tout au long de l’année 2021, des manifestations visant à « maintenir la mémoire du risque auprès de la population. » Il me paraît bon de lire certaines des réponses du Conseil d’Etat avec cet éclairage. Surtout, comme souvent une image vaut mieux que mille mots, je demande que soit affichée la carte parue avec l’article cité. (Un document est projeté.)

Cette carte montre bien où sont les foyers par rapport aux séismes ; l’ensemble du canton est touché, et pas uniquement le Chablais même si, étant plus proche du Valais, il montre effectivement une prédominance. Comme vous le constatez, cela ne correspond pas exactement à ce qui est dit dans la réponse du Conseil d’Etat qui affirme que, dans le canton de Vaud, seul le Chablais est considéré comme une zone à risque. Pour cette raison, il n’existe pas de programme de prévention tel que ceux mis en place dans le canton du Valais.

Si l’Etat n’a pas de programme de prévention défini, il n’est pas inactif dans le domaine pour autant. Il examinera l’opportunité de mettre en place un programme d’information particulier, au niveau scolaire, avec les entités concernées. En gros, on nomme un groupe de travail, qui nomme une commission, qui nomme une sous-commission et circulez, il n’y a rien à voir. Toutefois, nous pouvons fort heureusement lire plus loin : « l’intérêt d’examiner l’opportunité de mettre en place un programme d’information, en particulier au niveau scolaire », et de « lancer la réflexion sur l’éducation au comportement observé, compte tenu du risque sismique dans les régions qui seront identifiées comme telles lors des travaux d’établissement de la cartographie des risques naturels. » Cela nous amène au point précédent.

J’ajoute encore quelques mots sur les réponses aux questions. Par rapport à la première question, on peut dire qu’il est heureux que l’Etablissement cantonal d’assurance-incendie (ECA) ait anticipé le changement de loi et, vu le temps écoulé depuis la réponse qui date de mai 2019, je pense qu’il serait utile de savoir où nous en sommes. Nous venons de voter les 4 millions, mais serait-il possible d’avoir quelques renseignements complémentaires ? Quant à la deuxième question, on peut trouver la réponse un peu bizarre. En effet, la question n’était pas de savoir comment l’alarme était donnée, mais plutôt comment la population était formée au comportement adéquat à adopter, notamment les enfants et les jeunes : ne pas sortir, se mettre sous les tables pour ne pas se prendre des objets sur la tête. On reste donc sur sa faim. Et quant aux questions 3 et 4, je signale juste que, faute d’aller jusqu’à Sion qui n’est tout de même pas si loin, il y a actuellement une exposition à la Vallée de la Jeunesse réalisée en collaboration avec le Centre pédagogique prévention séismes (CPPS) de la Haute école d’ingénierie Valais (HES-SO Valais-Wallis). Je ne puis qu’encourager le public à s’y rendre, surtout que les expositions sont fort heureusement à nouveau ouvertes au public depuis hier. En conclusion, disons que si le canton de Vaud est plus éloigné des failles actives alpines, la géologie s’embarrasse peu des frontières cantonales et qu’à défaut de prévoir, il vaut mieux prévenir et se préparer à guérir. Nous serions heureux d’apprendre prochainement que le Conseil d’Etat a démarré de telles démarches, dans le Chablais en priorité, mais également dans tout le canton.

Mme Muriel Cuendet Schmidt (SOC) —

J’aimerais rapidement intervenir en ma qualité de membre de la délégation vaudoise de surveillance de la HES-SO. Cette interpellation avait essentiellement pour objectif de faire connaître les mesures de prévention entreprises dans les différentes régions à risque et d’attirer l’attention sur l’existence de la plateforme de simulation aux séismes à disposition de la population romande. Elle ne remet nullement en question la qualité des enseignements et de la recherche au sein des six hautes écoles spécialisées vaudoises, ni celles des autres hautes écoles situées hors du territoire cantonal. Pour rappel, la grande force de la HES-SO est la mutualisation des formations et des compétences scientifiques. La présente interpellation visait donc, dans un but avant tout préventif, à encourager les parties intéressées à des compétences très spécifiques, disponibles au sein de la HES-SO, mais au-delà des frontières cantonales puisqu’elles se trouvent en grande partie à la Haute école d’ingénierie Valais. C’est donc un renforcement des synergies qui est visé, synergies qui existent déjà entre différents établissements vaudois de formation tertiaire et ceux du secondaire II, voire même du secondaire I. L’ouverture de ces écoles aux jeunes Vaudoises et Vaudois va d’ailleurs bien au-delà des journées portes ouvertes, ainsi que l’illustre l’exemple de la disponibilité dont fait preuve le corps enseignant de l’UNIL en réponse aux demandes d’entretien dans le cadre des travaux de maturité ou des travaux personnels d’approfondissement. Cela dit, je me réjouis de notre intérêt commun tant scientifique que préventif pour ces phénomènes naturels, ainsi que de notre consensus sur l’utilité de former la population, ce qui est également le cas de l’auteure de l’interpellation.

Mme Béatrice Métraux — Conseiller-ère d'État

En réponse à la question du député Montangero sur l’état de la situation du point de vue légal, je puis vous indiquer qu’au début janvier 2021, une proposition de modification légale a été soumise à mon département. Nous agissons en coordination avec le département de ma collègue Christelle Luisier Brodard, puisque la question concerne à la fois la Loi cantonale du 4 décembre 1985 sur l’aménagement du territoire et les constructions (LATC) et la Loi sur la protection contre l’incendie et les éléments naturels (LPIEN). J’espère pouvoir venir vous présenter cette modification rapidement, mais en toute honnêteté, je ne puis vous dire dans quel sens cela va se produire et si la LATC sera d’abord traitée, ou plutôt la LPIEN. Quoi qu’il en soit, nous y travaillons et vous avez raison : la base légale doit probablement être renforcée.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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