Autres grands projets d'aménagement

La Grande Eau (Glissement de la Frasse)

Zone du glissement de la Frasse
Zone du glissement de la Frasse

Le glissement de la Frasse est situé entre les villages du Sepey et de Leysin (pdf, 397 Ko). Il s’agit d’un glissement de terrain très actif, constitué d’une énorme masse instable, d'un volume estimé à 40 millions de mètres cubes et qui s’étend sur une longueur de 2000 mètres, entre le lieu-dit "Les Rouvenes" et la Grande Eau. Sa largeur varie de 500 à 1000 mètres. Le glissement de la Frasse est considéré comme l’un des plus importants glissements de toutes les Alpes.

Les matériaux (Flysch décomposé) qui constituent le glissement sont instables. Les terrains composés essentiellement de grès et de limons argileux sont propices aux phénomènes d'instabilité, favorisés par la forte pente du vallon creusé par la Grande Eau, elle même façonnée par les glaciers. Le glissement est encore facilité par la présence d'eau souterraine interstitielle qui règle le déclenchement des phases aigües d'accélération.

Le quart inférieur (voir carte (pdf, 1.60 Mo), zone + et ++) glisse parfois à très grande vitesse. Dans la zone ++ on a enregistré des vitesses pouvant atteindre 1 centrimètre par jour (soit plus de 3,5 mètres par an) durant l’hiver '93-'94. En moyenne, le glissement se déplace de quelques dizaines de centimètres par an. Il suffit de voir les creux (pdf, 138 Ko) qui se créent sur la route cantonale n° 705 (Aigle – Le Sépey), pour se rendre compte de l'ampleur des mouvements.

La préocupation principale est bien sur le risque de voir emporter les infrastructures et les bâtiments construits sur le glissement. En cas d'accélération brutale et rapide, la RC 705 (4'000-7'000 véhicules par jour pourrait être interrompue pour une longue période. En outre le glissement pourrait obstruer la Grande Eau, en formant un barrage (embâcle) de matériaux meubles entassés au fond de la vallée, derrière lequel une poche d'eau pourrait se former. En cas de rupture de cette digue fragile (débâcle), l'eau se mêlerait aux matériaux et pourrait provoquer des inondations jusqu'à Aigle.

Les spécialistes ont conclu qu’un drainage des eaux souterraines interstitielles ralentirait le glissement de manière satisfaisante. Le projet consiste donc à creuser une galerie horizontale de 725 mètres, légèrement inclinée, sous le glissement, puis d'atteindre la masse instable par des drainages verticaux, réalisés depuis la galerie, de manière à évacuer gravitairement les eaux souterraines. Un renforcement du lit et des berges de la Grande Eau par des enrochements, pour bloquer l'érosion du pied de glissement en rive droite, viendra compléter ces travaux.

Au milieu du 19ème siècle, à l'occasion de la construction de la route menant au Sépey, les constructeurs de l'époque ont mis en évidence pour la première fois l'instabilité du terrain. Depuis plus de 150 ans maintenant, le glissement déteriore les infrastructures routières. Il à fait l'objet d'études depuis près d'un siècle. Au début des années 1990,  l'ancien Service des eaux, du sol et de l'assainissement (SESA) s'est approprié le problème et a engagé plusieurs études en vue de trouver une solution satisfaisante. En 2002, une étude multidisciplinaire s'est concrétisée dans le projet d’assainissement actuel. Les travaux ont débuté en 2007. Ils étaient devisés à 16 millions de francs et se sont achevés courant 2009.

L'Arbogne

L'Arbogne en crue à Corcelles-près-Payerne
L'Arbogne en crue à Corcelles-près-Payerne

La commune de Corcelles-près-Payerne subit régulièrement des inondations par les débordements de l'Arbogne.

Ce cours d'eau prend sa source dans le canton de Fribourg et coule sur environ 15 km en direction de la Broye pour s'y jeter, après avoir traversé le village de Corcelles-près-Payerne. En traversée du village, le lit de l'Arbogne présente une capacité de transit insuffisante. En cas de crue, la rivière menace la localité. Les dernières inondations remontent à 2001, 2006 et 2007.

Les cantons de Vaud et Fribourg ont préparé un projet de dérivation d'une partie des hautes eaux de l'Arbogne. Ce projet s'inscrit dans le contexte de la protection contre les dangers naturels. Le projet a été développé conjointement par les cantons de Vaud et Fribourg. Son coût est de 13 millions de francs. La somme est répartie entre les communes, les cantons et la Confédération. Les travaux se sont déroulés entre 2012 et 2015. Ce projet bénéficie du soutien de l'Etat de Vaud, des communes concernées ainsi que des intervenants exécutifs.

A l’amont de Corcelles-près-Payerne, un canal de dérivation d'une longueur de 6.2 km (jpg, 367 Ko) a été construit en rive gauche, emporte les débits de crue, contourne le village et se jette dans la Broye. Ce nouvel ouvrage permet à l'Arbogne de s'écouler comme avant. Il ne fait qu'absorber les débits qui excédent la capacité de transit à travers le village, en augmentant la capacité d'écoulement de 20 m3/s. En s'ajoutant aux 23 m3/s du lit naturel de l'Arbogne, il assurera une protection efficace contre les crues et protégera le village. La haute valeur piscicole du cours d'eau, largement reconnue, est ainsi préservée.

La plaine de la basse Broye, à forte vocation agricole, n'abrite que peu d'éléments naturels remarquables. Les biotopes humides, cours d'eau et cordons riverains constituent les dernières reliques semi-naturelles du réseau écologique régional. L'arborisation des anciens canaux de la plaine marque par ailleurs un territoire paysager relativement uniforme. Ces aspects naturels et paysagers sont pris en compte dans les mesures de compensation du projet de dérivation.

Le maintien et l'amélioration des fonctions écologiques (accueil et déplacements de la flore et de la faune) de ces canaux et des milieux annexes constituent une priorité écologique régionale. L'intégration des aspects biologiques du canal de dérivation doit permettre d'en faire un milieu attractif pour la faune et la flore tout en garantissant sa fonction technique prépondérante. Le méandrage du lit mineur dans le fossé engendrera une plus grande diversité d'habitats.

Le maintien de la structure paysagère est le second axe prioritaire. Ce sont en effet le long des canaux que se sont maintenus les arbres majeurs qui ponctuent le territoire concerné. Leur rôle dans la perception visuelle du paysage doit être maintenue, voire renforcée par une arborisation adéquate.

Liens et documents utiles :

La Broye

La Broye à Trey
La Broye à Trey

En 2010, la Confédération à démarré un ambitieux programme de renaturation des cours d'eau suisses. Les cantons de Vaud et Fribourg ont lancé un important projet commun de renaturation de la Broye entre Moudon et le Lac de Morat dans ce cadre. Un diagnostic préalable de l'état global du cours d'eau est indispensable avant de lancer les travaux. Une étude a été réalisée par un consortium de bureaux spécialisés. Elle a été mandatée par le canton de Vaud (SESA) et le canton de Fribourg (SLCE).

L'embouchure de la Broye

L'embouchure de la Broye
L'embouchure de la Broye

Travaux

Les travaux de renaturation menés à l’embouchure de la Broye dans le lac de Morat, les plus importants de ce type jamais menés sur le territoire cantonal, ont permis de redessiner entièrement le secteur et de le transformer en un vaste delta naturel s’étendant sur plus de 11 hectares. Des mesures d’accueil du public ont complété cette réalisation favorisant le développement d’une faune et d’une flore diversifiées.

Lancés en octobre 2017 par l'Entreprise de correction fluviale de l'embouchure de la Broye, les travaux de renaturation entrepris à l’embouchure de la Broye constituent, de par leur ampleur, une première sur le territoire cantonal. Portant sur un tronçon de 350 mètres du cours d’eau et sur une portion de 450 mètres des rives du lac, l’intervention a entièrement redessiné le secteur, le transformant en un vaste delta et en permettant à la rivière de retrouver son tracé d’avant les corrections de 1930. Elle a permis de créer une zone alluviale sur plus de 11 hectares, qui sera à nouveau soumise à des dynamiques naturelles.

Les travaux entrepris vont contribuer au développement d’une mosaïque de milieux en constante évolution, au gré des courants du lac et du débit de la rivière. Ces milieux favoriseront l’installation d’une flore et d’une faune diversifiées dans un site inscrit à l’inventaire fédéral des zones alluviales d’importance nationale et faisant partie intégrante d’une réserve d’oiseaux d’eau et migrateurs d’importance nationale et internationale. Pour que la population profite également de ces aménagements, une butte d’observation a été créée en rive droite tandis qu’un sentier, agrémenté de panneaux d’information, et une plate-forme d’observation ont été construits en rive gauche au cours du second semestre 2018.

Cette réalisation renforcera le réseau écologique cantonal. Elle permettra par ailleurs de tirer des enseignements précieux en vue de la future renaturation du delta du Rhône, prévu dans le cadre de la 3e correction du Rhône. Le coût de ces travaux s'est élevé à 4,3 millions de francs. Il a été pris en charge à 80% par la Confédération, 15% par l’Etat de Vaud et 5% par la commune de Vully-les-Lacs.

La Thièle

Travaux de renaturation de la Thièle

Contexte

Ce projet s’inscrit dans la perspective d'un aménagement global de la plaine de l’Orbe en accord avec le projet GESORBE (Gestion intégrée de la Plaine de l’Orbe), qui vise non seulement à garantir la sécurité eu égard aux risques hydrauliques, mais aussi à augmenter la valeur du milieu naturel tout en permettant le développement socio-économique de la région.
Les objectifs retenus pour le périmètre d'étude ainsi que les mesures pour les satisfaire ont par conséquent été définis de sorte qu'ils soient compatibles avec une future extension du réaménagement à une grande partie de la plaine.
En effet, ce projet représente une 1ère étape du réaménagement de la Thielle qui permet de protéger les secteurs les plus vulnérables. Il devra être complété par une 2ème étape jusqu’à  la confluence avec le Talent. D’autres aménagements nécessiteront également d’être mis en œuvre sur d’autres cours d’eau et canaux pour protéger l’ensemble de la plaine de l’Orbe et ainsi éviter que des débordements en amont puissent atteindre l’aérodrome et l’entrée dans Yverdon-les-Bains.

La Thièle en crue
La Thièle en crue. Source : Biol Conseils / 23.01.2018

La Thièle prend son nom à la confluence de l’Orbe et du Talent à l’aval de la ville d’Orbe. La Thièle évacue les eaux de ces deux bassins versants à travers la plaine de l’Orbe jusqu’au Lac de Neuchâtel. Sur son parcours, la Thièle reçoit encore quelques eaux de drainage, ainsi que les débits provenant du déversement du Mujon et du Canal Occidental au travers du point X. La Thièle est entièrement endiguée jusqu’à son entrée dans la ville d’Yverdon-les-Bains ; le niveau de son lit n’est que très peu inférieur au niveau de la plaine. En crue, le niveau de l’eau est situé entre 2 et 3 mètres au-dessus de la plaine.
La capacité de la Thièle est insuffisante déjà pour des évènements trentennaux et des débordements peuvent se produire par-dessus les digues. Comme le secteur d’étude est situé sur un territoire d’intérêt biologique supérieur, des mesures environnementales doivent faire partie intégrante du projet.
Le projet vise ainsi deux objectifs :

  • Un objectif de protection pour la crue centennale sur la totalité du linéaire de la Thièle depuis la limite communale d’Yverdon-les-Bains jusqu’au pont Curtil-Maillet.
  • Un objectif de développement écologique.

Selon le réseau écologique cantonal (REC-VD), une partie du périmètre est située sur un territoire d’intérêt biologique supérieur (TIBS), c’est-à-dire sur des surfaces dont la valeur biologique est supérieure à la moyenne et qui vont constituer soit des zones-tampon autour des territoires d’intérêt biologique prioritaire (TIBP), soit des zones-relais ou des voies de transit privilégiées. Ces surfaces permettent d’assurer la connexion entre les maillons principaux du réseau écologique de la plaine de l’Orbe. La zone est également proche d’une liaison biologique terrestre d’importance suprarégionale, ainsi que d’une liaison biologique amphibie d’importance régionale.

Projet

Le projet de réaménagement de la Thièle se décline en 5 points :

  • Rehaussement et étanchement linéaire des berges en rive droite de la Thièle de la limite communale d’Yverdon-les-Bains au Pont Curtil-Maillet.
  • Elargissement du lit du cours d’eau avec déplacement de la digue en rive gauche (élargissement du lit majeur de 20 mètres) sur la parcelle n° 842, propriété de la Commune d’Yverdon-les-Bains avec étanchement linéaire de la digue.
  • Rehaussement de la route entre le Pont Rouge et le Pont Kiener en rive gauche avec étanchement linéaire de la digue.
  • Aménagements ponctuels entre le Pont Kiener et le Pont Curtil-Maillet.
  • Rehaussement et étanchement linéaire des deux berges du Canal du Déversoir.

Ce projet permet ainsi de combiner le respect des objectifs de protection fixés avec un élargissement du cours d'eau en rive gauche et une amélioration des conditions écologiques.
La longueur totale du projet est d’environ 3'000 mètres.

Rehaussement et étanchement des digues

Les digues constituent les seuls ouvrages de protection de la Thièle. Leur construction a débuté au début du 19ème siècle. Les digues ont été construites en utilisant les matériaux présents sur site, probablement sans exigences sur leur perméabilité et sans traitement des sols sous l’assise des digues. Ce mode opératoire implique une perméabilité variable de l'ouvrage avec pour conséquence potentielle, l'occurrence d'exfiltrations de la Thièle en cas de forte charge hydraulique (phénomène observé à de nombreuses reprises).
Pour respecter l’objectif de protection, toutes les digues sont rehaussées entre 50 à 100 centimètres. Les matériaux du corps de la digue possèdent une courbe granulométrique telle qu’une fois compactés, les matériaux permettent d’être imperméables.
Pour assurer un étanchement complet des digues, un rideau de palplanches est placé à l’axe des digues depuis le sommet et sur une profondeur variant entre 6 à 9 mètres.
Le niveau de la digue située en rive gauche de la Thièle se situe 40 centimètres plus bas que celle en rive droite pour favoriser les débordements en rive gauche (risque résiduel pour des crues supérieures à HQ100). De plus, 3 secteurs de débordement préférentiels sont prévus avec un niveau de digue 20 centimètres plus bas. Ces zones de déversements permettront d’éviter des ruptures de digues aléatoires le long de la Thièle en cas d’évènements extrêmes et protéger au mieux l’aérodrome et l’entrée en zone urbaine.

Elargissement du lit

Le lit de la Thièle est élargi en rive gauche d’un peu moins de 20 mètres sur une longueur d’environ 1'800 mètres depuis la limite communale.
La pente des berges le long de l’élargissement est abaissée par rapport à l’état actuel et le couronnement des digues est aménagé par un chemin herbeux de 2.5 mètres pour l’entretien.
L’élargissement du lit majeur permet d’abaisser la ligne d’eau et à un effet favorable bien en amont de l’élargissement. Cette mesure permet ainsi de diminuer la hauteur de rehaussement nécessaire en rive gauche et en rive droite.
La largeur du cours d’eau ainsi élargi (mesurée au sommet intérieur des digues) sera de
58 m (contre 40 mètres actuellement). En intégrant les digues (pied extérieur des digues), la largeur de l’espace réservé aux eaux sera de 74 mètres. L’espace entre les pieds de digue est variable mais toujours supérieur à l’espace minimum (42 mètres) requis selon la législation.

Aménagements du lit et des berges

A l’intérieur des digues, le lit est réaménagé avec un reprofilage initial du lit mineur. Le lit est mobile, c’est-à-dire, sans protection du lit. Seules des protections enterrées en pied de digues permettent de fixer l’évolution ultime du lit. L’espace de mobilité ainsi créé est de 38 mètres.

Les aménagements sont répartis en mesures touchant le cours d’eau, ainsi que ses berges, principalement au droit du secteur 2 en raison de l’espace à disposition lié à l’élargissement :

  • Remodelage du lit mineur pour diversifier les écoulements avec la création de hauts fonds, de mouilles et de caches.
  • Aménagement de gouilles surélevées par rapport au lit mineur et inondées plusieurs fois par années.
  • Végétalisation de l’ensemble des surfaces travaillées avec un ensemencement indigène adapté, plantation d’arbustes et d’arbres de haut-jet sur les berges.
  • Mise en place de murgiers et de souches sur les pentes de digue exposée au sud.
  • Aménagement ponctuel de zones de détente en sommet de digue avec escalier et chemin d’accès respectant les normes pour les personnes à mobilité réduite (pente de 5%).
Aspects fonciers

Les emprises nécessaires pour la réalisation du projet sont de l’ordre de 5 hectares dont 4 hectares situés en SDA (surface d’assolement) qui doivent en principe être compensées. Comme la Commune d’Yverdon-les-Bains ne dispose pas de réserve de terrains et que le projet revêt un intérêt cantonal, les emprises sont prises sur le quota cantonal.

Aspects agricoles

Bien que le projet consomme une surface agricole importante, le projet permet de réduire les risques d’inondation par exfiltration à travers les digues ce qui résulte une compensation qualitative des terres perdues par une amélioration des conditions de cultures. De plus, toute la terre excavée pour le chantier est répandue sur les parcelles voisines, permettant également d’augmenter la qualité agronomique de ces surfaces.

Toutes les mesures d’accompagnement agricole et environnemental sont décrites dans l’onglet (accompagnement agricole)

Coûts/bénéfices

L’analyse économique des mesures a été réalisée selon la méthode EconoMe de l’OFEV. Il s’agit d’établir le rapport "utilité-coût" déterminé par le rapport entre la diminution des dommages et le coût d’investissement des mesures. Ainsi, si ce rapport est supérieur à 1, le coût du projet est compensé par la réduction des risques de dommages aux biens et aux personnes en cas d’inondation et le projet est considéré comme économiquement rentable.

La diminution des dommages est évaluée par comparaison des dommages potentiels à l’état actuel et après mise en œuvre des mesures proposées (cf. cartes de dangers avant et après mesures).

La comparaison des cartes de dangers montre que l’aérodrome, l’entrée en zone urbaine et les surfaces agricoles bordant la Thielle passe d’un risque moyen, c’est-à-dire que des inondations sont actuellement susceptibles de se produire pour une crue trentennale, à un risque résiduel seulement en cas d’évènements extrêmes. Il faut rester attentif au fait que ces cartes de dangers ont été établies pour la Thielle uniquement sans prendre en compte les inondations des autres cours d’eau de la Plaine de l’Orbe (Mujon, Canal Oriental et Canal Occidental notamment). L’analyse ne tient également pas compte de possibles débordements à l’amont du périmètre de l’ECF qui pourrait atteindre les zones agricoles et l’aérodrome.

La diminution des dommages pour la Thielle est considérée comme totale malgré le risque résiduel qui subsiste.

Les coûts d’investissements sont définis par le coût des travaux, ainsi que par des coûts additionnels (coûts d’entretien, coûts des intérêts, valeur résiduelle des ouvrages, etc.).

Pour le présent projet, le rapport efficacité / coût est de 1.2. Ce projet est donc économiquement rentable puisque le rapport est supérieur à 1. De plus, ce rapport est potentiellement sous-évalué puisque le calcul ne tient pas compte des dégâts sur les surfaces agricoles.

La diminution des dommages potentiels est donc en réalité plutôt supérieure et par conséquent, pour un montant de travaux identique, le ratio utilité-coût également plus élevé.

Le Canal du Haut-Lac

Canal du Haut-Lac
Canal du Haut-Lac. Source : DGE-EAU / J. Varidel / mai 2018

Contexte

La basse plaine du Rhône, ou la région du Haut-Lac, désigne une même région en fonction de l’angle de vue qu’on lui porte. Cet espace situé à l’aval des Communes d’Yvorne et de Roche jusqu’aux rives Sud du lac Léman, secteur des Grangettes, est l’objet depuis de nombreuses années de préoccupations en matière de gestion des eaux. A l’origine zone de delta et de nombreux cours d’eau latéraux qui s’acheminaient vers le lac, cette région terminale de la plaine a fait l’objet d’une domestication progressive par les activités humaines et a perdu la majorité des cours d’eau du delta. Ces dernières décennies, de très nombreux enjeux sont apparus :

  • Gestion des crues des divers cours d’eau parcourant cette plaine.
  • Evacuation des eaux des espaces construits et de leurs extensions.
  • Manque d’exutoires pour les grandes infrastructures telles que la traversée routière de la plaine « H144 ».
  • Gestion des eaux portant sur l’évacuation des eaux de surface.
  • Evacuation des eaux et gestion des volumes d’évènements exceptionnels.
  • Drainages agricoles.

Les diverses interventions ponctuelles n’ont jamais permis d’apporter des solutions convenables à l’ensemble de ces problèmes. C’est dans ce contexte qu’une étude globale de la gestion des eaux de la région du Haut-Lac a été lancée.

L’étude a montré la nécessité de créer un nouveau canal depuis l’aval du village de Roche jusqu’au lac Léman en passant à travers la plaine sur les Communes de Rennaz et Noville.

De plus, le Canal du Haut-Lac intervient comme le pion manquant à une coordination locale de constitution de couloirs à faune et de valeur environnementale importante dans un milieu agricole extrêmement rationnalisé. En effet, la basse plaine du Rhône est une région d'importance naturelle et paysagère très élevée, avec de nombreux objets inscrits aux inventaires fédéraux et cantonaux, tant sur les coteaux que dans la plaine.

Projet

Le projet prévoit de recréer un canal qui existait auparavant par la mise à ciel ouvert de l’ancien Bey de Roche depuis le village de Roche jusqu’au lac Léman.
Ce canal représente un vecteur d’évacuation qui permet de gérer les inondations potentielles provoquées par les eaux de surface s’accumulant dans les bas-fonds de la basse plaine du Rhône et de libérer les zones construites de leurs déficits d’évacuation des eaux de surface (en particulier les villages de Roche et Noville).

La longueur totale du canal est d’un peu plus de 4 km
Géométrie du canal

La géométrie du canal est fortement conditionnée par le contexte agricole de la plaine. Cette situation se traduit par un canal relativement rectiligne mais suffisamment large pour permettre de créer un lit avec des sinuosités et des variations de la profondeur. Les berges, bien que fixée linéairement au sommet, sont travaillées par des mouvements lorsque la situation le permet.

La section hydraulique du canal du Haut-Lac augmente progressivement depuis la reprise des eaux pluviales de la commune de Roche jusqu’à l’embouchure dans le Léman, pour s’adapter aux débits à prendre en charge et aux conditions imposées par le terrain (pente, courbe de remous du lac, etc.). Dans la partie amont, la largeur au fond est de 2 mètres. En arrivant à Noville, cette dernière augmente à 6 mètres pour aboutir finalement à 10 mètres au droit des rejets des eaux pluviales de Noville. Ce supplément de largeur s’explique par le besoin d’éviter les refoulements dans les réseaux secondaires lors de hautes eaux dans le canal du Haut-Lac. Cette largeur de 10 mètres est conservée jusqu’au Léman. Le tracé est ponctué de plusieurs buses, permettant le passage sous des infrastructures de communication, rail, autoroute, route et chemins agricoles divers.

Le tracé est ponctué de plusieurs buses
Aménagements du lit et des berges

Les berges sont aménagées par différents types de plantation permettant de structurer le paysage tels que bosquets humides ou secs, arbres isolés, prairie extensives. D’autres aménagements sont également mis en place, il s’agit de perchoirs pour les rapaces et de murgiers.

Le lit est créé en lui donnant des sinuosités et, lorsque la largeur le permet, par des surprofondeur.

Dans la mesure du possible, les berges sont uniquement végétalisées sauf dans les endroits où les caractéristiques du sol ne le permettent pas, notamment en présence de limons fluents. Dans ce cas, les pieds de berges sont stabilisés par des blocs d’enrochement dont les interstices permettent le développement d’une végétation herbacée.

Aspects fonciers

L’enjeu principal du projet réside dans l’affectation du terrain par le tracé du canal qui coupe toute la plaine. En effet, le tracé du canal a nécessité une libération d’une emprise de 6 hectares environ. Dans la partie amont (secteur Roche et Rennaz), le foncier a été réglé via le Syndicat AF lié à la construction de la H144. Dans le secteur de Noville, c’est directement l’ECF du Haut-Lac qui a réalisé un remaniement parcellaire avec une trentaine de propriétaires par des conventions.

Ce remaniement a permis d’offrir aux propriétaires des parcelles plus facilement exploitable tant en termes géométriques que de tailles.

La totalité de l’emprise du canal a pu être acquise par échange de terrain avec des parcelles de l’Etat de Vaud.

Aspects agricoles

L’emprise du nouveau canal est située essentiellement en terrain agricole sur des SDA à raison de 6 hectares environ. Toutefois, seuls 2 hectares sont définitivement perdus, correspondant à l’emprise du lit du canal et des nouveaux chemins agricoles. La géométrie du canal permet de maximiser les possibilités de valoriser les berges et les surfaces intermédiaires (surfaces entre les berges et les chemins) comme SCE et SAU.

Toutes les mesures d’accompagnement agricole et environnemental sont décrites dans l’onglet (Accompagnement agricole).

Coûts/bénéfices

L’analyse économique des mesures a été réalisée selon la méthode EconoMe de l’OFEV. Il s’agit d’établir le rapport "utilité-coût" déterminé par le rapport entre la diminution des dommages et le coût d’investissement des mesures. Ainsi, si ce rapport est supérieur à 1, le coût du projet est compensé par la réduction des risques de dommages aux biens et aux personnes en cas d’inondation et le projet est considéré comme économiquement rentable.

La diminution des dommages est évaluée par comparaison des dommages potentiels à l’état actuel et après mise en œuvre des mesures proposées.

Les cartes de dangers avant/après travaux permettent de constater que les zones construites de Roche et de Noville sont fortement protégées par la réalisation du Canal du Haut-Lac, ce qui est du reste un de ses objectifs (évacuer les eaux de la basse plaine du Rhône des régions n’ayant plus d’exutoire). L’inondabilité est réduite mais demeure présente pour la partie agricole. Les volumes de stockage sont très importants grâce au stockage du canal lui-même.

Pour le présent projet, le rapport efficacité / coût est de 2.79. Ce projet est donc économiquement rentable puisque le rapport est nettement supérieur à 1.

La Grande Eau à Aigle

La Grande Eau à Aigle
La Grande Eau à Aigle
La ville d’Aigle menacée pour les crues de la Grande Eau

Depuis le début des années 2000, la région n’a pas été épargnée par les crues. En 2005, la Grande Eau est sortie de son lit et a ravagé le village des Diablerets. En 2007, le torrent d’Yvorne, affluent de la Grande Eau, a débordé en traversée du village d’Yvorne.

Suite à ces évènements, l’étude des dangers naturels a démontré que la ville d’Aigle était aussi menacée par les débordements de la Grande Eau dès des évènements fréquents. Il a été alors décidé d’étudier des mesures de protection au plus vite.

La Grande Eau, un cours d’eau corseté

La Grande Eau traverse la ville d’Aigle engoncée entre deux murs. La partie aval est endiguée et en partie suspendue au-dessus de la plaine du Rhône. Cette morphologie limite les interventions sur le cours d’eau pour lui donner plus d’espace.

Le projet divisé en deux phases de réalisation

La modernisation des ouvrages CFF pour les nouveaux trains a accéléré les travaux de corrections fluviales de la Grande Eau. Au vu des investissements et du délai de réalisation, l’ensemble des travaux a été divisé en deux phases.

La première phase a consisté à remplacer le pont CFF et gérer les bois et le charriage en amont de la ville d’Aigle. L’implantation du pont CFF et de la route cantonale a limité la variante d’augmentation du gabarit hydraulique par un élargissement de la Grande Eau sur une longueur d’environ 300 mètres en amont et d’environ 500 mètres en aval. Tout ce tronçon a également été approfondi d’environ 1 mètre avec une transition d’une centaine de mètres en aval pour retrouver le fond du lit existant. En amont, la transition a été réalisée avec une rampe en enrochement d’une trentaine de mètres.

Au Chemin de l’Ecluse en amont de la ville d’Aigle, les travaux ont consisté à la réalisation d’une herse en acier pour gérer les bois. Un élargissement et approfondissement complètent les travaux sur ce tronçon d’environ 250 mètres.

La deuxième phase consistera principalement à approfondir la Grande Eau en traversée de la ville d’Aigle entre les tronçons exécutés dans la phase 1 ainsi que l’approfondissement jusqu’au Grand Canal en aval. Ceci représentera deux tronçons d’environ 1'600 mètres et 1'200 mètres.

Coût et bénéfice pour la protection de la Ville d’Aigle

La phase 1, avec toutes les études hydrogéologique, hydraulique, de charriages et l’exécution des travaux, a coûté 5 millions de francs. La Phase 2 est devisée à environ 10 millions de francs. Tous ces travaux sont financés par le Canton, la Confédération et les communes d’Aigle et d’Yvorne.

Une fois ces deux phases réalisées, la ville d’Aigle sera complètement protégée des crues de la Grande Eau et les dommages potentiels, chiffrés à plus de 2 milliards, seront éliminés.

Phases du projet de la Grande Eau

L'embouchure de la Venoge

L'embouchure de la Venoge
L'embouchure de la Venoge

La renaturation de l'embouchure de la Venoge est un projet emblématique du plan de protection de la Venoge. Ce secteur possède un fort potentiel pour la biodiversité et fait actuellement l’objet d’une forte pression en tant que zone de détente et loisirs pour la population.

Le projet de revitalisation a pour enjeux principaux de redonner une dynamique naturelle à la zone de l’embouchure tout en prévoyant un linéaire adéquat de chemins pour les piétons et notamment une nouvelle passerelle pour le franchissement de la Venoge.

La Direction générale de l’environnement a lancé le 26 janvier 2024 un appel d’offre pour trouver un groupement d’étude composé de spécialistes en aménagement de cours d’eau, en hydraulique, en environnement, en biologie appliquée et en architecture du paysage.

Ce pôle de mandataires aura la mission d’établir des variantes de renaturation, un avant-projet et de monter le dossier d’enquête publique. L’avancement du projet dépendra également fortement de l'avancement de la procédure de création du port au Sud des terrains de sport du Laviau, ou de toute autre solution trouvée pour le déplacement des bateaux actuellement amarrés sur les rives de la Venoge. Le projet de renaturation sera établi en collaboration étroite avec les communes territoriales de Saint-Sulpice et de Préverenges.

Programme estimatif :

Ouverture des offres : Mars 2024
Démarrage de l’étude : Mai 2024
Etude de variantes : Novembre 2024
Mise à l’enquête : 2025

Ce projet sera suivi dans le cadre de la commission consultative Venoge, présidé par le Chef du Département de la jeunesse, de l'environnement et de la sécurité avec notamment les communes concernées, les associations de défense de l’environnement et les différents services de l’Etat.

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