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Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 11 mai 2021, point 23 de l'ordre du jour

Texte déposé

La Suisse a ratifié la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) le 15 avril 2014. Celle-ci garantit le respect des droits fondamentaux pour les personnes en situation de handicap et confie aux Etats la responsabilité de leur réalisation progressive. Cet aspect dynamique impose dans notre pays que les différents niveaux institutionnels s’impliquent progressivement en faveur de l’égalité et de la non-discrimination des personnes en situation de handicap. A cela s’ajoute le fait que, depuis 20 ans déjà, l’art. 8 al. 4 de notre Constitution fédérale exige également des législateurs cantonaux et communaux qu’ils prévoient des mesures en vue d’éliminer les inégalités qui frappent les personnes handicapées.

 

Sur le plan fédéral, la loi sur l’égalité des personnes handicapées (LHand) est entrée en vigueur en 2004 et focalise son attention sur l’accessibilité des transports publics ainsi que des bâtiments et prestations destinées au public et, partiellement, de la formation. Cette loi n'empêche pas les cantons d'édicter des dispositions plus favorables aux personnes handicapées, ce que certains cantons ont par ailleurs fait. En parallèle, la loi sur l’assurance-invalidité soutient par l’intermédiaire de l’art. 74 LAI différentes associations actives dans l’intégration ; en sus, le principe de cette assurance est, pour le moins sur le principe, de favoriser l’autonomie des personnes invalides.

 

Sur le plan cantonal, Bâle-Ville a fait office de pionnier en automne 2019 en adoptant une nouvelle loi cadre relative aux droits des personnes en situation de handicap, en étroite collaboration avec la Faculté de droit de l’Université de Bâle. Cette initiative est considérée comme exemplaire par Inclusion Handicap, l’association faîtière des organisations de personnes handicapées.

 

D’ici quelques mois, le Comité des droits des personnes handicapées de l'ONU devrait se prononcer pour la première fois sur l'état d'avancement de la mise en œuvre de la CDPH en Suisse. Il est plus que probable que la mise en œuvre pour le moins lente de la CDPH sera relevée, notamment au niveau des cantons et communes. Notre collectivité a une responsabilité à prendre en la matière.

 

La Constitution vaudoise dispose avec l’article 61 d’un article spécifique sur l’Intégration des personnes handicapées. Il prévoit que l'Etat et les communes prennent en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées et de leurs familles. Ils prennent des mesures pour assurer leur autonomie, leur intégration sociale, scolaire et professionnelle, leur participation à la vie de la communauté ainsi que leur épanouissement dans le cadre familial.

 

Elle est censée être concrétisée par la Loi vaudoise sur les mesures d’aide et d’intégration des personnes handicapées (LAIH). Or, cette loi règle pour l’essentiel de ses articles le fonctionnement et la surveillance des établissements socio-éducatifs (ESE). L’insertion professionnelle et la participation à la vie en société ne sont abordées que de manière très liminaire. La loi ne protège pas les personnes handicapées contre les inégalités et ne leur donne aucun droit lorsqu’elles y sont confrontées.Les partenaires associatifs ne sont évoqués qu’en un bref alinéa très général qui ne liste pas de manière précise ou exhaustive les prestations à garantir. La loi cantonale ne prévoit aucune obligation des communes en matière d’égalité alors qu’elles fournissent quantité de prestations. Aucune obligation des collectivités publiques en matière d’intégration professionnelle ne figure dans la loi. La question de l’accessibilité des prestations des collectivités publiques aux personnes en situation de handicap n’est pas non plus thématisée. Les personnes en situation de handicap sont en outre clairement discriminées en matière de droits politiques.

 

Dans un autre domaine qu’est l’intégration des personnes étrangères, la Constitution vaudoise a suscité l’adoption d’une base légale bien plus détaillée : la loi sur l'intégration des étrangers et sur la prévention du racisme (LIEPR). Celle-ci a clairement défini des objectifs et les compétences nécessaires pour la réalisation de cette politique publique non seulement à l’interne de l’Etat mais également envisagé un soutien des communes. Elle a lancé une dynamique très intéressante, la consolidation d’un fort tissu associatif (prestataires, commission suisses-immigrés) et fortement incité les communes à intégrer cette perspective dans leur travail. La loi définit ainsi des répondants dans chaque commune ; plusieurs communes se sont appuyées sur des structures consultatives pour développer une politique d’intégration qui, en comparaison intercantonale, s’avère exemplaire.

 

Au vu de ce qui précède, le Conseil d’Etat est invité à s’inspirer de l’exemple bâlois et sur l’expérience faite dans le Canton de Vaud par la loi sur l’intégration des personnes étrangères et la prévention du racisme. Pour le motionnaire, il devrait envisager une base légale cadre intégrant une loi spécifique ou/et une refonte de la LAIH. Il veillera à impliquer les milieux concernés, notamment associatifs, dans l’élaboration de cette base légale.

 

Nous demandons au Conseil d’Etat de proposer au Grand Conseil une loi pour réaliser l’objectif d’inclusion, la participation et le respect des droits des personnes en situation de handicap au sens de la CDPH. Il s’agit en particulier de garantir les droits subjectifs des personnes handicapées, resp. de leurs organisations, de fixer les responsabilités tant cantonales que communales dans les différents domaines (participation, mobilité, habitat, communication, travail, prestations sociales, etc…) et de prévoir les soutiens financiers adéquats.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Isabelle FreymondSOC
Nicolas MattenbergerSOC
Yves PaccaudSOC
Céline BauxUDC
Carine CarvalhoSOC
Rebecca JolyVER
Jean TschoppSOC
Alexandre DémétriadèsSOC
Jean-Claude GlardonSOC
Cédric EchenardSOC
Delphine ProbstSOC
Monique RyfSOC
Graziella SchallerV'L
Muriel Cuendet SchmidtSOC
Claire Attinger DoepperSOC
Hugues GanderSOC
Myriam Romano-MalagrifaSOC
Taraneh AminianEP
Eliane DesarzensSOC
Marc VuilleumierEP
Denis CorbozSOC
Vincent JaquesSOC
Sébastien CalaSOC
Pierre DessemontetSOC
Stéphane MontangeroSOC
Stéphane BaletSOC
Muriel ThalmannSOC
Serge MellyLIBRE
Philippe VuilleminPLR
Sébastien PedroliSOC
Alexandre RydloSOC
Alberto CherubiniSOC
Salvatore GuarnaSOC
Olivier GfellerSOC
Valérie InduniSOC
Julien EggenbergerSOC
Daniel TrollietSOC
Jessica JaccoudSOC

Documents

20_MOT_9_Rapport de la commission_Philippe Vuillemin

Objet et développement

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

Nous avons débattu la motion Bouverat au point précédent de l'ordre du jour.

Le Grand Conseil prend la motion Arnaud Bouverat en considération à l'unanimité.

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