Obtenir un CFC après 30 ans ouvre de nouvelles perspectives

Photographie d'Emilie Konrad-Schuler
Emillie Konrad-Schuler, restauratrice à l'auberge communale de Saint-Légier, a obtenu son CFC via l'article 32. CHANTAL DERVEY

Plusieurs mesures permettent aux professionnels expérimentés d’obtenir un titre fédéral reconnu. Deux heureux diplômés témoignent.

Tombée dans la marmite dès son plus jeune âge grâce à un grand-père cuisinier, Emilie Konrad-Schuler a toujours su qu’elle évoluerait dans le monde de la restauration. C’est donc tout naturellement qu’elle obtient, en 2009, son certificat fédéral de capacité (CFC) de cuisinière. Quelques années plus tard, avec son mari, elle réalise son rêve en acquérant son propre établissement. Mais pour former une apprentie en qui elle croit, elle doit compléter sa formation et obtenir le CFC de spécialiste en restauration. Comme elle possède déjà douze ans d’expérience à gérer la salle de son auberge, elle opte pour une procédure accélérée et décroche brillamment son CFC grâce aux possibilités offertes par l’article 32 de l’Ordonnance pour la formation professionnelle (lire plus bas).

Pour différents besoins
Pour Luca Basso, l’histoire est un peu différente. Arrivé en Suisse depuis l’Italie à l’âge de 20 ans, il travaille pendant vingt ans comme logisticien. Alors qu’il entame une formation pour devenir acheteur, il se heurte à un obstacle: aucun diplôme ne certifie ses compétences. Il tombe alors sur un article qui parle de la validation des acquis d’expérience (VAE) pour les adultes déjà actifs sur le marché du travail et tente sa chance. Depuis, il a non seulement décroché son CFC, mais il est aussi devenu responsable de la logistique et des achats dans une entreprise active dans les dispositifs médicaux.

Comme l’illustrent ces deux parcours, obtenir un diplôme en cours de carrière répond à différents besoins. Que ce soit pour évoluer professionnellement, s’assurer une meilleure sécurité de l’emploi, augmenter son salaire ou concrétiser un projet personnel, de plus en plus de personnes âgées de plus de 25 ans décrochent un CFC ou une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP). En 2024, ils étaient 1333 à obtenir une certification (contre 1110 en 2021), dont 60% par le biais de l’Article 32 et de la VAE. L’âge moyen des candidats à ces procédures est de 39 ans.

Démarches exigeantes
Si le taux de réussite dans la certification pour adulte (CPA) est de près de 80%, les professionnels qui se lancent dans une telle formation doivent faire preuve d’endurance et de ténacité. «Le principal défi était de trouver du temps. Il a fallu revoir notre organisation pour que je puisse suivre les cours et me préparer aux examens. Mon mari et mes parents m’ont beaucoup soutenue», raconte Emilie Konrad-Schuler. Sa formation s’est déroulée sur neuf mois à raison d’un lundi par semaine. «En plus des cours, je potassais en moyenne cinq heures par semaine. Il faut aussi se remettre dans le bain des études, on n’a plus la même concentration qu’à vingt ans», avoue-t-elle.

Pour décrocher son diplôme, Luca Basso a, quant à lui, dû constituer un portfolio documentant ses compétences, ce qui correspond à environ 250 heures de travail personnel. Il a été accompagné pendant neuf mois par des conseillères en VAE de l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (Ocosp) lors de sept ateliers collectifs et de deux entretiens individuels. «L’un des plus grands défis a été la rédaction du dossier. Ce n’était pas toujours facile d’exprimer mes compétentes par écrit. Ma fille de 15 ans, qui est très douée en français, m’a bien aidé à structurer mes idées».

Prendre confiance
«Cette expérience a été enrichissante autant sur le plan professionnel que personnel. Ça m’a donné confiance en moi», confie Emilie Konrad-Schuler qui a eu la meilleure note du canton (un six) à ses examens finaux. Grâce à son diplôme, elle peut désormais former des jeunes et envisager un brevet fédéral.

Pour Luca Basso, le parcours de la VAE lui a permis de formaliser ses connaissances tout en renforçant sa confiance en lui. «Dès que j’ai ajouté mon CFC sur mon CV en ligne, j’ai reçu des demandes de recruteurs», se réjouit-il. Le spécialiste recommande la VAE à toute personne disposant d’une longue expérience dans un domaine mais sans certification officielle. «C’est une démarche qui demande de la rigueur et de l’investissement mais qui en vaut la peine!»

Article 32 et VAE: des procédures de qualification reconnues par les employeurs
L’Article 32 offre la possibilité aux personnes ayant une expérience professionnelle de cinq ans minimum, dont deux à trois ans dans le même métier, d’obtenir un CFC ou une AFP. Cette procédure permet à des candidats adultes de suivre des cours de préparation et de se présenter aux examens de fin d’apprentissage pour l’ensemble des CFC et AFP. La validation des acquis de l’expérience (VAE) est destinée aux personnes ayant déjà développé au moins 80% des compétences dans la profession visée et qui souhaitent valider ces acquis sur la base d’un dossier personnel. Elle est ouverte pour une dizaine de professions.

Permanence gratuite sans rendez-vous: lundi 13 h 30 à 17 h, Ocosp, rue de la Borde 3D, Lausanne.

Plus d’information www.vd.ch/cpa

Emily Lugon Moulin

Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle

Publié dans le 24 heures du 1er mai 2025

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