24_REP_85 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Yann Glayre et consorts - Une réaction urgente est-elle nécessaire suite à la fuite de données au ministère de la défense allemand ? (24_INT_44).
Séance du Grand Conseil du mardi 19 août 2025, point 31 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe prends bonne note de la réponse du Conseil d’Etat et le remercie d’avoir répondu à cette interpellation. Bien que des actions de renforcement de la sécurité et de la sensibilisation du personnel de l’Etat aient été menées, la souveraineté de l’Etat de Vaud ne sera jamais totale tant que les autorités américaines auront potentiellement accès aux conversations de ses collaborateurs. Cela fait déjà plusieurs années que notre Parlement est sensible aux questions de souveraineté numérique. Plus récemment, notre pays a fait l’objet d’une attaque sans précédent venant d’un pays supposément partenaire, dont nous sommes hautement dépendants en matière de services, notamment de licences.
Je dépose donc la détermination suivante :
« Le Parlement invite le Conseil d’Etat à tout mettre en œuvre pour diminuer l’exposition de l’Etat de Vaud aux services et licences et produits informatiques américains en envisageant de les remplacer par des solutions locales garantissant notre souveraineté numérique. »
La discussion sur la détermination est ouverte.
Je fais partie, avec M. Glayre et d’autres, d’un petit groupe de députés qui s’intéressent de près au numérique dans l’administration cantonale vaudoise. Je ne sais pas si c’est une passion professionnelle qui déteint sur la politique ou le contraire. Nous discutons et nous demandons s’il est juste, pour l’administration cantonale vaudoise, d’embrasser chaque fois qu’elle le peut les solutions états-uniennes, comme l’a expliqué mon collègue Glayre − bien avant les fameux 39 % − pour des raisons de sécurité et de dépendance à des solutions informatiques pas toujours sécurisées. Nous l’avons constaté avec les exemples donnés par M. Glayre. Nous nous interrogeons sur la possibilité de passer à de l’open source et à des solutions souveraines, comme l’a aussi indiqué M. Glayre, à savoir des solutions hébergées de manière certaine dans notre canton − ce serait le mieux − ou en tout cas dans notre pays, pour disposer d’un droit de regard complet sur la sécurité et la localisation des données.
A ce titre, j’ai déposé plusieurs objets parlementaires, tous refusés, demandant au Canton de s’éloigner aussi vite que possible de son amour pour les solutions américaines – Microsoft Office 365 ou d’autres. M. Glayre a raison de proposer un énième objet. Cette fois, c’est une détermination, qui ne mange pas de pain.
Mme la conseillère d’Etat est probablement en train de prendre ses marques au sein de la Direction générale du numérique et des systèmes d’information (DGNSI). J’espère que cela l’aidera à comprendre que le problème est devenu énorme non seulement en matière de sécurité, mais aussi de dépendance à un unique fournisseur de produits, et à se tourner vers l’avenir, c’est-à-dire vers les produits open source et souverains. A titre personnel, car je n’ai pas discuté de ce point avec mon groupe, je soutiendrai donc la détermination de M. Glayre et vous invite à faire de même évidemment.
Pour les raisons exposées par mes préopinants, je soutiendrai aussi cette détermination. J’ai d’ailleurs déposé un postulat à ce sujet, que nous examinerons prochainement. En effet, au vu de ce qui se passe actuellement à travers la planète, il est temps pour l’Etat de Vaud, le gouvernement et l’ensemble des acteurs concernés de bien réfléchir à la localisation de nos données et fichiers, et à tout ce qui se passe dans l’informatique. Notre dépendance actuelle aux Google, Apple, Facebook (désormais Meta), Amazon et Microsoft (GAFAM) est très dangereuse, à mon avis. Sans hésiter, je vais donc soutenir cette détermination, à titre personnel.
Je me situe dans la droite ligne de mes préopinants. En 2020, je faisais partie du petit groupe évoqué par notre collègue Keller et j’avais déposé un postulat en collaboration avec ce dernier et Yann Glayre, qui demandait précisément cela et pour lequel je n’ai pas encore obtenu de réponse. Evidemment, je soutiendrai cette détermination qui est dans la ligne de mon parti et recommande son adoption.
L’un des importants chantiers informatiques qui attendent le Canton est celui de l’informatique du CHUV. Il s’agit presque d’un rouleau compresseur. Il y a quelques années que la machine avance. En avril, ma collègue Joséphine Byrne Garelli et moi-même avons écrit à la conseillère d’Etat, en notre qualité de membres de la Commission de gestion rattachés au Département de la santé et de l’action sociale. La réponse qui nous a été donnée est que la commission avait lancé l’appel d’offres et que l’on ne pouvait plus revenir en arrière, etc. J’ai l’impression que, quelle que soit cette détermination, nous sommes face à une machine lourde. Il s’agit d’un montant de l’ordre de 100 millions, je crois − ce n’est pas une petite affaire − pour remplacer l’informatique du CHUV. Les choix opérés jusqu’à présent semblent favoriser une entreprise américaine précisément au détriment de possibilités de collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Genève. Ces informations sont publiques. Mme la conseillère d’Etat ici présente ne peut probablement pas grand-chose concernant l’informatique du CHUV, mais je me demande s’il ne serait pas temps de redéfinir les objectifs dans le sens de cette détermination que, pour ma part, je soutiens.
Je partage vos inquiétudes. Comme cela a été dit, il y a de nombreux postulats qui vont dans ce sens. Il existe une forme de dépendance vis-à-vis de ces acteurs, c’est un fait. La question qui se pose est de savoir comment y répondre à l’avenir, dans le contexte actuel. Je transmettrai les questions pertinentes posées par M. le député Haury au collège pour en discuter. Pour le moment, je regarde cette détermination avec beaucoup de bienveillance. Elle pourrait évidemment poser quelques problèmes dans la pratique, vu cette dépendance, mais je ne m’y opposerai évidemment pas. Je prends bonne note des remarques émises en vue de la suite et des décisions que nous devons prendre.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
La détermination Yann Glayre est adoptée par 113 voix contre 1 et 8 abstentions.
Ce point de l’ordre du jour est traité.