15.2. Répartition modale du transport de personnes

Thème: Mobilité

Signification de l'indicateur

Pour garantir le développement durable, il faut préserver l'efficacité et la compétitivité de l'économie, la qualité de sa place et le bon fonctionnement des marchés (principes 10a, 10b). Dans le même temps, il importe de diminuer autant que possible les atteintes à l'environnement et de limiter la consommation des ressources non renouvelables (principes 12a, 12b, 16b, 17a). Il faut également préserver la santé de l'être humain (principe 2b).

La mobilité est intimement liée aux activités de l'être humain. Elle est nécessaire au bon fonctionnement de l'économie, mais elle est aussi une source de nuisances telles que le bruit, les pollutions dangereuses pour la santé et les gaz à effet de serre. Le choix du moyen de transport est donc décisif pour garantir le développement durable: il est plus écologique, meilleur pour la santé et généralement plus économique de se déplacer à pied, à vélo ou en transports publics plutôt qu'en voiture. Si l'on veut limiter les impacts sur l'environnement et la santé – sans compter les atteintes au domaine construit –, tout en maîtrisant une mobilité croissante, il est nécessaire d'augmenter la part des modes doux de déplacements (à pied ou en vélo) et des transports publics.

Cet indicateur présente la part modale des kilomètres parcourus en transports individuels motorisés.

Principes en rapport avec cet indicateur: 2b. Promotion de la santé, 10a. Promotion de l'efficacité économique, 10b. Ordre économique favorable à l'innovation et à la concurrence, 12a. Production compatible avec l'environnement, 12b. Consommation sociale et compatible avec l'environnement, 16b. Limitation de l'utilisation des ressources non renouvelables, 17a. Limitation des déchets biodégradables et des polluants, 20. Paysages naturels et cultivés convenables.

Type d'indicateur: (D) input-output.

Evolution

Répartition modale du transport de personnes

Sources :
OFS – Recensement fédéral de la population (RFP), enquête thématique, Microrecensement sur le comportement de la population en matière de mobilité et de transports (MRMT).
OFS 2007 – La mobilité en Suisse, Résultats du microrecensement 2005 sur le comportement de la population en matière de transports, glossaire, Neuchâtel, 2007
SM – Bilan annuel de la mobilité, analyse aux écrans, 2009, 2010, 2011, 2012

Données (xls, 115 Ko)

En bref

Tendance statistique :

Evaluation développement durable :

Commentaire

Commentaire statistique

Tendance: baisse (part modale des kilomètres parcourus en transports individuels motorisés).

Le Microrecensement sur le comportement de la population en matière de mobilité et de transports (MRMT– OFS) montre une évolution positive, avec une part modale des transports individuels motorisés (TIM) qui diminue de 75% en 2005 à 72,1% en 2010, soit une baisse de plus de 2,9 points ; et une baisse d'0,9 point de plus qu'entre 2000 et 2005 (77% à 75%).

En se basant sur les comptages des flux de déplacements inter-agglomérations, une simulation permet d'évaluer pour chaque année l’évolution de la part modale TIM. Pour l'ensemble du canton, ces évaluations montrent que la baisse semble se poursuivre entre 2010 et 2015, mais à un rythme plus faible ; ce qui devra être confirmé par la valeur du MRMT 2015, disponible en mai 2017.

De 2000 à 2005, le nombre de km parcourus en véhicule individuel (passager compris) est resté stable (30.3 km) alors que le total des kilomètres parcourus augmente. Cette stabilité a permis aux transports individuels motorisés (TIM) de diminuer leur part modale de 77 à 75 %. Entre 2005 et 2010, le nombre de kilomètres TIM a baissé de 10.6% soit une baisse bien plus importante que la moyenne suisse (-2.5%). Néanmoins, en 2010, les Vaudois parcourent 27.1km en moyenne par jour, soit plus de 2km de plus que les Suisses (25.0km). La diminution de plus de 3 km parcourus en TIM par les vaudois en cinq ans est exceptionnelle. Ainsi, entre 2005 et 2010, la part modale TIM vaudoise passe de 75% à 72% (-3 points) alors que celle au niveau suisse passe de 69% à 65% (-4 points) en raison d'une très forte augmentation de l'utilisation des transports publics.

La moyenne des km parcourus par jour en Suisse (tous modes) qui n'avait augmenté que de 0.3 % entre 2000 et 2005 (37.1 à 37.3 km) a fortement augmenté en 2010 (+3.1%, soit 38.4km). Pour le canton de Vaud, la tendance est inverse. Entre 2000 et 2005, une augmentation de 2.5 % de 39.5 km à 40.5 km occasionnée par une utilisation accrue des transports publics (+ 1km) suivie d'une diminution de 7.2% en 2010 occasionnée par les TIM ont fait passer la distance moyenne parcourue par les Vaudois (37.6 km) en dessous de la valeur Suisse (38.4 km). Ce résultat est à relativiser. Les distances parcourus en 2010 mesurées à l'aide du "routing" donnent un résultat opposé (37.1 km Vaud, 36.7 km Suisse). A noter que l'utilisation des transports publics par les Vaudois a continué d'augmenter entre 2005 et 2010 de près d'un kilomètre, passant de 5.7km en 2000 à 6.7 km en 2005 et 7.8 km en 2010.

Ainsi, les transports publics ont gagné des parts de marché, de 14 à 17 % entre 2000et 2005 (+3 points) et passé à 21% en 2010 (+4 points).

Malgré ce bilan positif, il faut relever que l'écart des kilomètres parcourus en transports publics (TP) entre le Vaudois et la moyenne suisse augmente, le Vaudois parcourant 1km de moins entre 2000 et 2005 et près de 2 km de moins en 2010 que le Suisse moyen. Le Vaudois a 5 ans de retard par rapport à la moyenne suisse des kilomètres parcourus en transports publics, le chiffre vaudois de 2005 correspondant au chiffre suisse de 2000 et celui de 2010 à celui de 2005, ce qui laisse penser qu'une bonne marge de progression existe toujours.

Commentaire développement durable

Evaluation: positive (pour la durabilité).

En termes de développement durable, cet indicateur met en perspective des problématiques directement liées telles que la santé et la protection de l'environnement, l'aménagement du territoire et la mobilité, l'efficacité des transports publics et la qualité des dessertes. Son évolution donne une bonne image de la tendance générale. Toutefois une déclinaison autre des données le composant apporte des enseignements pertinents.

Ces résultats sont présentés comme un set d'indicateurs regroupant une série d'indicateurs basés sur les kilométrages parcourus. Ce set intègre notamment les indicateurs 15.1 et 15.2.

Si le total de kilomètres parcourus (15.1) diminue, le kilométrage parcouru en transports publics (15.1c) augmente et celui des modes doux (15.1d) stagne. Du point de vue développement durable l'augmentation des kilométrages en TP ou modes doux sont en principe considérés comme positifs et en lien avec la tendance de l'indicateur 15.2 (répartition modale).

Cet indicateur comptabilise la part modale des kilomètres parcourus en TIM (15.2) qui associe conducteur et passagers. Au lieu d'un pourcentage, les kilomètres TIM en distance absolue (15.1a) donne une perspective différente en termes d'évolution et de comparatif. Le fait que le taux d'occupation des voitures augmente n'est pas mesuré par cet indicateur alors que du point de vue développement durable, les effets négatifs du déplacement sont répartis en fonction du nombre de personne dans le véhicule. Le ratio entre les kilomètres passagers et conducteurs TIM (15.2b) donne une estimation de l'évolution du taux d'occupation des TIM.

L'objectif pertinent de développement durable doit se baser sur la part modale des kilomètres conducteurs TIM (15.2a) ou le nombre et la diminution des kilomètres parcourus en tant que conducteur de véhicules individuels motorisés (15.1b). Ce sont principalement ces déplacements, qui représentent en réalité ceux des véhicules eux-mêmes, qui sont source de nuisances (pollution de l'air et sonore, occupation du territoire, etc.) et dont on cherche à minimiser les impacts.

Les résultats 2005-2010 pour le canton de Vaud peuvent ainsi se décomposer de la manière suivante :

 

En comparaison, les résultats au niveau suisse donnent :

Globalement les résultats vaudois bien qu'inférieur en valeurs absolues sur les indicateurs 15.1 et 15.2 par rapport aux résultats suisses ont enregistré à chaque fois des évolutions positives. Sur l'ensemble du set d'indicateurs, les évolutions vaudoises sont fortes sur les indicateurs liés aux distances parcourues en TIM (15.1a : -11% Vaud, -3% Suisse).

Répartition modale aux écrans inter-agglomérations (SM 2012)

La "répartition modale du trafic motorisé" par écran inter-agglomérations, soit entre les transports publics (TP) et les transports individuels (TIM), montre l’évolution chaque année des parts de marché des transports publics par rapport au trafic individuel motorisé.

Une part modale des TP élevée sur l’arc lémanique

La part modale des transports publics reste toujours élevée sur l’arc lémanique. D’une manière générale, les TP sont plus performants lorsque le développement de l’urbanisation s’est fait le long d’un axe (imposé dans le cas présent par la présence du lac) ou entre les agglomérations. Au contraire, ils sont pénalisés quand l'habitat est diffus dans le territoire, comme c’est le cas pour le Gros-de-Vaud. Le fait que cette part soit plus élevée sur les écrans entre Yverdon-Neuchâtel, Rolle et Lausanne-Est que sur les écrans de la frontière Vaud-Genève et entre Morges et Lausanne n’est pas surprenant. Ces écrans prennent en compte proportionnellement plus de flux longues distances en direction des agglomérations, notamment des pendulaires, plus enclins à utiliser les transports publics pour leurs déplacements journaliers. A noter que l’écran Lausanne-Est regroupe les flux transports publics vers Berne-Broye (40% des voyageurs) et vers Vevey-Montreux-Valais (60%).

Des gains de part modale 2010 deux fois inférieurs à ceux de 2009

En 2010, les TP ont continué d'augmenter leur part modale. Le rythme a cependant été plus lent qu’en 2009, et surtout qu’en 2008, où la part des TP avaient « explosé » et celle de la voiture stagnait, vraisemblablement du fait du prix de l’essence.

Reprise de la mobilité et des transports individuels en 2011

En 2011, la croissance de la mobilité reprend comme en 2009 (+3.1%) mais cette fois-ci de manière plus équilibrée entre TIM (+3.0%) et TP (+3.4%). Contrairement aux années précédentes, les gains en part modale transports publics n'augmentent plus que sur l'écran Lausanne-Est (passant de +0.4 en 2010 à +0.6 en 2011).

Ce résultat mitigé de 2011 est surtout la conséquence d’une hausse du nombre de voitures traversant les écrans (de +1.7% en 2010 à +3.0% en 2011), le nombre de voyageurs en TP ayant augmenté d’autant que pour l’année 2010 +3.4%).

Simulation de la répartition modale cantonale entre 2005 et 2011 (SM 2012)

Sur le graphique mis en annexe sont représentées:

Cette simulation ne tient pas compte des flux à l’intérieur des agglomérations qui peuvent influencer fortement le résultat global de l’indicateur, ni des éventuelles augmentations de l’utilisation des modes doux.

Par rapport au résultat exceptionnel de 2008 et au bon résultat de 2009, celui de 2010 est un peu en retrait. Cependant les transports publics ont maintenu le cap en gagnant toujours des parts de marché avec une légère accélération du transfert modal entre 2005 et 2010 par rapport à 2000-2005.

Les résultats pour 2011, même si ce sont les moins bons depuis 2005, montrent toujours un gain de part modale pour les transports publics par rapport aux transports individuels motorisés.

Méthodologie

Les valeurs présentées concernent uniquement les étapes de déplacements réalisées en Suisse, par personne résidant en Suisse, respectivement dans le canton de Vaud.

En 2010, l'enquête du microrecensement distingue les distances parcourues:

(a)   estimées par les personnes enquêtées (ou déclarées)

(b)   mesurées par "routing" : relevé de l‘itinéraire emprunté sur un réseau routier ou ferroviaire digitalisé

La seconde méthode est  plus précise et permet de mieux estimer les distances réelles notamment en corrigeant les surestimations des personnes interrogées. Comme cette surestimation est supérieure pour les transports publics, la part modale TIM augmente en principe de quelques points. Les km parcourus en 2000 et 2005, calculés sur la base des déclarations des personnes interrogées, ont été adaptés en fonction des estimations des distances de l'enquête 2010 par le biais de facteurs de correction par mode (en fonction des kilomètres) uniques pour la Suisse.

En principe, les tendances observées donnent les mêmes résultats selon qu'on ait recours à l'un ou l'autre mode de calcul en Suisse. Pourtant, tel n'est pas le cas dans le canton de Vaud où les différences entre l'auto-estimation et le routing ne correspondent pas aux valeurs moyennes observées en Suisse. Ce sont donc les distances "estimées" qui ont été utilisées pour l'indicateur.

Autres limites et biais connus

Faible échantillon du MRMT et périodicité de 5 ans

Les données sur la répartition modale du transport de personnes en prestations kilométriques permettent:

Pour connaître l'augmentation réelle des effets négatifs (pollution) occasionnée par le trafic dans le canton de Vaud, le total des kilomètres parcourus par des voitures (soit les kilomètres des conducteurs TIM) est le meilleur indicateur.

En outre, la base de données des pendulaires (recensement fédéral de la population) sur laquelle se basait l'objectif ci-dessus n'est plus disponible, ne sera plus exhaustive et sera exploitable au mieux en 2013-2015.

Pour rappel, l'objectif du programme de législature est d'augmenter l'offre en transports publics pour diminuer la part des transports individuels motorisés en termes de distances parcourues de 75% en 2005 à 70% (2012), 65% (2020) et 50% (2050).

Enquête

Microrecensement sur le comportement de la population en matière de mobilité et de transports (MRMT) - enquête thématique du Recensement fédéral de la population (RFP)

Les chiffres sur les différents modes de transport proviennent du microrecensement transport et mobilité. Cette enquête sur les habitudes de transport est menée auprès de la population suisse depuis 1974, tous les cinq ans, par l'Office fédéral du développement territorial (ODT) et par l'Office fédéral de la statistique (OFS). Cependant, les données ne sont comparables pour le canton de Vaud que depuis l'enquête de 2000. Le microrecensement fournit des données essentielles sur les transports de personnes, telles que l'intensité des déplacements, le choix du moyen de transport (répartition modale) et les motifs de déplacement (travail, formation, achats, loisirs, etc.). Depuis 1994, l'enquête s’étend sur toute l'année; elle est réalisée par téléphone avec l'assistance de l'ordinateur (technique CATI).

En 2010, 62'868 personnes cibles de six ans ou plus (dont 5'352 pour le canton de Vaud), réparties en 59'971 ménages (5'088 pour le canton de Vaud) ont participé à l’enquête.

En 2005, c'était 33'390 personnes (dont 3'357 pour le canton de Vaud), réparties en 31'950 ménages (3'204 pour le canton de Vaud).

En 2000, c'était 29'407 personnes (dont 3'692 pour le canton de Vaud), répartie en 27'918 ménages.

Glossaire

(OFS 2007)

Transport individuel motorisé (TIM): Voitures de tourisme (=voitures), motocycles, motocycles légers et cyclomoteurs. Les camions, les cars et les taxis ont été attribués à la catégorie «autres moyens de transport» (sauf indication contraire) en raison de leurs propriétés spécifiques, c’est-à-dire de la difficulté à les classer de manière claire.

Mobilité douce (MD) ou transport non motorisé: A pied et à vélo (les appareils apparentés à des véhicules comme trottinettes ou rollers sont compris sous «autres moyens de transport»).

Transports publics (TP): Tram, bus, car postal, train.

Sauf mention contraire, les taxis (selon la statistique suisse des transports = TIM, selon la statistique européenne des transports = TP), les bateaux (classés tantôt TP, tantôt TIM), les téléphériques (TP spécifiques) et les avions (classés tantôt TP, tantôt TIM) ont été attribués lors des exploitations à la catégorie «autres moyens de transport», en raison de leurs propriétés spécifiques ou de la difficulté à les classer de manière claire.

Autres moyens de transport : En l’absence d’autre indication, on entend sous cette désignation les camions, les autocars, les taxis, les bateaux, les trains de montagne, les transports à câble, les avions, les appareils apparentés à des véhicules (trottinettes, rollers), etc.

Répartition modale : Répartition des trajets ou des déplacements entre différents moyens de transport selon la distance, la durée de trajet ou le nombre d’étapes.

Distance journalière : Distance moyenne parcourue par personne et par jour (sauf précision contraire, seulement sur le territoire national).

Motif de déplacement : Les déplacements sont accomplis pour un motif déterminé. Dans le microrecensement, les motifs suivants ont été distingués: travail, formation, achats/approvisionnement, activité professionnelle, voyage de service, loisirs, déplacements pour rendre service, déplacement pour accompagner, retour à la maison ou hébergement à l’extérieur (variable auxiliaire). Les motifs de déplacement pour les loisirs ont fait l’objet d’une différenciation plus détaillée.

Intervalle de confiance : Mesure de la précision statistique d’une valeur estimée sur la base d’un échantillon. Exemple: la distance journalière parcourue par les actifs est de 47,8 km en moyenne sur l’ensemble des personnes interrogées. L’intervalle de confiance à 90% est de +/-1,0 km. Cette valeur signifie que la moyenne réelle (si tous les actifs occupés étaient interrogés et non pas seulement un échantillon) est comprise entre 46,8 km et 48,8km (47,8km +/-1 km) avec une probabilité de 90%.

Engagements à l'échelle nationale

Stratégie du Conseil fédéral pour le développement durable 2012-2015. Défi clé 3 : « Assurer un développement territorial durable ».

Comparabilité

L'indicateur est international. Il est calculé par Eurostat pour quinze pays de l'Union européenne. Il figure également (distance travelled per capita by mode of transport) dans la série d'indicateurs de la Commission du développement durable des Nations Unies.

Cet indicateur (Répartition modale du transport de personnes) figure dans le système d'indicateurs de développement durable MONET (Répartition modale du transport des personnes).

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