24_MOT_12 - Motion Jacques-André Haury et consorts au nom groupe vert'libéral - Pour un itinéraire cyclable entre Aigle et les Diablerets par la rive gauche.
Séance du Grand Conseil du mardi 29 avril 2025, point 16 de l'ordre du jour
Texte déposé
Historiquement, le chemin reliant Aigle au Sépey et aux Diablerets empruntait la rive gauche de la Grande-Eau. C’est cette rive qui a été choisie pour la réalisation du train Aigle-Sépey-Diablerets, inauguré en 1913.
Entre 1836 et 1840 fut construite la route actuelle le long de la rive droite de la Grande Eau. Depuis lors, c’est cette route qui bénéficie d’entretien et d’améliorations régulières, y compris les chantiers répétitifs visant à contenir le glissement de la Frasse.
En revanche, le vieux tracé de la rive gauche est demeuré juste carrossable, à l’exception d’un tronçon de 1 km environ, à la suite d’un glissement de terrain, à la hauteur du Pont de la Tine. Par ailleurs, il n’y a pas de cheminement sur 3 km environ, entre les Planches et les Echenards ; au-delà, une petite route permet d’accéder aux Diablerets, toujours par la rive gauche.
La situation est telle que les cyclistes, toujours plus nombreux, qui désirent se rendre dans les Ormonts utilisent la route de la rive droite. Or cette route, déjà connue pour les nombreux accidents qui s’y produisent chaque année, est particulièrement dangereuse pour les cyclistes eux-mêmes et pour les véhicules qui ne peuvent les dépasser sans prendre de grands risques.
Achever l’itinéraire cyclable par la rive gauche, soit rendre praticable pour les vélos quelque 4 km sur les 20 km séparant Aigle des Diablerets, aurait plusieurs avantages : assurer la sécurité des cyclistes et, par voie de conséquence, celle des autres usagers ; offrir aux cyclistes un parcours presque entièrement ombragé, alors que la route actuelle est particulièrement exposée au soleil.
Cet itinéraire est-il réalisable ? S’il a été possible en 1913 de faire passer un train sur la rive gauche de la Grande-Eau, on peine à imaginer qu’il ne soit pas possible, 120 ans plus tard, d’y faire passer des vélos !
Signalons enfin que le développement d’un long parcours cycliste, quasiment en site propre, d’Aigle aux Diablerets contribuerait à renforcer l’image de cette ville comme « Centre mondial du cyclisme ».
Par cette motion, nous demandons que le Conseil d’Etat soumette au Grand Conseil un décret de financement total ou partiel de cet itinéraire cycliste.
Conclusion
Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Didier Lohri | VER |
Aurélien Clerc | PLR |
Alice Genoud | VER |
Nathalie Vez | VER |
Valérie Zonca | VER |
Vincent Keller | EP |
Felix Stürner | VER |
Pierre Fonjallaz | VER |
Nathalie Jaccard | VER |
Pierre-André Romanens | PLR |
Sabine Glauser Krug | VER |
Oscar Cherbuin | V'L |
Yolanda Müller Chabloz | VER |
Anna Perret | VER |
Sébastien Humbert | V'L |
David Vogel | V'L |
Blaise Vionnet | V'L |
Jean-Marc Udriot | PLR |
Graziella Schaller | V'L |
Cloé Pointet | V'L |
Sylvie Podio | VER |
Andreas Wüthrich | V'L |
Josephine Byrne Garelli | PLR |
Pierre Zwahlen | VER |
Aurélien Demaurex | V'L |
Yannick Maury | VER |
Circé Fuchs | V'L |
Rebecca Joly | VER |
Théophile Schenker | VER |
Grégory Devaud | PLR |
Cédric Echenard | SOC |
Jerome De Benedictis | V'L |
Vincent Bonvin | VER |
Sergei Aschwanden | PLR |
Elodie Lopez | EP |
Kilian Duggan | VER |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa commission s'est réunie le jeudi 21 mars 2024. Je tiens à remercier M. Cédric Aeschlimann, secrétaire de commission, pour son professionnalisme et sa collaboration. Le motionnaire nous propose un itinéraire cyclable entre Aigle, 415 mètres d'altitude, et les Diablerets, 1’200 mètres. Ce parcours utiliserait la rive gauche de la Grande-Eau. La première partie, de Aigle à Exergillod, est constituée d'une route forestière. Il s'agit d'un chemin historique entre Aigle et Les Ormonts. Puis, depuis Les Echenards, il existe une petite route accessible aux vélos appelée Revers. Le premier problème se situe à proximité d'un éboulement au niveau des Fontanelles, qui a interrompu le cheminement qui conduisait au pont de la Tine. Cet endroit est bien connu par les chemins de fer de l’ASD (Aigle-Sépey-Les Diablerets), qui combattent encore de petits éboulements afin de maintenir le tracé du train. Pour le motionnaire, il n'y a vraiment aucun problème puisqu'il s'agit avant tout d'une question de volonté plus que d'une difficulté technique. Le second tronçon est situé entre Les Planches et Les Echenards. Le début du parcours est constitué d’une prairie, puis d’un passage escarpé. Mais si l'on a pu faire passer un train, rien n'est impossible pour des vélos. Ce qu'il faut relever, c'est que tout ce secteur se trouve totalement au Revers. L'hiver, ce serait un parcours extrêmement dangereux, avec un entretien important, afin que cette route puisse rester ouverte. Du reste, cette route porte bien son nom : le Revers !
Ainsi, le motionnaire nous invite à résoudre ces deux obstacles qui empêchent ce trajet d'être cyclable. Il justifie le choix d'une motion afin que le Conseil d'Etat présente directement un crédit d'études ou carrément un crédit d'ouvrage. La cheffe du département nous rappelle que refaire un projet de route à neuf – car une piste cyclable est aussi une route – implique les mêmes procédures nécessitant des expropriations, des indemnisations, des mises à l'enquête, des oppositions, des recours, etc. Le droit des tiers doit être respecté et la concertation avec les communes territoriales et les propriétaires privés doit avoir lieu. Elle communique un point de situation concernant la mise en place de la stratégie vélo afin d'obtenir une vision générale sur l'ensemble du canton. En proposant des itinéraires cyclables sur les tronçons qui présentent le plus grand potentiel de report modal, cette stratégie vise un public plus large de personnes qui peuvent utiliser le vélo comme moyen de déplacement ordinaire et au quotidien.
Le tracé que nous propose le motionnaire serait davantage utilisé par des cyclistes aguerris que par des cyclotouristes ou des familles, vu la grande déclivité. De plus, la majeure partie de ce tracé se trouve sur le domaine public communal ainsi que sur des parcelles privées. Il ne s'agit donc pas d'un réseau cantonal. Actuellement, il n'est pas praticable sur une distance de 4 km, et l'itinéraire comporte une forte pente. En outre, il est à noter qu'il s’agit d’une zone présentant de forts dangers naturels, comme les avalanches, les chutes de pierres, les glissements de terrain, etc. Cet itinéraire n'est pas identifié dans le réseau structurant de la stratégie vélo cantonale ; la commune d'Aigle avait même demandé qu'il soit retiré de l'itinéraire « SuisseMobile VTT », notamment en raison de sa dangerosité.
En résumé et contrairement à ce qu'affirme le motionnaire, aménager cet itinéraire ne représente pas de petits travaux qui ne coûtent rien. Les coûts seraient importants pour un ratio utilité faible, très loin de ce que vise la stratégie vélo pour permettre l'utilisation par les pendulaires. Si ce projet n’émane pas des communes concernées, il serait difficile d'obtenir l'appui du canton. Pour toutes ces raisons, la commission vous recommande de refuser cette motion par 8 voix contre 2 et 5 abstentions.
La discussion est ouverte.
Je remercie M. le rapporteur pour son rapport qui rend compte avec objectivité de mes arguments et de ceux du Conseil d’Etat. Ma motion traite d’une voie cyclable allant d’Aigle aux Diablerets. J’ai mentionné que ce parcours est parfaitement adapté aux vélos, sous réserve de deux tronçons : l’un à la hauteur des Fontanelles, l’autre entre Les Planches et Les Echenards. Le second pose quelques problèmes techniques, mais pas le premier. Alors, tenons-nous-en au parcours allant d’Aigle au Sépey.
Repartons des faits : la route qui relie Aigle au Sépey est une route dangereuse, avec de fréquents accidents mortels. L’augmentation de l’usage du vélo multiplie les facteurs accidentogènes. D’Aigle au Sépey, le cheminement s’est fait pendant des siècles, voire pendant des millénaires par la rive gauche de la Grande-Eau. Sur cette rive, un parcours adapté aux vélos existe, sous réserve de quelques centaines de mètres. Affecter la rive gauche au trafic vélo et, pour cela, aménager les quelques centaines de mètres évoqués – ce qui serait d’autant plus aisé qu’on vient de voter une stabilisation du terrain au lieu-dit Les Fontanelles pour le train ASD – semble tomber sous le sens.
Mais comme l’idée ne vient pas de l’administration elle-même, le bon sens ne semble pas jouer un rôle déterminant. On préfère des arguments de sécurité ou de coûts qui sont tous très discutables. Je ne me fais pas d’illusion : ma motion ne passera pas le cap de ce Parlement. Qu’importe, je suis persuadé que, un jour ou l’autre, ma proposition se réalisera. Je souhaite seulement que cela ne soit pas la conséquence d’un accident mortel.
Le groupe des Vertes et des Verts est bien conscient qu’il existe une hiérarchie des réseaux cyclables – c’est la politique cantonale en la matière et nous la soutenons. Cela dit, la motion telle que proposée, soulève de réelles questions de compétence. Comme cela a été expliqué dans le rapport de commission, le développement de ce tronçon ne relève a priori pas de la compétence cantonale. En l’état, nous ne pouvons donc pas la soutenir.
Néanmoins, je tiens à souligner que cette motion a le mérite de thématiser la question de l’accès cyclable à cette vallée. On sait que l’accès routier concerné est régulièrement saturé ; l’idée d’un itinéraire cyclable n’est donc pas sans intérêt. Dès lors, pourquoi ne pas réfléchir, au niveau régional, au développement d’un tronçon cyclable au départ d’Aigle, qui permettrait ensuite un rabattement vers le train ? Dans un contexte où les Alpes investissent massivement dans le développement du VTT, il serait pertinent que tous les adeptes de cette activité ne prennent pas leur voiture pour aller faire du vélo en montagne. Après un premier itinéraire à vélo, ils pourraient mettre leur vélo dans le train, afin d’aller vers les Diablerets ; cela aurait du sens. Peut-être pourraient-ils se déplacer à vélo pour faire du vélo…
Ainsi, dans l’idée, cette proposition mérite d’être approfondie. Toutefois, cette réflexion devrait d’abord être menée par les partenaires régionaux. En conséquence, nous allons vraisemblablement nous abstenir sur cette motion.
J’aimerais souligner quelques points, au regard des principes de la stratégie que le Conseil d'Etat nous présente. La motion Haury ne va pas dans le sens de cette stratégie et n'est pas compatible avec elle. Une grande partie de son itinéraire, comme cela a été souligné dans le rapport de commission, se situe sur du domaine public communal. De plus, la configuration du chemin sur ce tracé n'est pas adaptée aux cyclistes sportifs pratiquant les cols sur route. L'itinéraire traverse également des zones fortement accidentées et exposées à des dangers naturels, ce qui entraînerait des coûts importants pour sa mise en œuvre. Sur la base de ces arguments, ainsi que ceux mentionnés dans le rapport de la commission, une large majorité du groupe PLR recommande au Grand Conseil de ne pas prendre en considération la motion Haury.
Quand bien même je suis, par principe, toujours favorable aux projets en faveur de la pratique du vélo, la proposition du motionnaire constitue en l’occurrence une fausse bonne idée. En effet, elle s’écarte des objectifs de la stratégie vélo, qui vise en priorité le report modal sur des axes suffisamment fréquentés. Or, dans ce cas précis, il est essentiellement question de cyclisme sportif, et le trafic pendulaire à vélo sur cet itinéraire reste – et restera – modeste, compte tenu de la topographie des lieux, de la démographie des communes concernées et de la présence de nombreux dangers naturels qui sont autant de facteurs de risques. On pense notamment aux avalanches, chutes de pierres, glissements de terrain, etc.
Les travaux d’aménagement nécessaires apparaissent donc clairement disproportionnés au regard du faible ratio coût-utilité. Cet axe ne figure d’ailleurs ni sur le réseau structurant ou complémentaire de la stratégie vélo, ni sur les itinéraires de « SuisseMobile VTT ». Il ne répond tout simplement pas aux objectifs de la stratégie vélo, qui doit se concentrer sur la réalisation de projets dont le potentiel de report modal est suffisant.
C’est donc sans grande surprise que la commission chargée d’étudier cet objet a recommandé au Grand Conseil, dans sa grande majorité, de ne pas prendre cette motion en considération. A titre personnel, je vous invite à en faire de même.
Je viens d'entendre une critique de la part de Mme la députée Vez sur le fait que ma proposition ne s'inscrit pas dans la stratégie vélo du canton. Mais à quoi sert-il d'avoir un Parlement si, dès qu’on propose quelque chose qui ne suit pas la stratégie du Conseil d'Etat, on dit que ce n’est pas intéressant ? Or, c'est justement parce qu'une proposition ne suit pas la stratégie du Conseil d'Etat qu'elle mérite d'être discutée. Que le Parlement l'écarte ensuite, c'est tout à fait légitime s'il le juge nécessaire, mais critiquer la proposition émanant d'un député, car elle ne suit pas la stratégie du Conseil d'Etat me paraît peu pertinent.
Je n'avais pas forcément l'intention d'intervenir, car de nombreux arguments ont déjà été relayés à cette tribune, notamment ceux soulignant que les itinéraires cyclables prioritaires doivent être ceux qui captent un maximum d’utilisatrices et d’utilisateurs. Or, ce n'est clairement pas le cas ici. Il faut rappeler que, à l’époque, la commune d’Aigle avait elle-même demandé de renoncer à cet itinéraire tant il était dangereux. L'alternative proposée passerait, en plus, par un chemin de forêt carrossable, ce qui, pour ceux qui se préoccupent de la préservation des surfaces de forêt, des surfaces d’assolement seraient gâtées, puisqu’il s’agirait d’un petit tronçon ; mais avec une motion révisée et 12 kilomètres de travaux, cela engendrerait des coûts totalement disproportionnés par rapport au ratio coût-efficacité. Les dépenses publiques doivent toujours être évaluées sous cet angle.
Ce qui m'a convaincue de prendre la parole, c’est la dernière intervention du député Haury. Il est important de rappeler qu’il ne s’agit pas simplement d’une stratégie cantonale du Conseil d'Etat, ni d’une stratégie gouvernementale. Il s'agit d’une stratégie cantonale votée par le Grand Conseil vaudois. C’est le Parlement qui a défini les critères, attribué les moyens et fixé les objectifs. Ainsi, les collaboratrices et collaborateurs de l'administration ne font rien d’autre que de développer les projets orientés par le Parlement. Je vous rappelle que la stratégie cantonale vélo a été longuement débattue en commission et dans ce Grand Conseil, et qu'elle a fait l’objet de nombreuses discussions.
Nous l’avons répété maintes fois, notamment lorsqu’il a fallu refaire des routes cantonales, avec l’ajout de pistes cyclables, comme récemment dans la région de Nyon. Dans ces cas, des solutions ont été trouvées en concertation avec la commission, permettant de répondre aux objectifs fixés par le Parlement dans cette stratégie générale. Cela illustre bien notre articulation institutionnelle actuelle ; elle n’est pas différente. D’ailleurs, ici, il a été longuement débattu du nombre de postes que vous alliez octroyer à l’administration pour conduire ces projets. Or, si l’on doit ajouter des projets particulièrement complexes, comme celui que vous proposez – selon vos propres mots, il est d’une complexité folle – tout le temps passé sur des projets de cette nature est du temps qui ne pourra pas être consacré à des projets ayant un véritable bon rapport coût-efficacité. Or, comme le groupe vert’libéral me le rappelle régulièrement, nous avons le devoir d’aller plus vite pour atteindre l’objectif d'augmenter le nombre de personnes utilisant des tronçons cyclables sécurisés au quotidien, pour des déplacements ordinaires, et non pas uniquement pour des sportifs d'élite. En conséquence, je vous recommande de suivre les conclusions de la commission.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Le Grand Conseil refuse la prise en considération de la motion par 70 voix contre 23 et 35 abstentions.