25_INT_132 - Interpellation Pierre Zwahlen et consorts au nom du groupe Vert - Lausanne sous dioxine : décontaminons !.

Séance du Grand Conseil du mardi 7 octobre 2025, point 2.3 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les révélations publiées par la RTS (émissions Forum et Temps présent du 2 octobre 2025) dessinent près d’un demi-siècle de contamination à la dioxine et au furane sur un large périmètre lausannois, autour de l’ancienne usine d’incinération du Vallon. Elles signalent des propos officiels vraisemblablement trop rassurants, fondés sur la base d’une étude d’imprégnation peu consolidée, à la méthodologie contestée par des experts internationaux.

La dioxine est un polluant organique toxique, qui demeure dans l’environnement pendant longtemps. Issue de la combustion incomplète des déchets notamment, elle s’est déposée depuis 1958 sur les végétaux, a pénétré profondément les terres et les racines, a contaminé les œufs de poule tout particulièrement. Elle est cancérogène, peut affecter le système immunitaire, la peau, le foie, le système endocrinien et reproducteur. Les catastrophes de Seveso (au nord de Milan) en 1976, de Maincy (au sud de Paris) en 1977 et en Belgique en 1999 rappellent l’importance des moyens à mettre en œuvre en faveur de la santé publique.

Les prélèvements indiquent des taux de dioxine alarmants, jusqu’à 32 fois la norme autorisée de 20 nanogrammes par kg de terre, selon l’ordonnance fédérale Osol. A la Sallaz, le taux de contamination serait encore douze fois supérieur à la norme. Habitant à proximité de l’incinérateur, plusieurs personnes, dont certaines ont témoigné devant la RTS, souffrent ou ont souffert de cancer ou d’autres altérations. D’autres seraient décédées de maladie précoce. 

Malgré des consignes de prudence affichées, de jeunes enfants jouent encore à mains nues avec la terre ou la végétation dans la zone sensible. L’usine du Vallon a continué d’incinérer des déchets jusqu’en 2005, alors que le danger était connu des autorités cinq ans plus tôt au moins.

Les travaux d’assainissement coûteraient plus de cent millions de francs et s’étendraient sur 240 hectares (3000 parcelles) durant dix à quinze ans. La confédération accepte de financer 40% des coûts de décontamination. L'interpellation de notre collègue Hadrien Buclin de mai 2024 (Pollution aux dioxines: le Canton doit reconnaître ses responsabilités et agir) n'a pas encore trouvé de réponse. Afin d’éviter d’autres victimes, il faut décontaminer sans plus tarder, en répartissant les coûts restants entre la ville et le canton.

Nous posons dès lors les questions suivantes au Conseil d’Etat :

1. La durée d’assainissement, prévue jusqu’en 2040, peut-elle être drastiquement raccourcie à des fins de santé publique, à commencer par la zone prioritaire ?
2. N’y a-t-il pas lieu d’examiner médicalement toutes les personnes qui le souhaitent dans le périmètre à risques, afin de prévenir d’autres cancers et pathologies ?
3. Une étude sanitaire, validée selon les normes scientifiques internationales, ne devrait-elle pas être conduite auprès des habitantes et habitants de tous âges du périmètre affecté - avec un groupe comparatif qui n’a pas été exposé à la dioxine ?
4. Une analyse du registre vaudois des tumeurs éclairerait-elle l’incidence des cancers dans le périmètre comparée à l’incidence moyenne cantonale depuis 1974 ?
5. Le dialogue avec les associations et la population concernées peut-il s’établir dans le souci de la santé et de l’environnement ?
6. Depuis la découverte de la pollution en 2020, de nouveaux reports des travaux de décontamination n’impliquent-ils pas la responsabilité des pouvoirs publics à l’égard d’enfants ou d’adultes atteints ou bientôt atteints dans leur santé ?

Conclusion

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