David Jeanmonod: «L’informatique transforme complètement les sociétés humaines»

L’informaticien romand a développé des applications, créé son entreprise et intégré la durabilité en informatique, un domaine en quête de relève. Rencontre.
L’informatique est partout. De notre téléphone à notre compte bancaire, des soins médicaux à l’organisation d’un concert, elle se loge dans chaque recoin de notre quotidien. Mais pour que tout cela fonctionne, il faut des spécialistes formés. Or, la Suisse fait face à une pénurie dans les métiers du numérique. Bonne nouvelle cependant: il existe beaucoup de formations et les débouchés sont eux aussi nombreux. Pour parler de cette profession et illustrer les voies posssibles, nous avons rencontré David Jeanmonod. Informaticien de formation, il revient pour nous sur son parcours: entre développement de logiciels, entrepreneuriat et engagement en faveur d’un numérique plus responsable. Interview.
Quel a été votre premier contact avec l’informatique?
C’est à l’occasion d’un stage, à la fin de l’école obligatoire, que j’ai découvert ce domaine. J’avais pu coder un jeu, et j’avais trouvé hypervalorisant de créer tout un programme en partant de zéro. Ça a été le déclic.
Quelle formation avez-vous suivie?
J’ai fait un apprentissage à l’École des métiers de Sainte-Croix (EMSC). J’y ai notamment réalisé deux stages: l’un dans la maintenance de bancomats, l’autre dans le développement de bases de données. Ces expériences m’ont permis de découvrir deux aspects complètement différents du métier. Je suis ensuite entré à l’École d’ingénieurs d’Yverdon (ndlr: l’actuelle Haute École d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud). Puis, six ans plus tard, j’ai complété mon parcours par un EMBA (ndlr: Executive Master of Business Administration). Quel a été votre parcours professionnel? Après mes études, j’ai travaillé quelques années comme assistant à l’École d’ingénieurs d’Yverdon. J’ai ensuite voyagé et, à mon retour, j’ai trouvé un emploi dans une société de services informatiques. Pour pouvoir piloter les projets comme je le souhaitais, selon mes valeurs, j’ai par la suite créé une entreprise avec un partenaire. C’est ce qui m’a conduit à entreprendre un EMBA. J’ai beaucoup appris à ce moment-là, puisqu’en plus des compétences en informatique, j’ai dû me former à la gestion d’une entreprise dans son ensemble.
Vous avez ensuite intégré une agence digitale.
Trouver des mandats n’était pas toujours simple. Après cinq ans, nous avons fermé les portes de notre entreprise et j’ai rejoint Liip; une entreprise autogérée, sans hiérarchie, dont la vision faisait écho à mes aspirations. J’y ai été développeur, Scrum Master (ndlr: une personne chargée de faciliter l’application d’une méthode utilisée dans le développement informatique), puis j’ai participé au développement du bureau de Lausanne, qui est passé de 5 à 40 personnes.
Vous y occupez le poste de responsable durabilité depuis 2022. En quoi consiste cette fonction?
Elle consiste, notamment, à réfléchir à l’impact de l’entreprise sur l’environnement et la société. Nous travaillons sur trois axes: réduire nos impacts internes, développer des produits plus sobres dès leur conception et mettre le numérique au service de la société et de la planète. En quoi, selon vous, ce métier est-il indispensable pour la société? L’informatique transforme profondément les sociétés humaines. C’est passionnant de faire partie de ce changement et d’essayer de l’accompagner dans la bonne direction. Il y a beaucoup de craintes autour du numérique, alors que pratiquement tout le monde l’utilise au quotidien. Le rôle des informaticiens et des informaticiennes est donc, à mes yeux, aussi d’accompagner ces outils vers des comportements plus responsables.
Le métier d’informaticien souffre encore de certains stéréotypes. À tort?
Ce métier est très varié et le cliché du geek à lunettes, seul à la maison, est totalement faux (rires). Il faut être sociable et aimer travailler en équipe. Pour s’épanouir dans ce domaine, il faut aussi, à mon sens, être avant tout curieux et avoir l’esprit analytique. Les jeunes qui aiment les jeux de logique, résoudre des problèmes et qui n’ont pas peur du contact humain, y trouveront certainement leur bonheur. Je trouve aussi que les femmes sont encore trop peu nombreuses dans ces métiers en Suisse, et que les équipes ont besoin de plus de mixité. Heureusement, les mentalités changent, et j’ai bon espoir que l’on progresse vers une plus grande égalité.
Le numérique: un secteur qui recrute
Le numérique est un domaine porteur. Selon l’Étude sur le numérique 2024, les métiers de l’informatique connaissent une forte demande de professionnels, en constante progression. Le canton de Vaud est d’ailleurs le deuxième plus grand recruteur du pays, juste après Zurich et devant Genève. Les profils les plus recherchés se situent dans les secteurs du développement, de la gestion des infrastructures et des systèmes IT.
Pour en savoir plus sur les métiers de l’informatique:
www.orientation.ch, sous «Profession» et «Informaticien».
Organisation nationale du monde du travail dans les technologies de l’information et de la communication: ICT-Formation professionnelle Suisse.
Le Podcast «La voix des métiers» a dédié un épisode au métier d’informaticien et d’informaticienne. À écouter sur www.zoom-vd.ch. Spotify, Acast, Apple podcast & YouTube