24_LEG_178 - EMPD accordant au Conseil d'État un crédit d’étude de CHF 3'200'000.- pour financer les études du nouveau centre d’essais et de recherches agricoles à Grange Verney, Moudon (1er débat).
Séance du Grand Conseil du mardi 3 juin 2025, point 17 de l'ordre du jour
Documents
- Texte adopté par CE - Centre d'essais agricoles Grange Verney - publié
- Rapport de la commission - RC 24_LEG_178 - Nicolas Glauser
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa commission s’est réunie le 25 février 2025. Mme la conseillère d’Etat, Isabelle Moret, cheffe du Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine (DEIEP) était présente, accompagnée de M. Pascal Hottinger, directeur général de la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV), de M. Pierre de Almeida, directeur général de la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP), et de M. Claudio Iglesias, directeur de la Direction de l’ingénierie, de l’architecture et de la durabilité (DIAD-DGIP). Le secrétariat était assuré par Mme Fanny Krug que je remercie pour ses notes de séance.
Le directeur général de la DGAV indique qu’il s’agit d’un premier pas pour aller de l’avant vers un projet des « Agripôles » qui consiste à retravailler les sites d’enseignement des métiers de la terre, les terrains d’essai et une ferme. Le futur de ces terrains d’essai et de cette ferme sera un centre d’essai et de recherche agricole. Le crédit d’études proposé concerne cette partie du projet des « Agripôles », à savoir pour le centre d’essai et de recherche agricole à Grange-Verney. Cependant, d’autres sous-projets des « Agripôles », connexes, ne font pas l’objet de la présente discussion.
Lors de la discussion générale, de nombreux députés se réjouissent de voir enfin ce dossier avancer. Dans l’examen point par point, un député indique que le projet de décret du projet « Agripôles » comprend trois sites développés en parallèle, un à Changins et deux à Moudon. Le projet de décret traite uniquement d’une partie du site de Grange-Verney. Il demande un état des lieux, des réflexions par rapport à ce qui se fait à Changins et sur le site de la gare, à Moudon. Le directeur général de la DGAV explique que le centre de compétences pour le système alimentaire se trouve à Moudon et, pour les boissons – ce qui se boit et se fermente – à Changins. A côté du centre de recherche se trouve l’école de Grange-Verney qui est actuellement très énergivore et dont il s’agit d’assainir les bâtiments, éventuellement de les adapter pour accueillir les classes supplémentaires déplacées de Marcelin. Quant au site de la gare de Moudon, il implique étroitement la DGAV et le Service de la promotion de l’économie et de l’innovation (SPEI) avec la possibilité d’y installer le siège de la DGAV dans l’optique d’accélérer la dynamique du système alimentaire sur ce site. Actuellement, une quarantaine de PME sont déjà actives dans le système agroalimentaire sur le site de la gare et aux alentours.
En investissant dans la région, l’Etat vise à créer un effet catalyseur et à attirer d’autres entreprises. Cela fonctionne déjà ; un dynamisme est observé. La cheffe du DEIEP explique la volonté relative à des pôles d’innovation dans plusieurs domaines ; un potentiel autour de la nourriture existe clairement. La Swiss Food & Nutrition Valley (SFNV) a été fondée récemment par le Canton de Vaud. Il s’agit d’un écosystème autour de l’innovation dans le domaine de la nutrition et qui s’intéresse aussi aux questions de la durabilité. La cheffe du DEIEP a souhaité un rapprochement entre la SFNV et le monde agricole. Le potentiel économique semble important avec des enjeux comme l’augmentation de la population et l’approvisionnement de la population en nourriture. L’idée consiste à créer un écosystème d’innovation autour de Moudon, à l’instar du parc suisse de l’innovation autour de l’EPFL.
Un député s’interroge sur les motifs de 5 projets de décret, alors que l’on connaît déjà le coût du projet. Le directeur de la DGIP explique que chaque projet est unique et doit être étudié dans sa particularité. A cet égard, le projet qui nous occupe actuellement – à savoir le crédit d’études pour financer les études du nouveau centre d’essai et de recherche agricole à Grange-Verney – est très spécifique. Les autres projets, comme le bâtiment administratif à la gare, n’avancent pas au même rythme : il faut acheter des terrains et discuter avec la commune. Ainsi, les temporalités sont différentes, c’est pourquoi les projets de décrets ont été séparés de la manière la plus rationnelle possible. En outre, l’avantage de projets de décrets séparés consiste à permettre, si besoin, de retarder l’un d’eux. Et la DGIP doit aussi suivre les projets. Par conséquent, avec un seul projet de décret, un recours pourrait retarder le projet entier. L’avantage de plusieurs projets de décrets réside dans le fait que chacun peut avancer à son propre rythme.
Le premier projet de décret concerne le concours d’architecture pour le développement du centre agricole. Ce crédit, relatif au bâtiment administratif de la DGAV à Moudon, est prévu pour le quatrième trimestre 2025. Un député demande quel est l’horizon temporel pour la mise en place de ces nouveaux bâtiments. Il relève que d’autres institutions sont présentes dans les locaux de Grange-Verney. Le directeur général de la DGAV relate avoir des contacts avec ces autres entités afin de trouver des solutions. On s’efforce de garder ces institutions importantes dans la région.
Une députée relève que le taux d’approvisionnement actuel est inférieur à 50 %, or, 60% seraient un minimum. Elle souhaite savoir comment cela sera mis en place dans le projet de centre de recherche présenté, l’objectif étant de produire plus de moyens avec moins de ressources.
Un député demande comment sont imaginées les relations entre le futur centre d’essai d’enseignement agricole. Le directeur général explique que l’un des buts d’un centre d’essai est de produire de la vulgarisation, de la formation continue comme la Journée grandes cultures (JGCB). Il existe, aujourd’hui déjà, des relations entre la recherche et les actions, la formation continue d’entrepreneurs d’adultes et la formation de base des jeunes. Et cela fonctionne très bien. L’idée consiste à construire sur ce modèle plutôt que de réinventer la roue.
Un député s’interroge sur l’état des réflexions par rapport au chauffage des bâtiments compris dans ce périmètre du concours. Pour le directeur de la DGIP, le projet permet d’être innovant pour l’énergie. Une étude est en cours riche du souhait d’un bâtiment entièrement autonome en matière de chauffage. La volonté est une relation avec le chauffage à distance de la commune ; les échanges sont en cours.
Pour le programme des locaux, il est important de permettre aux infrastructures de s’adapter à la production. Concernant les accès, les transports publics ne sont pas adéquats pour les élèves qui doivent se rendre au cours : ils prennent plus de deux heures. Ainsi, des places de stationnement doivent être en adéquation avec le nombre d’élèves en provenance des parties éloignées du canton. Il faut prendre en considération le fait que le transport public n’est pas simple.
Quant au risque de non-réalisation du projet, au vu de l’état de vétusté des bâtiments de Grange-Verney, un député demande au cas où le projet devait ne pas se réaliser ou s’enliser, quel serait le risque pour l’exploitation agricole. Le directeur général de la DGAV informe que ce risque est élevé. Les installations sont vétustes et non conformes. Le Canton investit beaucoup pour aider l’agriculture à rénover ses infrastructures, mais il n’a pas pu investir pour ses propres infrastructures. Il s’agit maintenant d’y remédier.
En conclusion, les articles 1, 2 et 3 ont été adoptés à l’unanimité tout comme l’entrée en matière.
La discussion sur l'entrée en matière est ouverte.
Voici enfin le premier pas vers le projet « Agripôles », initialement « Imago », découlant du postulat de 2010 de M. Jacques Nicolet et consorts, qui s’intitulait « Perspectives et avenir de la formation professionnelle agricole dans le canton de Vaud ». Tout ceci concerne les sites d’enseignement des métiers de la terre, les terrains d’essai ainsi qu’une ferme. Le crédit d’études qui nous est présenté ce jour concerne une petite partie du projet « Agripôles », plus spécifiquement les études du nouveau centre d’essai de recherche agricole à Grange-Verney, situé sur la commune de Moudon, ce qui m’amène à déclarer mes intérêts – pour autant que ce soient des intérêts. En effet, comme vous le savez, je viens du monde agricole : je suis paysanne et fière de l’être, habitant à 4 km de Grange-Verney, avec le cœur à défendre cette belle profession agricole.
Cela fait des années – beaucoup trop – que ce monde agricole attend avec impatience que quelque chose se passe pour la formation professionnelle agricole vaudoise, et plus particulièrement sur le site de Grange-Verney, site qui a été choisi parmi d’autres propositions. Le canton de Vaud étant le deuxième plus grand canton agricole du pays, nous devons rapidement concrétiser ces projets afin de montrer et prouver qu’il y a une réelle volonté d’aller de l’avant. D’autres projets de décrets concernant ce même projet devraient suivre d’ici 2027-2028.
Enfin, je remercie M. le président rapporteur du jour pour son excellent rapport et pour les détails mentionnés concernant les prochains projets de décrets. Vous n’ignorez pas que, sur le site de Grange-Verney, plusieurs associations ou sociétés ont leur bureau ou une antenne. Ces derniers vont devoir quitter les lieux pendant les futurs travaux. Par conséquent, au nom du groupe UDC, nous invitons le Conseil d’Etat à tout mettre en œuvre afin d’accompagner dans leur recherche de nouveaux lieux d’accueil les diverses associations ou sociétés qui doivent quitter le site de Grange-Verney durant les travaux. Je sais d’ailleurs que certaines interventions ont été faites, et je remercie le Conseil d’Etat pour cela. Vous l’aurez compris, ce dossier est urgent, ce que la commission a parfaitement compris. Par conséquent, elle s’est montrée unanime en acceptant l’entrée en matière et les trois articles de ce décret. Je vous remercie d’en faire de même.
Tout d’abord, je déclare mes intérêts de paysanne professionnelle, même si je prends la parole au nom du groupe PLR. Le projet « Imago » commence enfin à sortir de sa chrysalide. Oui, en biologie, l’imago désigne le stade final de la métamorphose de l’insecte ailé, tel que le papillon. Ainsi, la présentation de ce projet de décret est un début pour aller vers l’un des projets « Agripôles » qui suivront, je l’espère, à la suite de celui-ci. Mais nous voilà enfin avec un peu plus de concret ! Même si ce crédit d’études ne concerne que la partie des « Agripôles » pour le centre d’essai et de recherche agricole à Grange-Verney, cela s’avère déjà davantage que ce que nous avons eu jusqu’à maintenant, et que nous attendons depuis déjà plus de… 15 ans ! Mais il faut bien un début pour que l’avenir se réalise et que le papillon puisse prendre son envol. Si le groupe PLR restera attentif à ce que les ETP nécessaires à cet envol ne soient pas prolongés inutilement, c’est à l’unanimité qu’il soutiendra ce projet de décret et vous recommande d’en faire autant.
Je déclare mes intérêts comme municipal de la commune de Moudon et, évidemment, très intéressé à voir se développer l’« Agripôle », tel qu’il a été prévu, notamment dans le premier crédit d’études de 400’000 francs. Nous devons soutenir ce projet qui est très cohérent, triphasé. Toutefois, ces triphases s’expliquent, comme l’a rapporté très clairement le rapporteur. La DGAV a déjà mis en culture un certain nombre de céréales et d’autres éléments, il faut effectivement que le projet se développe. A cet égard, nous avons toutes et tous été invités à la journée des grandes cultures. Nous avons franchi le premier pas du développement de ce pôle, les deux autres suivront. Par conséquent, au nom des Verts, je vous invite à soutenir très largement ce projet.
Ce projet de décret propose d’accepter un crédit d’études de 3’200’000 francs pour le nouveau centre d’essai et de recherche agricole à Grange-Verney, à Moudon. Les discussions et les questions ont été nombreuses lors de la séance de la commission. Le rapport de cette dernière reflète celles-ci de manière très complète. Cependant, je souhaite relever les points suivants. L’ensemble des projets « Agripôles » représente un montant d’investissement de 126’200’000 francs qui se répartit en 5 projets de décret distincts, qui pourront avancer selon leur rythme propre, sans forcément être co-dépendants. Cela implique que le Conseil d’Etat a la possibilité de fixer des priorités dans ces 5 projets ou d’en ralentir certains en fonction des finances du canton, par exemple. Cela signifie aussi que si l’un de ces 5 projets devait être refusé par notre plénum, cela ne mettrait pas en péril la réalisation des 4 autres. En cela, cette manière de procéder est plutôt intéressante. Cependant, ce découpage peut aussi rendre difficile l’appréhension de la vision d’ensemble de la stratégie du Conseil d’Etat concernant l’enseignement des métiers de la terre.
Au-delà de la question de la vision du canton, il est aussi important de rappeler que les bâtiments du site de Grange-Verney sont vétustes. Ils ne sont plus aux normes pour continuer à être exploités. Cette mise aux normes touchera non seulement les aspects techniques et physiques des bâtiments, mais aussi l’aspect énergétique : l’aspect de la durabilité a été complètement pris en compte dans l’emploi de matériaux, tels que l’utilisation de bois bostryché vaudois, ou encore la recherche d’autonomie énergétique des bâtiments.
Ainsi, la commission s’est montrée unanime et a soutenu l’entrée en matière, et je vous demande, au nom du groupe socialiste, d’en faire de même.
La discussion est close.
L’entrée en matière est admise à l’unanimité.
Le projet de décret est adopté en premier débat.
Au vu de cette belle unanimité, je demande un deuxième débat immédiat.
Retour à l'ordre du jourLe deuxième débat immédiat est admis à la majorité des trois quarts (103 voix contre 1 et 4 abstentions).
Deuxième débat
Le projet de décret est adopté en deuxième débat et définitivement par 115 voix.