C’est une séance un peu particulière qui s’est ouverte jeudi dernier dans la salle plénière du Grand Conseil: 134 élèves de la 7e à la 9e année HarmoS, toutes des filles, ont pris place dans les sièges habituellement occupés par les député·e·s à l’occasion du «Parlement des filles». Cet événement, qui s’inscrit dans le cadre de la Journée oser tous les métiers (jom) / Futur en tous genres, est organisé chaque année par le Bureau cantonal de l’égalité entre femmes et hommes (BEFH), avec l’appui du Secrétariat général du Grand Conseil et le concours de plusieurs député·e·s.
Après avoir ouvert la séance, le président du Grand Conseil, Stéphane Montangero, a accueilli les participantes et leur a expliqué le rôle des institutions parlementaires. La conseillère d’État Isabelle Moret a ensuite pris la parole, soulignant l’importance d’encourager davantage de femmes à s’engager en politique. Une intervention de Maribel Rodriguez, déléguée à l’égalité, ainsi qu’une présentation des activités de la Commission de jeunes du canton de Vaud, représentée par sa trésorière, Thaissa Meyer Soares, sont venues clore la partie introductive de la journée.
Des discussions nourries sur deux propositions
Les parlementaires en herbe se sont alors mises au travail. Réparties en différents groupes et encadrées par des député·e·s, elles ont préparé leurs arguments pour le débat en plénum relatif à deux propositions choisies parmi les thématiques soumises en amont par les élèves.
La première proposition visait à «interdire les fast-food car ils vendent une nourriture malsaine qui rend les gens malades». Les débats ont porté sur la santé de la population et l’importance de manger plus sainement. Plusieurs députées ont estimé qu’interdire les fast-food serait exagéré et conduirait à la suppression d’emplois; d’autres ont souligné qu’une telle nourriture constituait un plaisir occasionnel à conserver. La conseillère d’État a quant à elle rappelé l’impossibilité, pour le Conseil d’État, d’interdire de tels établissements en raison de la liberté de commerce. Un 1er amendement a demandé que les fast-food soient incités à vendre de la nourriture saine, bio et locale avec l’indication d’un nutri-score. Un 2e amendement a réclamé que le Conseil d’État prenne des mesures pour améliorer la prévention de l’obésité et de la malbouffe. Ces deux amendements ont été largement plébiscités face à la proposition initiale d’interdiction qui, au vote final, s’est vue rejetée par 98 voix, contre 2 et 15 abstentions.
Le second débat portait sur la proposition d’«introduire une semaine de 4 jours pour tout le monde, école incluse». Les députées favorables à cette proposition ont argué qu’il était nécessaire d’avoir une journée de repos supplémentaire pour pouvoir mieux se concentrer au travail et avoir plus de temps à consacrer aux loisirs. Pour les opposantes, réduire la semaine de travail à 4 jours rendrait l’emploi du temps encore plus chargé, avec le risque de devoir prolonger la durée de l’enseignement obligatoire ou de réduire les savoirs enseignés. Un 1er amendement a demandé que le jour supplémentaire de congé soit fixé au vendredi. Un 2e amendement a souhaité déplacer le congé du mercredi après-midi au vendredi après-midi pour bénéficier d’un week-end prolongé. La conseillère d’État a rappelé que la proposition initiale ne portait pas uniquement sur l’école et qu’il était impossible pour le Conseil d’État d’imposer une semaine de 4 jours aux entreprises, mais seulement de mettre en place des mesures incitatives en ce sens. Lors des votes, les deux amendements ont été largement balayés, tandis que la proposition initiale a été refusée par 55 non, 38 oui et 5 abstentions. Le vote nominal demandé n’a pas permis de changer la donne.
Les résultats de ces débats seront adressés par courrier au Conseil d’État et à la Commission de jeunes, en les priant d’en tenir compte dans leurs futures réflexions.
De futures politiciennes?
À la fin de la journée, les participantes ont dû se demander si elles comptaient faire de la politique un jour. Sur les 134 filles à avoir répondu, 30 ont dit «oui», 87 «peut-être» et 17 «non».
Cette journée, riche en apprentissages, a été rendue possible grâce à l’accompagnement de député·e·s issu·e·s de tous les partis, que nous remercions pour leur engagement: Claire Attinger Doepper, Laurence Bassin, Florence Bettschart-Narbel, Nicolas Bolay, Cendrine Cachemaille, Alexandre Démétriadès, John Desmeules, Isabelle Freymond, Circé Fuchs, Claude Nicole Grin, Nathalie Jaccard, Laure Jaton, Yannick Maury, Céline Misiego, Yves Paccaud, Sylvie Podio, Sylvie Pittet Blanchette, Cloé Pointet, Graziella Schaller, Patrick Simonin, Marion Wahlen, Valérie Zonca et Pierre Zwahlen.
Les femmes au Parlement vaudois
Actuellement, parmi les 150 député·e·s siégeant au Grand Conseil, 48 sont des femmes, soit un peu moins d’un tiers.
Pour en savoir plus sur le rôle des femmes au sein du Grand Conseil, consultez notre page «Histoire du Grand Conseil».
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