24_REP_271 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Géraldine Dubuis et consorts - Valorisation de l’apprentissage : et la santé des apprenti·e·s dans tout ça ? (24_INT_155).
Séance du Grand Conseil du mardi 9 septembre 2025, point 20 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLorsque j’ai interpellé le Conseil d’Etat sur la santé des apprentis, mon objectif était clair : il s’agissait de rappeler que la valorisation de la voie professionnelle ne peut se concevoir sans une attention centrale à la santé, qu’elle soit physique, psychique ou éthique. Les témoignages, les études et les enquêtes démontrent que de nombreux jeunes souffrent au travail, parfois jusqu’à la rupture de leur contrat. Le harcèlement, le stress et l’épuisement, ainsi que le manque de ressources pour affronter ces difficultés ne sont pas des réalités marginales, mais elles touchent directement notre système de formation duale.
Dans sa réponse, le Conseil d’Etat souligne les efforts déjà accomplis et met en avant un dispositif qu’il juge complet. Certes, je reconnais que des moyens supplémentaires ont été investis : davantage de commissaires professionnels, de conseillers et conseillères aux apprentis, de visites en entreprise dès la première année, ainsi qu’une présence accrue de médiateurs et médiatrices, psychologues ou infirmiers et infirmières scolaires. Des campagnes de prévention contre le harcèlement sexuel et psychologique sont également mentionnées. Ces mesures vont donc dans le bon sens et je ne le conteste pas.
Dans cette réponse, je suis frappée par la déconnexion entre les dispositifs affichés et la réalité vécue par beaucoup d’apprentis. Les chiffres le montrent : plus d’un quart d’entre elles et eux déclarent rencontrer des difficultés psychiques pendant leur formation. Les ressources existent, mais sont-elles véritablement accessibles, connues et utilisées par les jeunes concernés ? Trop souvent, les apprentis restent isolés face à leurs problèmes, par manque de confiance, de maturité ou de repères pour activer ces soutiens. La réponse du Conseil d’Etat met surtout en avant l’arsenal institutionnel, mais reste silencieuse sur l’efficacité réelle des mesures et sur la capacité à prévenir la banalisation de la souffrance au travail. Je regrette aussi que la santé soit encore trop souvent abordée sous l’angle sécuritaire, sans prendre pleinement en compte la dimension psychique et sociale. Or, c’est bien là que se jouent aujourd’hui les fragilités les plus aigües : stress, solitude, pressions de performance ou encore rapports de pouvoir inégalitaires pouvant mener au harcèlement.
En définitive, je salue l’engagement affiché par le Conseil d’Etat, mais je reste convaincue que nous devons aller plus loin. Protéger les apprentis, c’est non seulement renforcer les dispositifs existants, mais aussi s’assurer de leur lisibilité et de leur accessibilité. C’est donner à chaque jeune des outils concrets pour reconnaître ses droits, signaler les abus et préserver sa santé. Tant que ces objectifs ne seront pas pleinement atteints, le risque est grand que la valorisation de l’apprentissage se fasse au prix du bien-être de celles et ceux qui s’y engagent.
La discussion est ouverte.
Nous ne banalisons rien ! Nous prenons tout cela très au sérieux et les informations sont données. Il est vrai aussi que nous ne sommes plus dans le cadre de l’école obligatoire. La plupart des jeunes concernés sont majeurs et ils doivent également se prendre en main, se signaler, chercher de l’aide lorsque cela est nécessaire. Quoi qu’il en soit, tous les dispositifs nécessaires existent au sein des établissements – en formation académique comme professionnelle – pour les aider et détecter les problèmes lorsque cela est nécessaire.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Ce point de l’ordre du jour est traité.