19.2. Émissions de CO2
Thème: Air et climat
Signification de l'indicateur
Le développement durable veut que le principe de précaution soit appliqué pour prévenir les dommages graves ou irréversibles causés à l'environnement, même en l'absence de certitude scientifique absolue (principe 18c). L'effet de serre est un phénomène naturel en soi, mais dont l'équilibre fragile est dérangé par les gaz à effet de serre produits par l'homme, notamment par le biais de la combustion de carburants et de combustibles fossiles.
Les impacts provenant de la déforestation, de certains processus industriels, de l'agriculture et de la valorisation des déchets ne sont pas pris en compte, et ce, dans un souci de simplification de l'indicateur et de difficultés d’acquisition des données. Il faut aussi préciser que les émissions énergétiques de CO2 (liées au processus de combustion) constituent près de 80% des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. La loi suisse sur le CO2 ne traite d’ailleurs que des émissions de CO2 de ce type.
Cet indicateur présente les émissions annuelles de CO2 dues à la consommation d’énergie par les installations fixes et les véhicules.
Principes en rapport avec cet indicateur: 12a. Production compatible avec l'environnement, 12b. Consommation sociale et compatible avec l'environnement, 17a. Limitation des déchets biodégradables et des polluants, 18c. Précaution en cas d'incertitude, 19. Respect de la durée des processus naturels.
Type d'indicateur: (D) input-output.
Commentaire
Commentaire statistique
Tendance: pas de modification notable.
La référence étant le niveau d’émissions de 1990, en 2015 la production de CO2 atteint 92% par rapport à l’année de référence, soit une baisse de 8%. La plus faible valeur a été atteinte en 2014 avec une diminution de 8,8% par rapport à 1990 et de 11,3% par rapport à 2000. L’évolution des émissions de CO2 est très dépendante de la rigueur hivernale, eu égard à la part encore très élevée des énergies fossiles pour les besoins de chauffage. Ainsi en 2014, la baisse des émissions de CO2 a été plus marquée que les années précédentes en raison d’un hiver doux. En 2015, un hiver plus rigoureux a logiquement conduit à une légère hausse de ces émissions.
Malgré la tendance positive des mesures visant l’amélioration de l’efficacité énergétique, certains facteurs ont contribué à l’augmentation des émissions de CO2, comme la consommation à la hausse (chauffage et mobilité individuelle) due à la croissance démographique (+1.6%) (StatVD).
Commentaire développement durable
Evaluation: négative (contraire à la durabilité).
L'évolution globale de l'indicateur est considérée comme négative pour le développement durable. En effet, si les émissions dues au chauffage (combustibles mazout et gaz) ont diminué depuis 1990, celles dues aux à la mobilité (carburants) ont augmenté.
Grâce aux progrès technologiques accomplis dans l'industrie automobile, le volume de CO2 par kilomètre parcouru (personne-kilomètre) en véhicule par personne ne cesse de diminuer depuis 1993 en Suisse. Cependant, si l'on prend la période entre 1990 et 2000 à titre d'exemple, la réduction de l'intensité des émissions de CO2 n'a pas compensé la croissance des distances de transport (+15 %). Durant cette décennie, les émissions de CO2 du trafic motorisé individuel ont augmenté de 5 %. Or la loi sur le CO2 exige que la moyenne des émissions de CO2 dues à l'utilisation énergétique des carburants fossiles des années 2008 à 2012 diminue de 8% par rapport à celle de 1990.
Les répercussions de la politique énergétique et de son application par les services cantonaux ne sauraient être analysées à l'aide de ce seul indicateur: de fait, il faut aussi prendre en compte la situation de départ et les enchaînements d'effets plausibles, l'évolution économique et la disponibilité des ressources.
Méthodologie
Cet indicateur présente les émissions de CO2 dues à la consommation d’énergie par les installations fixes et les véhicules. Il s'agit d'une estimation de la production de CO2, par agent énergétique, en t/an.
Calcul
L’indicateur est issu des conversions suivantes :
combustibles pétroliers: | consommation d’énergie [TJ] x 73,7(*) |
carburants: | consommation d’énergie [TJ] x 73,7 |
gaz: | consommation d’énergie [TJ] x 55 |
charbon: | consommation d’énergie [TJ] x 94 |
(*): La consommation d'un térajoule produits 73.7 tonnes de CO2.
Combustibles pétroliers = huile extra-légère + huile moyenne + lourde + coke de pétrole + autres.
Carburants = essence + carburants d’aviation + carburant diesel.
NB: Les valeurs se réfèrent aux émissions brutes sans déduction des prestations de puits de carbone.
Engagements à l'échelle nationale
Les effets du changement climatique provoqué par l’effet de serre font partie des thèmes principaux du domaine des problèmes environnementaux mondiaux. Ils font l’objet de négociations et d’accords internationaux détaillés (Convention de l’ONU sur le climat et Protocole de Kyoto). En signant le Protocole de Kyoto, la Suisse s’est engagée à abaisser, dans la période allant de 2008 à 2012, ses émissions de gaz à effet de serre de 8% par rapport à leur niveau de 1990. Ce n’est que par des efforts adéquats à tous les niveaux et dans tous les domaines que cet objectif pourra être atteint.
Le programme SuisseEnergie et les instruments de la loi sur l'énergie et de celle sur le CO2 constituent les bases du développement de la politique énergétique et climatique actuelle en faveur d'un approvisionnement énergétique à long terme et respectueux du climat.
Limites de l'indicateur
A moyen terme, il serait souhaitable d’effectuer des relevés de toutes les émissions de gaz à effet de serre. En effet, la contribution des différents gaz à l'effet de serre est très variable et dépend de leur quantité émise et de leur potentiel de réchauffement. En Suisse, le CO2 est de loin le principal gaz à effet de serre, avec une part de plus de 80%. Les émissions de gaz à effet de serre par habitant en Suisse sont inférieures à la moyenne des pays industrialisés, mais supérieures à la moyenne mondiale.
Glossaire
Puits de carbone: désigne le processus qui extrait les gaz à effet de serre de l'atmosphère, soit en les détruisant par des procédés chimiques, soit en les stockant sous une autre forme. Ainsi, le dioxyde de carbone est en partie stocké dans l'eau des océans, les végétaux et les sous-sols. Les forêts et les océans absorbent environ la moitié des émissions de carbone d'origine anthropique.
Comparabilité
Cet indicateur est référencé sur le plan international.
Un indicateur proche mais non comparable d'un point de vue méthodologique à cet indicateur (Émissions de CO2) figure dans le système d'indicateurs de développement durable MONET (Émissions de gaz à effet de serre).
Références
OFEV – Inventaire des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Disponible sur le site Internet de l'OFEV. Voir la rubrique: Index thématique > Climat & CO2 > Émission de gaz à effet de serre > Inventaire des gaz à effet de serre.
European Environment Agency (EEA) – Environmental Indicators of the European Environment Agency. Disponible sur le site Internet de laEEA.
United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) – Greenhouse Gas Inventory Database. Disponible sur le site Internet duUNFCCC.