Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 13 septembre 2022, point 6 de l'ordre du jour

Texte déposé

 

Les énergies fossiles sont une impasse pour le climat, la planète, la sécurité et la paix dans le monde. Alors qu’il est urgent d’éliminer rapidement et équitablement le charbon, le pétrole et le gaz à l’échelle mondiale pour répondre aux objectifs climatiques, il n’existe actuellement aucun mécanisme international pour gérer cette transition. C’est ainsi que la proposition internationale de traité de non-prolifération des énergies fossiles a pris beaucoup d’ampleur et est soutenue aujourd’hui par plus de 1300 organisations de la société civile, 3000 scientifiques, 101 lauréats du Prix Nobel et plusieurs anciens présidents. L’objectif de la campagne internationale pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, dont une antenne est présente en Suisse, vise la mise en place d’un mécanisme permettant de gérer une transition juste vers l’abandon du charbon, du pétrole et du gaz.

 

Le traité de non-prolifération des combustibles fossiles (TNPF) est un effort international inspiré par le Traité de Non-Prolifération des Armes Nucléaires de 1968 par une équipe internationale qui a initié ce projet en 2019, dans le but de fournir un nouvel accord international - complémentaire à l'Accord de Paris qui ne mentionne pas une seule fois ni le charbon, ni le gaz, ni le pétrole - pour faire face au principal moteur de la crise climatique : la production de combustibles fossiles. De nombreuses informations à l’égard de ce traité, et son fonctionnement sont disponibles sur le site “https://fossilfueltreaty.org/suisse”. Un appel des parlementaires pour un avenir libre des combustibles fossiles qui circule à l’échelle internationale, est disponible sur le lien suivant : https://www.fossilfuelfreefuture.org/fra 


Le traité a comme objectif principal d’abandonner la production de charbon, gaz et pétrole. Il se base sur les trois piliers suivants : “non-prolifération”, “désarmement mondial” (terminologie à adapter), et “transition juste”. Il s’agit de prévenir la prolifération du charbon, du pétrole et du gaz en mettant fin à toute nouvelle activité d’exploration et de production (non-prolifération); de stopper progressivement la production annuelle de combustibles fossiles, conformément à l’objectif climatique mondial de 1.5°C. (désarmement mondial) ; et de mettre en œuvre rapidement des solutions concrètes pour une transition juste qui profite à tous (transition juste)

 

Les cantons et les communes qui ont adopté ou vont adopter un plan climat sont des acteurs décisifs pour faire émerger un tel traité. Par leurs engagements pour le climat, les cantons ont la légitimité et le devoir d’agir et de demander le déclin négocié et planifié de l’exploitation d’énergies fossiles, ainsi que d'appliquer ses principes dans sa loi cantonale. Le canton de Vaud aurait par ailleurs un rôle à jour pour promouvoir ce traité en Suisse auprès des autres collectivités publiques, et notamment via la Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie, rôle que j'espère qu'il prendra à l'issue de cette motion.

 

Considérant

- la décision du Grand conseil du 19 mars 2019 déclarant l’urgence climatique ;

- l’engagement déterminé du Grand conseil pour atteindre les objectifs de l’accord

de Paris, par l’adoption du Plan climat vaudois première génération en juin 2020 ;

- la contradiction qui consiste à définir et à mettre en œuvre localement des politiques

climatiques ambitieuses tout en laissant la production mondiale de charbon, de pétrole,

et de gaz continuer d’augmenter ;

- le fait qu’il n’existe pas dans la loi vaudoise d’interdiction d’exploration et de production des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) ;

- l’absence de mention du charbon, du pétrole et du gaz dans l’accord de Paris de 2015 ;

- l’existence d’une initiative mondiale pour créer un Traité de non-prolifération des

énergies fossiles 

- l’adhésion de la ville de Genève au réseau de soutien pour le traité de non-prolifération des énergies fossiles le 26 avril 2022

 

La présente motion demande au Conseil d’État, dans le cadre de la révision en cours de la Loi vaudoise sur l’énergie, d’inclure les principes du traité de non-prolifération des énergies fossiles dans les bases législatives :

 

  1. Prévenir la prolifération du charbon, du pétrole et du gaz en mettant fin à toute nouvelle activité d’exploration et de production de ces sources fossiles d'énergie

  2. Stopper progressivement la production et la consommation annuelles de combustibles fossiles, conformément à l’objectif climatique mondial de 1.5°C

  3. Mettre en œuvre rapidement des solutions concrètes pour une transition juste

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Muriel ThalmannSOC
Joëlle MinacciEP
Marc VuilleumierEP
Didier LohriVER
Martine GerberVER
Nathalie VezVER
Monique RyfSOC
Sabine Glauser KrugVER
Jean-Louis RadiceV'L
Vincent KellerEP
David RaedlerVER
Aude BillardSOC
Alberto MocchiVER
Oriane SarrasinSOC
Julien EggenbergerSOC
Cendrine CachemailleSOC
Pierre WahlenVER
Valérie ZoncaVER
Sylvie PodioVER
Théophile SchenkerVER
Felix StürnerVER
Rebecca JolyVER
Géraldine DubuisVER
Hadrien BuclinEP
Yannick MauryVER
Elodie LopezEP
Vincent BonvinVER
Nathalie JaccardVER
Laurent BalsigerSOC
Valérie InduniSOC
Sonya ButeraSOC
Anna PerretVER
Sébastien HumbertV'L

Document

22_MOT_33-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Mathilde Marendaz (EP) —

Quand un produit chimique empoisonne les eaux, on l'arrête ; quand l’eau est contaminée par des produits chimiques, on ne la boit pas ; quand une source d’énergie amplifie le réchauffement climatique et génère des dégâts et des coûts que ma génération devra gérer, on met tout en œuvre pour s’en écarter. C’est le cas des énergies fossiles, une industrie lourde qui est la première cause du dérèglement climatique qui va complètement transformer nos conditions de vie et ravager certains endroits du Monde. Le traité de non-prolifération des énergies fossiles (TNPF) dont je propose d’appliquer les principes à la législation vaudoise a vu le jour en 2019, sur l’initiative d’organisations de la société civile. En effet, l’abandon des énergies fossiles n’est pas prévu dans l’Accord de Paris, alors que le charbon, le pétrole et le gaz représentent 80 % du CO2 émis depuis la Révolution industrielle.

Dans les scénarios du 6e Rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les énergies renouvelables sont les plus prometteuses en termes économique, d’efficacité, de bien-être de la population et de démocratie. Des études montrent un potentiel d’économie d’énergie incroyable, par la rénovation des bâtiments, les pompes à chaleur alimentées par du renouvelable, ou par la sobriété énergétique ciblée sur la surconsommation des grosses entreprises, par exemple. Nous avons une transition énergétique à accélérer et elle ne se base pas sur des énergies qui envoient de nouvelles pollutions atmosphériques ou creusent le désastre climatique.

Selon une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) sortie en juin 2022, au niveau national, le gaz représente 11,9 % de nos besoins en énergie. Il ne sert à rien de souhaiter couvrir le manque de gaz, cet hiver, par des explorations sur notre territoire cantonal qui ne seront en outre pas efficaces avant une dizaine d’années. Voyons la situation comme une opportunité pour accélérer le développement des énergies renouvelables et d’une économie d’énergie planifiée et abandonnons les énergies fossiles. L’étude de l’ETHZ déjà citée indique que la population suisse soutient en grande priorité le développement des énergies éolienne et solaire, avec une sortie consistante des énergies fossiles. Ecoutons la population ! Nous avons un devoir envers ma génération et les suivantes et envers les autres pays, en tant que canton et pays riche, de cesser de creuser le réchauffement climatique. Aucune situation ne justifie de s’abandonner à la facilité fossile, alors que d’autres solutions existent. En soumettant cette motion, je propose que nous nous tournions vers l’avenir, plutôt que nous accrocher à des sources d’énergie passées qui ne feront que creuser les désastres climatiques à venir.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La motion, cosignée par au moins 20 membres, est renvoyée à l’examen d’une commission.

Retour à l'ordre du jour

Partager la page

Partager sur :