25_INT_129 - Interpellation Nathalie Jaccard et consorts - Cocktail chimique dans le Léman, quelle surveillance ?.

Séance du Grand Conseil du mardi 30 septembre 2025, point 2.5 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le 26 septembre dernier, Genève, Vaud et Valais ont annoncé la découverte d’une pollution préoccupante dans l’eau potable issue du lac Léman. Une substance chimique, le 1,2,4-triazole, a été détectée à une concentration sept fois supérieure à la valeur limite fédérale. Cette contamination serait liée aux rejets industriels d’un site chimique à Monthey, exploité par la multinationale Syngenta, et ce depuis plus de dix ans.

Si les autorités assurent qu’aucun danger immédiat pour la santé humaine n’est à craindre, cette situation soulève de nombreuses inquiétudes, notamment quant à l’impact de cette pollution sur la faune et la flore lacustres. 

En tant que personne déjà intervenue à plusieurs reprises sur la pollution plastique du Léman, je tiens à souligner que ce nouvel épisode de pollution ne devrait pas être analysé isolément. Le Léman subit plusieurs types de pollutions qui peuvent se combiner entre elles.

Celle liée aux microplastiques, que l’on retrouve en quantité croissante dans les eaux du Léman. Comme le rapportait le rapport de l’ASL (Association pour la Sauvegarde du Léman), ce sont environ 100 tonnes de plastiques qui parviennent annuellement dans le Léman, et ils n’agissent pas comme de simples déchets inertes. Ils adsorbent d’autres substances chimiques pesticides, hydrocarbures, perturbateurs endocriniens, ils peuvent les transporter dans la chaîne alimentaire aquatique, jusqu’à nous. Il semblerait que cette interaction puisse renforcer la toxicité de certains polluants, et de créer un effet cocktail.

Ce phénomène est encore peu intégré dans la surveillance des eaux. Dès lors, la seule présence individuelle d’un polluant à un niveau jugé "tolérable" ne suffit pas à exclure un risque écologique ou sanitaire si l’on ne tient pas compte de ses interactions avec d’autres substances déjà présentes dans le milieu.

Dans ce contexte, je souhaite poser les questions suivantes au Conseil d’État :

1. Le Conseil d’État prévoit-il de renforcer la surveillance de la pollution du Léman, en y intégrant systématiquement la présence de microplastiques et leur interaction potentielle avec d’autres polluants chimiques ?

2. Des études scientifiques spécifiques sur les effets combinés des plastiques et des substances chimiques sont-elles soutenues ou envisagées par le canton ?

3. Les analyses réalisées à proximité des zones industrielles ou dans les captages d’eau potable incluent-elles une évaluation des effets synergiques, ou seulement des concentrations individuelles ?

De plus le Canton a publié une FAQ destinée à aider la population à réagir au mieux. Une des questions centrales de cette FAQ concerne la consommation d’eau potable par les nourrissons et les femmes enceintes. Dans les deux cas, la réponse n’est pas encore connue et dépend des informations supplémentaires attendues de la part de la SCAHT (Swiss Centre for Applied Human Toxicology).

Ainsi cette interpellation pose 2 questions complémentaires :

4. Quand ces informations seront-elles disponibles ?

5. Quelles recommandations sont à suivre en attendant, en particulier pour les femmes enceintes et les jeunes parents ?

En conclusion, si les autorités sont responsables de la surveillance, la prévention des risques dépend aussi de recherches scientifiques indépendantes. Il est donc essentiel que notre politique environnementale s’appuie davantage sur l’écotoxicologie et les sciences de l’environnement, afin de ne pas courir à l’aveugle face à des pollutions émergentes qui, souvent, se manifestent bien après les premiers rejets.

Conclusion

Ne souhaite pas développer